La pression sur les stocks de vaccins est telle que l’Agence régionale de santé a demandé expressément aux centres de vaccination de Bourgogne-Franche-Comté de ne plus prendre de rendez-vous pour une première injection.
Erreur de communication ou accès de franchise ?
Depuis lundi, la polémique enfle autour d'un courriel de l'Agence régionale de santé demandant aux centres de vaccination de "ne plus prendre de rendez-vous D1", c'est-à-dire pour des premières injections. "Tous les rendez-vous D1 qui restent disponibles à cette heure doivent être fermés", précise l'ARS-BFC, qui préconise aussi que "toutes les possibilités de vaccination sans rendez-vous doivent être définitivement fermées".
Ces directives ont été relayées par les parlementaires d'opposition, la députée LR du Doubs Annie Genevard et le sénateur apparenté PS de Paris Bernard Jomier.
Les ARS demandent de suspendre les premières injections de vaccin, faute de doses suffisantes.
— Annie Genevard (@AnnieGenevard) July 20, 2021
Comment dans ce contexte imposer si vite le passe sanitaire alors que les Français ne peuvent pas se faire vacciner?
C’est incohérent. pic.twitter.com/UFTnIp3ypW
(Nouveau tweet avec la date du document)La mise en oeuvre d’un pass sanitaire étendu à brève échéance alors que des ARS sont contraintes de freiner la campagne vaccinale est injuste et inapplicable. L’Etat commet une faute lourde. Reprenez-vous, @EmmanuelMacron @JeanCASTEX . pic.twitter.com/Gs3obyhm5K
— Bernard Jomier (@BernardJomier) July 20, 2021
Oui, nous aurons des doses
Ce mercredi 21 juillet au Sénat, l'élu LR de Haute-Saône Olivier Rietmann a interpellé le Premier ministre Jean Castex sur la disponibilité des vaccins: "Loin de moi la volonté d'agiter les peurs, mais je m'interroge, comme des millliers de Français: pourquoi annoncer le lundi 12 juillet l'application dans des délais très brefs, du passe sanitaire avec un parcours vaccinal complet, alors que les ARS communiquent il y a à peine 48h, sur le fait que nous ne sommes manifestement pas en capacité de vacciner nos concitoyens ?"
Approvisionnement en vaccins : "Le compte n'y est pas pour atteindre votre objectif de 50 millions de vaccinés d'ici la fin de l'été si les doses manquent", alerte Olivier Rietmann (@lesRep_Senat) #QAG pic.twitter.com/bmb43iROJv
— Public Sénat (@publicsenat) July 21, 2021
Jean Castex répond quelques minutes plus tard au sénateur LR de Haute-Saône. Il évoque une "erreur de communication de l'Agence régionale de santé", désormais "corrigée". "Oui, nous aurons des doses", scande le chef du gouvernement devant les sénateurs.
Projet de loi sur l'obligation vaccinale des soignants et l'extension du passe sanitaire : "Oui, nous aurons des doses", veut rassurer @JeanCastex, qui espère que le Parlement "parviendra à un texte satisfaisant" #QAG pic.twitter.com/hgn2Re6PdF
— Public Sénat (@publicsenat) July 21, 2021
Dès mardi, l'ARS de Bourgogne-Franche-Comté indiquait à la presse qu'elle renouait "avec une gestion à flux tendu des stocks de vaccin". "Il n’y aura pas d’interruption des primo-injections dans les centres de vaccination du Doubs", complétait, rassurant, le préfet du Doubs Jean-François Colombet.
"Pendant plusieurs semaines, les doses reçues n'étaient pas entièrement utilisées. Maintenant, nous allons utiliser chaque dose, et en plus nous allons résorber le stock accumulé, nous précise ce mercredi Pierre Pribile, le directeur de l'Agence régionale de santé. Il faut donc que chaque centre à nouveau fonctionne à flux tendus sur la base d'un quota de doses qui lui sera alloué chaque semaine."
Des doses pour tout le monde, vraiment ?
Au-delà de la communication de crise, et des 100.000 doses de vaccins promis par semaine en BFC, quelle est la réalité ? Ce jeudi 22 juillet matin, il était impossible de prendre un rendez-vous pour une première injection sur le site Doctolib, dans six des huit départements de Bourgogne-Franche-Comté.
Au centre de vaccination de Micropolis à Besançon, le commandant des sapeurs-pompiers Reynald Ballin, responsable du centre, confirme que le nombre hebdomadaire de vaccins alloués, 12.000 à 13.000 en ce moment, tombera à 8.000 la semaine prochaine: "On a une petite baisse de 30 à 35%". Petite, mais conséquente...
Je rigole quand j'entends Jean Castex promettre l'ouverture de nouveaux créneaux de vaccination. Nous, on ne pourra tenir que jusqu'au 3 août. On a dû annuler une soixantaine de vaccinations.
Par ailleurs, la tension sur les stocks ne concerne pas que le vaccin Pfizer. Dans le Haut-Doubs, une pharmacie vient d'apprendre qu'elle n'aurait pas les doses de Moderna promises. Résultat: une soixantaine de rendez-vous annulés.
Jean Castex a fixé l'objectif de 50 millions de primo-vaccinés à la fin du mois d'août. On est actuellement à 38,5 millions.
Pour tenir l'objectif, l'intendance devra suivre. Vaille que vaille...
Objectif : 50 millions de Français vaccinés à la fin du mois d'août.
— Jean Castex (@JeanCASTEX) July 21, 2021
➜ https://t.co/sGpUtk5csy
Mise à jour: plusieurs créneaux pour des premières injections ont été ouverts en différents centres de la région dans le courant de la journée du 22 juillet.