Florian Gentilhomme, sa fille, Noëlie, 16 ans et sa mère, Arlette, 68 ans s’étaient entraînés des mois dans leur cage d’escalier et à Chamonix, pour gravir le Kilimandjaro. Seul Florian est arrivé au sommet. Retour sur cette aventure familiale.
Ils sont partis le vendredi 29 juillet de Paris et sont arrivés le samedi 30 juillet à Arusha en Tanzanie. Le lendemain, ils commençaient déjà leur ascension vers le Kilimandjaro, cette montagne qui culmine à 5.895 mètres d’altitude dans le Nord-Est de la Tanzanie.
Florian, Arlette et Noëlie Gentilhomme, le père, la grand-mère et la petite-fille, qui vivent à Besançon et en Haute-Saône, reviennent sur leur expédition au Kilimandjaro. Seul Florian est arrivé au sommet. Noëlie s’est arrêtée peu avant.
Dans cette aventure, la famille était accompagnée de dix porteurs et de deux guides dont Eduini, le cuisinier, Moussa, homme à tout faire, les guides John et Élias.
Comment s’est déroulée cette ascension ?
Le départ a été compliqué pour ma maman, Arlette. En descendant du minibus, qui nous emmenait à la porte de la route Machamé, notre point de départ, elle descend mal et là, claquage et élongation du mollet interne gauche.
Les premiers jours, les chemins sont praticables, cela permet à ma maman de serrer les dents et à poursuivre l’ascension et à Noëlie de prendre confiance. Le premier jour, nous avons monté 1.200 mètres de dénivelé positif sur des sentiers comme l’on peut trouver dans nos montagnes et avons traversé la forêt pluviale, une forêt dense remplie de bruits d’oiseaux, que l’on ne voit pas, de quelques singes et de beaucoup de fleurs.
Le départ pour le quatrième jour, le fameux mur avant le final, a été plus corsé. Il a fallu 5 heures de montée à flanc de falaise pour y accéder. Une fois dans le sentier, la progression se fait au mieux, « ce qui te fait peur, ne te tue pas », et pour finir nous arrivons au premier col heureux d’avoir pu passer ce sentier tant redouté.
La nuit avant l’ascension du Kilimandjaro sera compliquée pour Noëlie. Elle vomira deux fois et ne dormira pas beaucoup. Ma maman, elle, est à bout de force, les quatre jours de difficulté dus à son mollet pèsent sur le physique et dans la nuit, son corps lui fera subir une hallucination et un délire. Au lever, à 3 heures du matin, elle nous dit « je ne continue pas » avec une déception énorme qui se lit sur son visage, elle s’est vu partir dans la nuit et son corps est fatigué comme jamais auparavant. Noëlie est opérationnelle malgré le peu de sommeil. Moi de mon côté, la nuit me pèse sur le corps.
Ma maman, s’est donc arrêtée après 4 jours d’ascension, elle est restée au camp de base à 4.650 mètres. Ma fille, Noëlie, s’est arrêtée dans la montée finale du Kilimandjaro, le 5e jour, à 6 heures du matin et à 5.200 mètres d’altitude. Elle était à bout de force et cela fait 30 minutes que sa respiration était compliquée. Et c’est en pleurs que nous nous sommes séparés et Noëlie m’a fait promettre d’aller au bout.
Durant la dernière ligne droite, je ne me bats plus contre moi-même, je passe en boucle tous les prénoms de toute ma famille en leur promettant à chacun que j’irai jusqu’au bout et là, je vois le « top » devant moi. J’arrive avec mon guide John, main dans la main, au sommet du Kilimandjaro et je dédie ce dernier effort à Noëlie et à ma maman.
On a vu votre préparation. Est-ce que, au cours de votre ascension, vous vous êtes dit « j’aurais dû travailler comme ça » ?
Nous n’avions pas d’inquiétude sur la préparation physique. Durant les premiers jours, nous n’avons eu aucune courbature, le moral est au beau fixe, nous sommes heureux et contents d’être là et l’entraînement des 6 mois porte ses fruits, nous pouvons vraiment profiter de notre périple même si au deuxième jour, nous avons ressenti un peu l’altitude au niveau de la digestion qui est ralentie.
Seuls deux points nous préoccupaient pour ma mère et pour Noëlie : les passages compliqués du 4e jour et la réaction à la raréfaction de l’oxygène en altitude. Sur ce dernier point, nous nous sommes mis d’accord de ne pas prendre de risque. Il faut rester humble face à la montagne, la montagne elle te prend et elle te garde.
Quelle leçon avez-vous tirée de cette ascension ?
Arlette : cela a été une superbe aventure sportive et surtout humaine et je suis fière d’avoir vécu cette aventure avec ma petite-fille et mon fils malgré les difficultés liées à ma blessure. Il a fallu serrer les dents et nous soutenir les uns les autres dans les difficultés, mais nous avions une équipe extraordinaire avec qui nous étions en symbiose. Nous avons eu une équipe formidable, des personnes courageuses, aimantés, d’une bonté et d'une gentillesse que nous ne retrouvons plus beaucoup dans la société de nos pays favorisés. La séparation à l’heure du retour fut très émouvante. Oui, il existe encore des personnes merveilleuses qui resteront dans nos cœurs et dans nos têtes. Cela me permet aujourd'hui de voir les choses différemment.
Florian : moi je retiens ce sommet éclairé par une lune au zénith avec ma fille à mes côtés. Je pense à toutes ces années de travail, la tête dans le guidon à ne pas m’occuper d’elle. Quant à nos accompagnateurs, jamais je n’ai rencontré des hommes dévoués comme ça, à nous offrir leur montagne. Un bout de notre cœur restera à jamais sur le Kilimandjaro, c’est sûr.
Prochain sommet pour Florian : l’Elbrouz dans le Caucase « Mais avant nous avons convenu avec John, l'un de nos guides que je referai le Mont-Blanc avec lui » prévient Florian Gentilhomme.