"Un mois de juin particulièrement arrosé" : pluie, crue, nappe phréatique... On fait le point sur les conséquences de cette météo orageuse

Yonne, Nièvre, Haute-Saône... Le mois de juin 2024 a été "très arrosé" : +145% ! Plusieurs territoires de Bourgogne-Franche-Comté ont souffert des intempéries. Pluviométrie, crues, nappes phréatiques... On fait le bilan.

Vous l'aurez remarqué, ou même subi : ce mois de juin 2024 aura été (très) pluvieux. Pluies abondantes, orages, inondations... De nombreuses intempéries ont frappé la Bourgogne-Franche-Comté en Haute-Saône, dans la Nièvre, l'Yonne ou la Côte-d'Or. Des précipitations aux conséquences lourdes pour les agriculteurs ou les professions du BTP.

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Le 18 juillet 2024, la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (DREAL) BFC a publié le bilan hydrologique juin 2024. L'occasion d'avoir un regard factuel sur ces pluies, de découvrir leur ampleur et surtout leurs effets sur les rivières et les nappes phréatiques des territoires comtois et bourguignons.

145 % de pluie en plus par rapport à juin 2023

C'est le chiffre à retenir. 145 %. Il représente l'excédent de pluie connu au mois de juin 2024, par rapport à la moyenne des mois de juin passés (de 1991 à 2020). Beaucoup de pluie, c'est une tendance annuelle puisque depuis le début de l'année, seul le mois de janvier n'est pas en excédent pluviométrique. Toutefois, juin est sur le podium des mois excédentaires, après mai (+155 %) et mars (+180%).

Citons quelques exemples. La station de Dijon-Longvic (Côte-d'Or) a relevé 88,4 mm en juin 2024, contre 65,8 en moyenne. À Besançon (Doubs), 130 mm (06/24) contre 97,5 en moyenne et 81,1 mm en 2023.

Les augmentations les plus impressionnantes sont à noter à Châtillon (Doubs) : 163 mm (2024) contre 66,8 en moyenne. Même chose à Chablis (Yonne) : 136,8 mm (2024) contre 56,9 (moyenne) ou à Nevers, dans la Nièvre (136,6 en 2024 contre 61,8 en moyenne).

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"Ces pluies se sont surtout concentrées lors des dix derniers jours de juin" explique Fabien Marquis, chef du département hydrologie et hydrométrie à la DREAL de Bourgogne-Franche-Comté. "Mais, même s'il a plus plu dans la quasi-majorité de la région, ils existent de grandes différences au niveau local".

Ainsi, nous pouvons passer à une augmentation des pluies de 300% sur une partie de la Nièvre, à un déficit de 17% à Pontarlier (Doubs). Des variations expliquées par les orages. "Sans surprise, les départements les plus touchés par les orages sont ceux qui ont les pourcentages les plus forts" explique Ilyes Ghouil, météorologiste à Météo Franc-comtoise. 

Les orages de cette année ont été particulièrement violents, avec des trombes d'eau tombées en très peu de temps, ce qui explique les énormes différences.

Ilyes Ghouil,

météorologiste

La Bourgogne, plus touchée par les intempéries, notamment dans l'Yonne et dans la Nièvre (précipitations des 19 et 20 juin), a donc reçu plus de pluie que la Franche-Comté. Alors que la Haute-Saône a aussi été victime de forte pluie, le Territoire-de-Belfort, et surtout le Jura et le Doubs ont été épargnés.

Aucune station en vigilance sécheresse

Ces pluies abondantes éloignent pour l'instant tout risque de sécheresse en 2024. "C'est même assez exceptionnel" reprend Fabien Marquis. "Sur les 49 stations qui mesurent le niveau de pluie, aucune n'est en vigilance en juin 2024 [c'est-à-dire au-dessus du seuil de sécheresse, NDLR]. Alors que si l'on compare à la même période de 2023, c'est totalement différent".

En effet, en 2023, "il y avait déjà des stations en alerte dès février". Et en juin, "seulement 6 avait une pluviométrie normale, 13 étaient déjà en vigilance sécheresse, 20 étaient en alerte et on avait même sept en alerte renforcée et deux en crise".

De fortes "pluies superficielles" créatrices de crues

Au niveau des cours d'eau surveillés par la DREAL, tous, sans exception, ont vu leur hydraulicité (leur débit mensuel) augmenter en juin par rapport à la moyenne. Là aussi, avec des variations locales qui suivent également les orages.

Ainsi, "les hydraulicités ont été maximales sur des rivières de la Nièvre, notamment à cause des pluies des 19 et 20 juin" explique la DREAL BFC. Des précipitations qui ont fait déborder la rivière Beuvron. Même chose avec l'Armançon, en Côte-d'Or, le Serein, dans l'Yonne, ou l'Ognon en Haute-Saône. Pas de hasard, uniquement des zones touchées par les orages et par des inondations.

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A contrario, la rivière Doubs est l’unique exception. À Mouthe (Doubs), "7 jours secs en milieu de mois ont amené les débits à descendre légèrement sous la médiane d’un mois de juin" précise la DREAL.

Des nappes d'eau souterraine plus que remplies

Autre donnée exceptionnelle selon la DREAL, l'état des nappes d'eau souterraine en ce mois de juin 2024. Il est qualifié "d'exceptionnel" par l'instance gouvernementale dans son bulletin mensuel.

Sur 51 points d'eau répertoriés, 43 ont des réserves en hausse par rapport à la moyenne de l'ensemble des mois de juin. C'est largement meilleur que l'an dernier et assez unique pour cette période de l'année.

Fabien Marquis,

chef du département hydrologie et hydrométrie à la DREAL de Bourgogne-Franche-Comté

Un constat qui s'applique sur toute la Bourgogne-Franche-Comté. Sur ces 43 nappes en hausse, 27 ont encore gagné de l'eau entre le 1ᵉʳ juin et le 1ᵉʳ juillet, notamment en Saône-et-Loire, dans l'Yonne, et en Haute-Saône.

"En temps normal, cette période n'est pas propice à un renforcement des nappes phréatiques" reprend Fabien Marquis. "Au contraire, nous retrouvons d'habitude des baisses significatives du niveau des nappes d’eau souterraine". À titre de comparaison, les niveaux de juin 2024 rejoignent les niveaux moyens des mois de février ou mars. "Et encore, en 2023, les niveaux des nappes souterraines étaient très bas en mars".

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