Depuis plusieurs mois, la Haute-Saône, comme de nombreux départements français, est sous la pluie. Des intempéries régulières qui mettent en difficulté les agriculteurs. Inondations des champs et des bâtiments agricoles, semis non réalisables... Les conséquences du mauvais temps sur leur quotidien sont nombreuses. Et inquiétantes. Témoignages.
Depuis plusieurs jours, les constats sont les mêmes. Averses diluviennes. Champs, étables et routes inondés. Cultures et semis impactés. En Haute-Saône, la météo capricieuse et pluvieuse de ces six derniers mois inquiète les agriculteurs, profession pourtant aguerrie aux aléas climatiques.
"Du fait de notre métier, on est habitué à travailler avec la nature" explique Sylvain Crucerey, exploitant à Mailley et Chazelot (Haute-Saône). "Des années délicates, on en a connu plusieurs. Mais là, depuis que je me suis installé en 1997, c'est du jamais vu". Et pour cause, les intempéries ont bouleversé le cours de sa saison agricole.
On a des soucis depuis octobre. À cause de la pluie, il y a 25 ha de blés que je n'ai pas pu semer. Et là, les précipitations bousillent nos cultures semées au printemps comme le maïs, le tournesol ou le soja. On va perdre 50 % sur les rendements.
Sylvain Crucerey,Exploitant agricole à Marnay
En effet, dans les champs, les pluies "ruissellent dans la terre et déracinent les semis" déplore l'agriculteur, qui, de son propre aveu, "ne peut toujours pas rentrer dans certaines de ses parcelles" en tracteur, à cause des sols rendus humides.
"La filière agricole est en danger"
"Très clairement, toute la filière agricole est en grand danger" assène Emmanuel Aebischer, président de la FDSEA de Haute-Saône et exploitant à Augincourt. "On a de nombreuses averses très localisées, qui amènent des trombes d'eau dans un laps de temps très court. Ce qui fait très mal".
Et le responsable syndical cite les inondations ayant eu lieu à Fouchécourt le 24 mai, qui ont touché les parcelles agricoles, mais aussi la commune, avec des maisons inondées et des impressionnantes coulées de boues. "Le 31 mai, on a aussi eu des grosses intempéries à Gy, à Vregille, vers Marnay. Et des bâtiments agricoles ont été inondés, comme à Jussey".
Sur les cultures d'hiver, comme le blé, plus les jours passent, plus on s'attend à des récoltes catastrophiques. Il manque environ 400h d'ensoleillement par rapport à la moyenne. Donc la photosynthèse ne se fait pas, les plantes travaillent moins. Et avec la pluie, les plants sont asphyxiés.
Emmanuel Aebischer,président de la FDSEA de Haute-Saône
Et l'avenir alors ? "Il est noir" reprend Emmanuel Aebischer. "Tout est en train de pourrir. Encore ce matin, j'étais avec mon fils dans nos champs, on avait les pieds dans l'eau. Plus les jours avancent, plus on est inquiet". Le président de la FDSEA en est sûr : "certaines parcelles ne seront pas semées, c'est certain. Et puis nous prenons du retard sur les fourrages".
Alors que s'approche la période des foins, les illusions sur un retour du beau temps se brisent face à des prévisions météorologiques compliquées. "On nous annonce un peu de beau temps dans la semaine, mais ça ne va servir à rien" reprend Sylvain Crucerey, agriculteur à Marnay. "Il nous faut au moins 8 à 10 jours de soleil consécutifs pour que les terres sèchent et qu'on puisse faire ce qu'il faut. Or, ce n'est pas prévu".
Une réunion avec la préfecture le 4 juin
Tous semblent résignés. "Ce qu'on va arriver à produire cette année ne sera pas top" conclu Emmanuel Aebischer. "Quand on va enrubanner, on sait qu'on va mettre de la merde dans le plastique. C'est dur".
Si l'impact économique ne se fera sans doute pas sentir dans les semaines qui viennent, toutes les personnes concernées craignent des difficultés financières sur le long terme. Selon nos informations, une rencontre entre la FDSEA et la préfecture de Haute-Saône est d'ailleurs prévue mardi 4 juin pour trouver des solutions face à cette situation.