"Adieu camarade" : après la mort du syndicaliste Charles Piaget, le temps des nombreux hommages

Charles Piaget, leader du conflit Lip dans les années 1970, est mort ce samedi 4 novembre 2023 à Besançon. Le soir et le lendemain de sa disparition, de nombreuses personnalités du monde syndical et politique lui ont rendu hommage.

À 95 ans, Charles Piaget a rendu son dernier souffle le 4 novembre 2023, dans sa ville de toujours, Besançon. C'est dans la capitale comtoise qu'il a mené dans les années 1970 un long combat ouvrier dans la manufacture horlogère Lip.

Suite à l'annonce du décès du leader syndicaliste, de nombreux hommages ont été rendus au Doubiste, à commencer par la maire (EELV) de Besançon Anne Vignot sur X (anciennement Twitter). "Il a fait démonstration à toute une société que la force du collectif, force émancipatrice, est capable d'ébranler les poncifs et de rendre l'espoir aux victimes de l'injustice sociale. Cet homme a fait de LIP une aventure humaine singulière."

"Avec le décès de Charles Piaget, c'est un pan majeur de l'histoire sociale, ouvrière, collectiviste et humaniste de Besançon qui nous quitte", a tweeté dans la soirée Marie-Guite Dufay, présidente de la Région Bourgogne-Franche-Comté et ancienne adjointe au maire de Besançon.

Le député du Doubs Éric Alauzet rend hommage à un "militant inlassable de la cause ouvrière, indéfectiblement lié à l'épopée de LIP et incarnation éternelle du mouvement social" et les élus communistes de Besançon ont publié un communiqué dans lequel ils saluent "sa détermination et [...] cette grande humilité qui le caractérisait tant".

À l'échelle nationale, le nom de Charles Piaget forçait le respect. Ainsi, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, le journaliste Edwy Plenel, le nouveau Parti anticapitaliste ou encore le journal Fakir ont voulu saluer le Bisontin :

Sur X, l'historien et militant Sud Éducation Fabrice Riceputi a écrit un long texte en hommage à Charles Piaget. Il y raconte un souvenir de 1997, lors du mouvement des chômeurs à Besançon. Un récit ponctué de deux mots simples : "Adieu camarade".

Sur Facebook, de nombreux anonymes ont réagi à la mort du syndicaliste. "Hier encore je regardais sur internet la vie de cet homme simple et brillant", "bravo Monsieur", "Charles tu me manques déjà", peut-on lire sur le réseau social.

À Besançon, Jacky Burtz a connu Charles Piaget chez Lip. "Il a été un copain dans la lutte, une personne qui m'a même formé. Il a été notre professeur ! J'ai toujours eu des contacts avec Charles. C'est un gars qui était super et qui se remettait vite en question. On a eu des différends, mais c'était une personne magnifique", a-t-il témoigné au micro de France 3 Franche-Comté.

L'Internationale entonnée en hommage 

"J'ai appris la nouvelle avant de me rendre à l'assemblée générale de Lutte Ouvrière. Quand on a annoncé que Charles venait de mourir, toute la salle a pu chanter l'Internationale pour lui. C'était assez émouvant et mérité", ajoute Jacky Burtz qui espère que Charles Piaget aura sa rue à Besançon.

Une des filles de Charles, Françoise Piaget, est revenue sur le lien qu'elle entretenait avec son père, elle qui se retrouve dans le militantisme. "Il n'a jamais aimé être au premier plan et je pense que Lip est un modèle. Mon père a toujours voulu montrer la force du collectif. Ce n'est pas une personne qui peut être intelligente pour des milliers d'autres."

"Je ne peux pas oublier son message. Quand on est bien avec les autres, on peut faire bouger le monde ! Il n'y a pas que lui qui l'a dit. Mais à son niveau, à leur niveau, ils ont pu donner de l'espoir à tous les militants et ils ont montré qu'on pouvait faire beaucoup de choses. Ce message est toujours vrai et on le fera toujours vivre", affirme sa fille.

Il avait une pâte, une façon de trouver les mots.

Joël Mamet

Biographe de Charles Piaget

"On va retenir beaucoup de choses de lui. Il a inventé d'autres formes de luttes. S'il m'entendait, il rouspéterait à me dire 'Mais non, c'est le collectif qui fait, pas moi tout seul !'. Ce qui est très vrai. Mais quand même, il avait une pâte, une façon de trouver les mots et un physique aussi. Il accrochait le regard. Une frêle silhouette mais toujours là, prêt à se battre, à y aller, mais à chaque fois de façon pacifique", salue Joël Mamet, biographe de Charles Piaget.

"On a créé un lien qui ressemble à une relation père-fils en raison du décalage d'âge. Après le livre, j'étais content d'aller le voir dans sa cuisine. J'ai eu vraiment la sensation de voir un homme plein de bienveillance et de sagesse, mais avec ses blessures familiales aussi. Il s'est tellement investi chez Lip qu'il a trop laissé tomber ses six enfants. Ça l'a beaucoup blessé et il le regrette", ajoute son biographe. 

Anne Vignot a indiqué que la Ville de Besançon rendra prochainement un hommage à Charles Piaget, en concertation avec la famille.