Elèves, parents et enseignants exprimaient leur indignation ce jeudi 3 février dans plusieurs établissements de Côte-d'Or et de l'Yonne. Tandis que des classes ferment, les effectifs augmentent et les moyens diminuent.
Tour à tour, ils se sont allongés par terre à la récré. Ce jeudi 3 février, les élèves du lycée Montchapet à Dijon se sont joints à la mobilisation du corps enseignant.
Derrière ce symbole, les pancartes reflètent l'état d'esprit : "Montchapet en souffrance", "en colère".
À la rentrée 2022, une classe de première et une de terminale seront supprimées. "On nous enlève les moyens de deux classes alors qu’on a les mêmes effectifs et ça, ça nous révolte", tonne Jehan-Philippe Contesse, professeur d'histoire-géographie.
Des classes surchargées
Depuis 7 ans, la dotation horaire du lycée diminue un peu plus chaque année. Des moyens amoindris qui conduisent à une surcharge des effectifs dans les classes.
Dans celle de Maxence Languet par exemple, ils sont déjà 32 élèves. Alors lui aussi se mobilise.
"Les conditions de travail se sont détériorées et dans le supérieur après ça va être compliqué, déjà qu’on a des années marquées par la crise sanitaire", s'inquiète ce responsable des élèves au conseil d'administration.
Notre frustration c’est de ne pas pouvoir aider les jeunes suffisamment parce qu’on a trop d’élèves.
Jehan-Philippe ContesseProfesseur d'histoire-géographie
Une ouverture de classe peut-être déclenchée lorsqu'un groupe atteint 36 élèves, selon Jehan-Philippe Contesse.
"Quand on enseigne à 25 ou à 35 élèves, ce n'est pas la même chose. À l’heure où l'on dit qu’on va mettre des moyens dans l’éducation parce que c’est l’avenir du pays, il faut mettre un budget en conséquence", se désole le professeur.
Serrés comme des sardines
Les professeurs du collège Camus à Auxerre (Yonne) se sont eux, retrouvés sur la pause de midi pour une opération "sardines". Dans cet établissement aussi les classes sont saturées.
Elles comptent jusqu'à 29 élèves et pourraient encore augmenter à l'automne. Après la fermeture de deux classes l'an dernier, une autre classe de sixième pourrait être supprimée.
Célia Garcin, professeur de lettres modernes, a fait ses calculs : cela induit forcément une diminution du temps de parole.
"Si on a 30 élèves dans une salle sur 55 minutes de cours, ça fait à peu près 2 minutes de prise de parole pour chaque élève, développe-t-elle. Moins on a des élèves, plus ils peuvent interagir, poser des questions. Et on sait que la participation en cours améliore la qualité des apprentissages."
On a des difficultés scolaires importantes.
Arnaud PrisotProfesseur d'EPS
D'autant que les effectifs du collège ont augmenté avec l'arrivée des élèves de l'ancien collège auxerrois Bienvenu-Martin. Classé en réseau d'éducation prioritaire (REP), il a fermé en novembre 2019.
"On a des difficultés scolaires importantes. Et finalement, voilà : 30 élèves par classe. Comment on fait ?" s'inquiète Arnaud Prisot, professeur d’EPS et co-secrétaire départementale du SNEP-FSU.
Quelques parents d'élèves ont également rejoint cette opération "sardines", en soutien. Estelle Gautier a un fils en cinquième. Elle redoute des emplois du temps plus complexes, un manque de disponibilité des enseignants et des salles plus bruyantes, venant perturber le parcours scolaire des enfants.
"Beaucoup d'enfants sont inquiets de leurs avenirs par rapport aux lacunes scolaires que ça peut créer et tout ça, ça peut augmenter de l’anxiété des élèves", considère la maman.
La Grande Section avec les élèves du primaire
Les parents protestaient aussi à Corcelles-lès-Cîteaux en Côte-d'Or pour demander le maintien de leurs classes d'écoles maternelle et élémentaire.
"Aujourd'hui nous avons deux classes en maternelle. La nouvelle carte prévoit d'en supprimer une, pour regrouper les petites, moyennes et grandes sections", explique Arnaud Boledovic, parent d'élève élu. Une première décision à laquelle les manifestants s'opposent ce 3 février.
"Le problème c'est que les maternelles dépasseraient le plafond de 24, et donc il est prévu de diviser les élèves de grande section pour laisser certains en maternelle et mettre les autres en CP", développe Arnaud Boledovic. "La classe de CP étant ainsi surchargée de cinq élèves, les CP seraient aussi divisés, certains allant en CE1-CE2."
Une aberration pour les parents qui rappellent les différences de rythmes et de besoins entre les enfants de la maternelle et de l'élémentaire.
Dans la cour de l'école pendant plus d'une heure, ils espéraient s'entretenir avec l'inspection académique. Les parents ont demandé à être reçus par la rectrice académique et attendent désormais un retour.