EN IMAGES. "On fait de l'aqua-traite" : ils traient leurs vaches les pieds dans l'eau après de nouvelles inondations, ces agriculteurs démoralisés

Mercredi 10 juillet 2024, un nouvel épisode de fortes pluies, provoquant des inondations, a touché la Haute-Saône. La 10e fois depuis le début de l'année. Un constat qui provoque l'incompréhension des agriculteurs, démoralisés par les conséquences néfastes de la météo sur leurs exploitations.

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"Ça commence à faire beaucoup".  Voilà la phrase qui résume, avec pudeur, l'état d'esprit des agriculteurs de Haute-Saône, ce début juillet 2024. Et pour cause. Depuis plusieurs semaines, voir plusieurs mois dans certains secteurs du département, les intempéries viennent bouleverser le quotidien des exploitants.

Dernier exemple en date mercredi 10 juillet 2024. Il était 17h lorsque des pluies impressionnantes ont touché une grosse vingtaine de villages, entre La Roche-Morey et Cubry-lès-Faverney, incluant les communes d'Amance, Fouchécourt, Contréglise, Montureux-lès-Bauley ou Buffignécourt. Des localités déjà touchées par d'intenses précipitations ces dernières semaines.

50 mm de pluie en 10 minutes

"On a un peu l'impression que le sort s'acharne sur nous" évoque Johann Robinet, du GAEC de la Pierre percée, à Amance, contacté par France 3 Franche-Comté. "Il y a 15 jours [le 26 juin, NDLR], on avait déjà eu des pluies énormes, près de 90 mm". "Là, c'était un peu moins, mais ça a quand même inondé l'étable, la salle de traite, la laiterie" complète sa compagne Mathilde Robinet. Selon la FDSEA 70, il est ainsi tombé plus de 50 mm en une dizaine de minutes.

C'était impressionnant. L'eau, les champs ne peuvent plus l'absorber, donc ça descend en coulée jusqu'à l'étable. On était en train de faire la traite, et on a vu l'eau arriver, puis monter...

Mathilde Robinet,

cogérante du GAEC de la Pierre percée

Heureusement, l'averse, bien que violente, s'arrêtera et ne mettra pas en danger les animaux ni leur propriétaire, permettant même à la traite de se finir... les pieds dans l'eau. "J'ai immortalisé le moment" continue Mathilde. "On essaye d'en rire, j'ai dit à mes collègues qu'on avait testé "l'aqua-traite" ".

Des foins perturbés, des cultures menacées

Un second degré nécessaire dans cette période compliquée. "En ce moment, c'est vraiment dur" reprend-elle. "On a une génisse qu'on a découverte morte ce matin, possiblement frappée par la foudre. Et puis les foins... N'en parlons pas".

Son mari Johann complète : "début juin, d'habitude, on a tout fini, mais là, ce n'est pas du tout le cas, il nous manque beaucoup de fourrage". Les engins agricoles ne peuvent en effet pas accéder aux champs avec des sols rendus trop mous par les pluies. De plus, "on a des parcelles de céréales qui, avec les intempéries, vont germer et crever sur pieds. On a le moral à zéro". Car derrière, viennent les considérations financières.

On a la trentaine, on s'est installé il y a quatre ans et on n'a pas une trésorerie extensible. On fait du gruyère bio, donc on a des critères à remplir. Là, on n'aura pas assez de céréales et un fourrage pas assez nutritif. On devra acheter à nouveau...

Mathilde Robinet,

cogérante du GAEC de la Pierre percée

Dans cette saison galère, où la météo capricieuse a "pourri la vie" aux agriculteurs, il faudrait en effet "15 jours de beaux temps de suite" pour permettre aux engins agricoles de récolter. "Mais on n'est sûr de rien" explique-t-on du côté de la FDSEA de Haute-Saône. "On fait le tour des exploitants, ils accusent le coup et sont complètement démoralisés. Il va manquer d'argent dans les fermes à l'automne-hiver".

Quelle solution pour une possible indemnisation ?

Comment pallier cette situation ? Alors que certains agriculteurs espèrent que leur commune soit reconnue en "état de catastrophe naturelle" (comme c'est le cas à Fouchécourt) pour obtenir des indemnisations, c'est un faux espoir, selon la FDSEA. "Ça ne changera rien, car cette reconnaissance peut aider les particuliers, mais pas les entreprises" indique-t-elle.

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La seule solution selon lui est donc une aide nationale au profit des exploitants agricoles sévèrement impactés. "On a déjà eu une réunion avec le préfet il y a deux jours sur ce sujet" conclut la FDSEA. "Mais vu que c'est le flou au niveau gouvernemental, on n'est sûr de rien".

Reste une question : pourquoi cette partie de la Haute-Saône est-elle autant touchée par les intempéries cette année ? Pour rappel, selon le site spécialisé Météo Franc-comtoise, c'est le 10e épisode de forte pluie que connaît le département depuis 2024.

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