Du 30 juin au 22 juillet prochains, l’association Donnons des Elles au Vélo J-1 entame une nouvelle édition. Neuf ambassadrices nationales parcourront, un jour avant, les mêmes étapes que le Tour de France masculin. Accompagnées de 70 volontaires, leur objectif est simple : promouvoir le cyclisme féminin.
Partir en devancières de Thibault Pinot. Un projet ambitieux porté par l’association nationale Donnons des Elles au Vélo J-1. Depuis 2022, neuf ambassadrices nationales réalisent les mêmes étapes, sans exceptions, que les plus grands coureurs du Tour de France. Parmi elles, aucune n'est une cycliste professionnelle. Chaque jour, elles pourront compter sur le soutien de 70 volontaires, 35 femmes et 35 hommes, qui les accompagneront dans leur performance avec la possibilité de parcourir que la moitié de la distance. Pour cette 9e édition l’association lance une nouveauté : sur chaque étape, des ambassadrices locales sont désignées. Elles assurent le bon déroulement de l’épreuve et peuvent y participer à vélo.
Les ambassadrices nationales ont été sélectionnées selon leur niveau et leur vision du sport. Ingénieure, professeure des écoles ou maman, elles ont dû apprendre à se réorganiser. « Ça fait six mois que je fais des entraînements plus intensifs, une préparation physique, de la musculation et du yoga. Ça demande une réorganisation, » explique Estelle Fisher, ambassadrice nationale. Pour cette maman de trois enfants qui a déjà participé à deux reprises au J-1 en tant que volontaire locale, devenir ambassadrice nationale était un rêve : « J’avais des paillettes dans les yeux quand je les regardais. Je me suis dit qu’un jour, je serai à leur place et me voilà. »
Le 21 juillet prochain, le groupe débutera son avant-dernier jour de compétition en Franche-Comté. 142 km de montagne à parcourir de Belfort à Le Markstein Fellering, dans les Vosges. Le peloton partira à 8 h pour une arrivée prévue aux alentours de 17 h avec plusieurs animations organisées pour les accueillir : des ateliers de savoir-rouler à vélo, des associations… En moins de deux semaines, toutes les places de volontaires ont été réservées.
Au total, en trois semaines d’aventure, les coureuses parcourront plus de 3400 km avec 50 000 m de dénivelé cumulé. 21 étapes avec seulement 2 jours de repos, de quoi défendre les valeurs du sport féminin.
Des objectifs multiples
Avant le retour du Tour de France féminin l’année dernière, il n’existait plus aucune compétition de course cycliste par étapes pour les femmes en France. « Le retour du Tour de France féminin en 2022 a vraiment donné de la visibilité à notre sport, » assure Hélène Faure, ambassadrice locale de l’étape Belfrot-Markstein. « Le but de l’association est vraiment de créer un engouement autour du vélo féminin, de le promouvoir, d’inciter à créer des initiatives et surtout créer des modèles, des exemples. Le fait que les ambassadrices ne soient pas des professionnelles peut permettre à certaines femmes de se sentir capables d’y arriver aussi, à se sentir tout aussi légitimes, » continue l’ambassadrice.
Les collectivités ont tout de suite souhaité contribuer à la mise en place du projet. « Parce que la Région Bourgogne-Franche-Comté s’attache autant à soutenir le sport qu’à faire progresser l’égalité hommes femmes dans tous les secteurs, je suis très heureuse que notre Région accompagne, cette année encore, « Donnons des elles au vélo ». Un projet qui doit servir d’exemple pour toutes et tous, » leur a confié Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté. Ce sont en partie elles qui se chargent du financement de l’événement. Plusieurs partenaires s’occupent de l’organisation et de la sécurité de la manifestation. Quatre véhicules et motos permanents se chargent du transfert du peloton et des bénévoles locaux viennent chaque jour leur apporter du renfort.
L’atelier participatif Le maillon solidaire, basé à Belfort, a lui aussi souhaité ajouter sa pierre à l’édifice. Il propose un créneau spécial pour réviser gratuitement les vélos des coureurs et pendant l’étape Belfort-Markstein, il les suivra pour effectuer les potentielles réparations.
Un esprit d’équipe
L’association ne souhaite pas entendre parler de compétition, de course ou de classement. Ce ne sont pas du tout ses objectifs. « On cherche vraiment une ambiance détendue. Le but, c’est que les coureurs échangent entre eux, que le peloton s’attende en haut des cols et en bas des descentes, » explique Hélène.
Donnons des Elles au Vélo J-1 c’est surtout l’occasion de rencontrer des passionnés. Les ambassadrices nationales viennent des quatre coins de la France et se sont rencontrées seulement l’espace d’un week-end pour apprendre à se connaître. Pour les participants ponctuels, aucun entraînement collectif n’est imposé. Du côté de l’étape Belfort-Markstein, les deux ambassadrices locales, Hélène Faure et Céline Kluska, aidées par Estelle, ont organisé plusieurs sorties vélos ouvertes à tous. Certains des participants à l’étape étaient de la partie, mais pour les autres, ils se découvriront le jour J.
Ouvrir le projet au grand public
Ouvrir la course au public était un moyen de le sensibiliser un peu plus au sport féminin, un objectif qui semble atteint. « On sent vraiment une nouvelle dynamique autour du vélo féminin. Tous les hommes qui sont inscrits veulent voir plus de femmes rouler à leurs côtés, » explique Hélène.
Le but n’est pas de créer un événement 100 % féminin, mais plutôt une vraie mixité dans le sport. « Les hommes sont très contents de rouler avec nous, ils sont assez admiratifs et c’est une autre approche de leur sport. Certains me disent que l’on est plus à l’écoute, qu’il y a moins d’esprit de compétition et plus de bienveillance, » précise Estelle.
Pour les participants ponctuels, c’est une occasion de dépasser ses limites personnelles, de se faire plaisir sur les routes de France et de rencontrer des personnes qui partagent la même passion qu’eux pour le vélo. « Je fais deux étapes du J-1 pour montrer qu’on peut rester performante malgré son âge. C’est un challenge personnel, mais c’est aussi une manière de rencontrer de nouvelles personnes et de trouver une satisfaction personnelle, » explique Nathalie Alkan, une participante franc-comtoise d'origine du J-1.
Nathalie comme Estelle gardent en elles une part d’appréhension : « Je suis un peu stressée, on sait que ça risque d’être difficile pour le corps, mais on va voir du pays, rouler entre filles et faire plein de nouvelles connaissances donc ça motive, » insiste Estelle. « Je n’ai pas envie qu’on m’attende ou d’être la dernière, » insiste la quasi-sexagénaire.
Toutes espèrent avoir du public pour les encourager. Après être passées par Pau, Limoges ou encore Bourg-en-Bresse, les neuf cyclistes arriveront à Paris pour clore ce nouveau chapitre d’un livre qui n’est pas terminé. L’association souhaite continuer d’organiser ce projet encore de nombreuses années.
Les conditions pour participer au J-1 :
- Il est nécessaire de savoir rouler en peloton à une allure moyenne de 25 km/h
- Port du casque obligatoire et respect du code de la route
- Responsabilité personnelle des participant·es (assurance individuelle pour
dommages corporels) - Chacun·e assurera sa propre logistique pour le retour, l’assistance et le
ravitaillement (eau et nourriture)