RÉCIT. "La richesse, c'est pas seulement le sommet" : l'Icaunais Arnaud Chassery gravit le Kilimandjaro avec des jeunes en situation de handicap

Après avoir déjà emmené l'élu paraplégique Yann Jondon au sommet du Kilimandjaro en 2017, l'explorateur icaunais Arnaud Chassery a réitéré l'expédition cet été en emmenant cette fois quatre jeunes en situation de handicap, dont 3 en joëlette, un fauteuil roulant handisport. Objectif, sensibiliser un maximum lors du retour en France.

Mais où s'arrêtera donc Arnaud Chassery ? L'explorateur originaire de Joigny dans l'Yonne, notamment connu pour ses multiples traversées de la Manche à la nage, ou encore pour avoir relié les cinq continents à la nage avec son ami l'aventurier Philippe Croizon, amputé des 4 membres, est reparti à l'aventure avec son association Alopias, qui organise des défis sportifs solidaires aux quatre coins du monde.

Au cours 15 derniers jours, l'aventurier icaunais, également titulaire d'un brevet d'état d'alpiniste, a réalisé deux nouvelles ascensions du mont Kilimandjaro (Tanzanie).

Mais ce n'était pas simplement pour son plaisir personnel, loin de là : Arnaud Chassery a emmené avec lui quatre jeunes en situation de handicap pour gravir le plus haut sommet d'Afrique, dont 3 en Joëlettes, des fauteuils roulants handisports qui permettent la pratique de la marche.

Deux ans et demi de préparation et un budget de 200 000€

Cette ascension n'est en rien une nouveauté pour l'explorateur bourguignon : en octobre 2017, il avait déjà, avec son association, accompagné sur ce même sommet l'élu paraplégique Yann Jondot, alors maire de la commune de Langoëlan (Morbihan), lui aussi aidé d'une joëlette. L'édile avait par la suite était nommé "Ambassadeur à l'accessibilité" par la secrétaire d’État alors chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel.

Pour autant, l'expérience ne fait pas tout : il fallait réunir un budget conséquent de 200 000€ pour mener ces deux nouvelles expéditions à la suite, ce qui a nécessité deux ans et demi de préparation. La première expédition était à l'initiative du lycée privé Jean XXIII de Reims : le chef de l'établissement avait lui-même contacté Arnaud Chassery pour lancer le projet, afin de donner une image positive du handicap à ses élèves, dont certains ont accompagné l'expédition.

La seconde ascension a quant à elle mis en avant trois jeunes en situation de handicap venus de l'Yonne, dont deux aidés d'une Joëlette. Ils n'ont pas été choisis au hasard : les jeunes qui prennent part aux expéditions d'Arnaud Chassery sont castés auparavant, de préférence en Bourgogne, mais aussi partout en France et dans le monde. Le premier objectif étant de trouver des profils motivés : "Il faut avant tout qu'ils aient envie de transmettre", juge l'explorateur.

Au-delà de l'ascension, des rencontres culturelles

Les deux expéditions ont eu lieu entre le 10 juillet dernier et ce jeudi 8 août, où tous les participants seront de retour en France. Entre temps, le programme fut chargé, avec certains passages complexes lors de l'ascension notamment : "avant d'arriver à 5600 mètres d'altitude, il y a des pentes à 50% [de dénivelé] à franchir", explique l'aventurier icaunais. Alors pour les franchir, "on utilise des sortes d'escaliers", qui réduisent l'inclinaison à 33%.

Pour autant, le choix du Kilimandjaro n'est pas un hasard : "c'est une haute montagne, mais elle est assez accessible, il n'y a pas de techniques d'escalade à appliquer par exemple", détaille Arnaud Chassery. De quoi permettre l'expédition avec les joëlettes, à l'inverse d'autres sommets, comme le Mont-Blanc.

Un dernier point reste important pour le fondateur de l'association Alopias lors de ses voyages : l'ascension n'a que peu d'intérêt sans y allier l'aspect culturel du pays visité. Chacun des deux groupes a donc vécu deux jours de safari pour découvrir la faune et la flore locale, et a vécu quelques heures en immersion avec des tribus locales : les Hadzas et les Dactogas.

Les points forts de ces expéditions, ce sont les témoignages des jeunes eux-mêmes. Ils sont capables de retranscrire avec émotion tout ce qu’ils vivent. La richesse elle est là, c’est pas seulement la question d'atteindre le sommet.

Arnaud Chassery

Tout au long du voyage, le reporter d'aventure Quentin Furic a suivi les groupes, pour filmer ces expériences, et pouvoir faire vivre l'expédition par procuration, à des milliers de kilomètres de là. Objectif, réaliser un documentaire de 26 minutes par expédition, et un autre de 52' qui réunira les deux épopées, pour essayer de le vendre, espérant une diffusion.

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Extraits du futur documentaire de Quentin Furic, en immersion chez les Hadzas et les Dactogas ©Quentin Furic

Avec le récit de ce type d'expéditions, 60 000 élèves sensibilisés au handicap depuis 2018

Car l'objectif de ces expéditions, que l'association d'Arnaud Chaussery organise deux à trois fois par an, est avant tout de faire parler du sujet du handicap, pour lequel il s'active depuis 15 ans. "C'est vraiment le moment là, avec les jeux paralympiques imminents à Paris", explique t-il. Les documentaires produits cet été seront diffusés dans de nombreux établissements scolaires, afin de sensibiliser un maximum à la question.

Depuis 2018, l'aventurier estime avoir pu sensibiliser pas moins de 60 000 élèves. Un succès qu'il justifie par ce qu'il appelle l'effet "Génération Koh-Lanta", du nom de la célèbre émission télévisée : "si on parle de handicap pour parler de handicap, ça n'intéresse personne, tandis que là, le présenter sous cette forme ça permet de les captiver."

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Extraits du futur documentaire de Quentin Furic, le dernier jour de l’ascension de la seconde expédition. ©Quentin Furic

Une stratégie gagnante donc, qui permet de faire changer les regards au quotidien sur les personnes concernées, et les comportements déplacés, parfois involontaires, qui les accompagnent.

Il faut casser cette barrière vis-à-vis des personnes handicapées, qui fait que parfois, certains ont presque peur de s'adresser à eux. Même avec un handicap lourd, quel qu’il soit, on peut réaliser des grandes choses, comme une personne valide.

Arnaud Chassery

Sitôt rentré en France ce 8 août, Arnaud Chassery prépare déjà son prochain exploit : en mai 2025, cap sur le Togo, avec trois jeunes marocains atteints de trisomie 21. L'aventure est loin d'être terminée.

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