Le choix de François Hollande de conserver dans son projet de révision constitutionnelle la déchéance de nationalité crée un profond malaise à gauche.
Démissionnaire du gouvernement en août 2014, Arnaud Montebourg, ancien député de la Bresse, s’est exprimé sur Twitter pour dire tout le mal qu’il pense de la déchéance de nationalité voulue par François Hollande pour les binationaux condamnés pour des actes de terrorisme.
La déchéance de nationalité est contraire aux fondements de la Republique et n'a aucune efficacité contre le terrorisme. Pourquoi alors?
— Arnaud Montebourg (@montebourg) 23 Décembre 2015
Thomas Thévenoud, député de Saône-et-Loire, a lui aussi choisi Twitter pour s’exprimer :
Tous Français jusqu'à quand? #déchéancedenationalité https://t.co/V1jDugapb4
— Thomas Thévenoud (@tthevenoud) 23 Décembre 2015
Une partie de la gauche atterrée
Ce jeudi 24 décembre, c'est tout un pan de la gauche qui fait part de son sentiment de trahison, alors que les doutes de l'exécutif avaient installé l'idée que le chef de l'Etat et son Premier ministre Manuel Valls abandonneraient l'idée de pouvoir déchoir de leur nationalité française les binationaux condamnés pour des actes de terrorisme. Une mesure surtout préconisée à droite et au FN.
Certains, comme le député PS "frondeur" Pascal Cherki, ont d'ores et déjà annoncé leur intention de voter contre. Même intention chez l'ex-ministre EELV Cécile Duflot, selon qui "à force de vouloir couper l'herbe sous le pied du FN, on risque d'appliquer son programme". "Voter contre s'impose. J'appelle toutes les consciences républicaines à se réveiller et à refuser cette pente glissante. Il faut savoir poser des bornes infranchissables",
déclare-t-elle dans Libération.
La majorité des 3/5 au Congrés est nécessaire
François Hollande réussira-t-il son pari de réunir une majorité des trois cinquièmes au Congrès (577 députés et 348 sénateurs réunis à Versailles), en gagnant l'appui de la droite quitte à perdre des voix dans son camp?
Daniel Cohn-Bendit ne le souhaite pas et dénonce "une erreur morale, une faute terrible".
Tant Les Républicains que l'UDI se retrouvent désormais face au dilemme de devoir voter pour le texte (ou au moins s'abstenir), ce qui est nécessaire pour atteindre les 3/5e au Congrès. Vers un oui pour certains comme M. Guaino ou Benoist Apparu, non pour Patrick Devedjian. Le silence radio était de mise chez les ténors: de Nicolas Sarkozy à Alain Juppé en passant par François Fillon, aucun n'avait encore réagi jeudi. Quant au FN, qui estime avoir remporté "une bataille idéologique" sur la déchéance, ses quatre députés et sénateurs devraient voter pour.