Le 10 septembre 2024, la Chambre régionale des comptes de Bourgogne-Franche-Comté a publié son rapport d'observation sur la ville de Besançon entre 2018-2023. Le gros point noir reste l'absentéisme au sein des employés de la ville, qui voit son chiffre exploser depuis 2018.
La ville de Besançon (Doubs) est au cœur d'une problématique qui se fond dans l'actualité. Après les annonces du ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian, souhaitant faire des économies sur l'absentéisme dans la fonction publique, la cité bisontine se fait remarquer par l'augmentation élevée du nombre de jours d'absences au sein des effectifs de ses employés municipaux. Ils sont 2.000 agents environ.
Le 10 septembre 2024, un rapport d'observation de la Chambre régionale des comptes de Bourgogne-Franche-Comté, organisme chargé de vérifier les comptes des collectivités locales et de juger des éventuels conflits relatifs à ces comptes, a en effet pointé du doigt la forte progression de l'absentéisme de 2018 à 2023 (sous les mandatures en partie donc de Jean-Louis Fousseret et Anne Vignot) chez les employés de la ville de Besançon. Celle-ci grimpe, selon l'organisme, à 58 874 jours calendaires d'absence en 2023 contre 32 032 jours en 2018, une hausse de + 83,80 % en cinq ans, soit près de 13,40% par an.
Besançon, bien au-dessus des normes nationales
D'après le rapport de la Chambre régionale des comptes, est considéré comme une absence : un arrêt maladie, un accident de travail ou de trajet, mais aussi les maladies professionnelles, les congés de longue maladie (CLM), les congés de grave maladie (CGM) ou de maladie longue durée (MLD). Les congés maternité et paternité ou autorisations diverses n'entrent pas en compte.
En 2021, au niveau national, le taux d'absentéisme dans la fonction publique s'établissait à 7,7%. Besançon de son côté tourne autour des 10,16 % en 2022, puis 9,84 % en 2023. Des chiffres assez importants pour une ville de plus de 120 000 habitants.
Selon la Chambre, l'augmentation de l'absentéisme depuis les cinq dernières années est causée principalement par la hausse des arrêts maladies (17 360 jours en 2018 à 31 271 jours en 2023, avec 37 455 jours en 2022), des accidents de travail (4 220 jours en 2018 à 5 408 en 2023) et des accidents de trajets (146 jours en 2018 mais 823 en 2023). Malgré tout, la gravité des arrêts maladies diminue, mais les statistiques ont doublé pour les maladies ordinaires et les jours d'arrêts notamment.
La masse salariale plus qu'impactée
La Chambre régionale des comptes affirme également que les absences pour raison de santé ont impacté la masse salariale de la mairie, avec 12,9 millions d'euros d'argent dépensés, soit l'équivalent de 268 ETP (équivalent temps plein) en 2023.
"On a eu des augmentations d'effectifs, il y a donc plus d'arrêts maladies"
Que répond la mairie actuelle arrivée aux manettes en mars 2020 avec l'élection de l'écologiste Anne Vignot ? Bien que la collectivité assume une évolution défavorable sur la période de contrôle, pour Élise Aebischer, adjointe aux ressources humaines, "les chiffres ne sont pas aussi alarmants qu'on pourrait le croire".
On est en dessous des chiffres nationaux des maladies ordinaires.
Elise AebischerAdjointe au maire de Besançon, déléguée aux ressources humaines
Après une période de crise sanitaire du covid sans précédent, les chiffres sont logiquement remontés. "On est sur une diminution en 2023, mais si on se compare précisément dans une collectivité de plus de 1 000 agents, on est au-dessous des chiffres nationaux des maladies ordinaires", explique l'élue.
Avec cette étude de la Chambre régionale des comptes, la Ville oppose ses chiffres. Selon elle, "le taux de maladie ordinaire est de 4,29 % (pour 4,54 % au niveau national) et celui des accidents de travail de 0,85 % (contre 1,3 % en France)".
Donc rien n'est alarmant pour Élise Aebischer, "on a eu des augmentations d'effectifs, il y a logiquement une augmentation des arrêts maladies dans notre collectivité. Il y a une évolution défavorable, mais nous travaillons pour accomplir des actions et améliorer la situation".
La Ville se mobilise pour remédier à ces absences dites "compressibles"
Pour remédier à ces dépenses excessives, la Ville de Besançon a tout de même décidé de se mobiliser. Des mesures de prévention contre les absences dites "compressibles" ont été mises en place avec des axes bien ciblés : la qualité de vie, la prévention des risques psychosociaux, des accidents de travail et de l'usure professionnelle.
Les syndicats critiquent des chiffres "pas représentatifs"
Ces chiffres ne sont pas représentatifs de la situation selon Rachel Messousse, secrétaire générale FO du Doubs. Pour elle, les raisons sont plus liées "à la qualité de vie au travail". "Aujourd'hui, on tape sur les fonctionnaires pour tout et rien, c'est inadmissible !" explique-t-elle. "Les arrêts maladie arrivent en fonction des conditions de travail, il faut pour une fois se poser les bonnes questions et comprendre pourquoi il y a autant d'arrêts".
Il faut arrêter de tirer à boulet rouge sur les fonctionnaires
Rachel MessousseSecrétaire générale FO du Doubs
La représentante syndicale pointe également du doigt la raison qui explique selon elle ce nouveau regard politique sur l'absentéisme dans les services publics : "Ils veulent baisser la rémunération des arrêts maladies de plus de trois mois. Leur but est clair, baisser le salaire de 10 % en cas d'arrêts. Mais à un moment, il faut arrêter de tirer à boulet rouge sur les fonctionnaires, ce ne sont pas des arrêts par envie".
Pour rappel, le gouvernement français souhaite faire près d'1,2 milliard d'euros d'économies. Comme l'annonçait le ministre de la fonction publique, Guillaume Kasbarian auprès de nos confrères de BFMTV, "un plan de lutte contre l'absentéisme" sera réalisé dans la fonction publique, une annonce qui avait provoqué de vives réactions. Comme à Besançon, où la municipalité, par la voie de son élue Élise Aebischer, estime que ce plan "pourrait avoir l'effet inverse et être une fausse bonne idée".