Après trois saisons difficiles, où la cascade mythique du Saut du Doubs était à sec, l'eau est de retour en 2024. De quoi ravir les touristes et les professionnels. Témoignages.
Qui aurait cru que l'on allait un jour s'en étonner ? Après trois années de fortes chaleurs et de canicules, où le Saut du Doubs, célèbre chute d'eau franco-suisse à cheval sur les communes de Villers-le-Lac (Doubs, France) et Le Locle (Suisse), était à sec, la cascade jaillit de nouveau.
Et pour cause, suite aux fortes précipitations de ces derniers mois, le Doubs a fait le plein, avec un niveau qui tutoie à certains endroits les trois mètres. Ce qui réjouit les professionnels. "C'est tellement agréable à cette saison" s'enthousiasme Antoine Michel, cogérant du chantier naval franco-suisse à Villers-le-Lac au micro de nos journalistes Emmanuel Rivallain et Guillaume Soudat. "Avec ce volume, on peut faire nos croisières sur la totalité du parcours, jusqu'au Saut".
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"Tout baigne"
Le batelier l'assure, après des saisons galères "où la cascade était sèche en juin" et où les "balades en bateau se cantonnaient aux bassins du Doubs", ce niveau d'eau, il "en rêvait". "Sans eau, on était un peu perdu" avoue-t-il. "On aime faire découvrir notre rivière et ce moment unique où les clients découvrent le Saut. Là, tout baigne". C'est le cas de le dire.
Néanmoins, on reste méfiant, car on connaît la rapidité de descente de la rivière si les précipitations s'arrêtent. On peut perdre 20 cm par jour.
Antoine Michel,cogérant du chantier naval franco-suisse à Villers-le-Lac
Même émotions chez son père, Raymond Michel, qui a passé des dizaines d'années à louvoyer jusqu'au Saut du Doubs. "Vous voyez, alors même que nous parlons, il pleut, c'est un miracle" assure-t-il, le sourire aux lèvres. "Ici, on n'a jamais trop d'eau. Ça fait même cinq ans qu'on n'avait pas eu un niveau aussi haut. Pour Villers-le-Lac, c'est parfait, ça redore notre image. L'an dernier, à la même époque, on n'avait rien, on se posait même la question de savoir si le Doubs allait disparaître".
Aujourd'hui à la retraite, l'ancien batelier confesse qu'il a l'impression de "retrouver le temps d'autrefois, où les sécheresses n'arrivaient que tous les 6-7 ans. Est-ce que c'est un nouveau cycle ou une exception, je ne sais pas. Mais en tout cas, ça fait du bien".
Une fréquentation doublée
Les professions nautiques ne sont pas les seules à pousser un ouf de soulagement. C'est également le cas dans la restauration. "Ici, on est tellement tributaire de la météo et du niveau d'eau que c'est une très bonne nouvelle" affirme Matisse Droz, cogérante de L'absinthe, restaurant et distillerie installé en face de la cascade.
Au niveau des fréquentations et du chiffre d'affaire, on passe du simple au double par rapport à 2022 et 2023. On repart sur de bonnes bases et on espère que ça va redevenir la norme.
Matisse Droz,cogérante du restaurent-distillerie "L'absinthe"
La distilleuse l'avoue, "si 2024 n'avait pas été une bonne année, on se serait posé la question du futur de l'entreprise". "Nous, les pluies de juin, on est plutôt pour" sourit-elle. "Plus de pluies, c'est synonyme de belles cascades, et d'un niveau d'eau suffisant. La cascade, c'est quand même l'élément central de notre territoire horloger. Elle régule tout : la santé des restaurants, les visites en bateaux, l'état de la nature..."
"Sans eau, on ne serait pas venu"
À côté des commerçants, le public, lui aussi, est ravi. "L'an dernier, c'était complètement sec, on avait pu marcher jusqu'au pied de la cascade" explique une visiteuse, Mortuacienne d'origine. "On avait pris conscience du dérèglement climatique. Là, c'est le vrai Saut du Doubs, avec le bruit, l'humidité, les odeurs".
Elle l'assure : "s'il n'y avait pas d'eau, on ne serait pas venu". Même son de cloche chez sa voisine qui "s'étonne de voir de l'eau en juillet". "Ça fait trois ans qu'on venait marcher, il n'y avait rien. On croise les doigts pour que cela reste ainsi. Ce n'est pas intéressant sinon". Vive la pluie, donc. Et pourvu que ça dure.