500 personnes ont rendu hommage mercredi 1er septembre dans la soirée à Moussa Dieng, l’ambulancier tué le 28 août dans le Doubs lors d’une intervention au domicile d’un patient.
Dans le hangar de la société d’ambulances Jussieu, ils sont nombreux à être venus se recueillir en mémoire de Moussa Dieng. Face à son portrait, ses collègues ambulanciers très émus pour certains, les pompiers, les personnels des urgences, de nombreux élus. Brigitte Bourguignon, Ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l'Autonomie est venue rendre hommage au défunt au nom de la Nation. La communauté sénégalaise est également présente pour un ultime au revoir à l’un des siens. Samedi 28 août, dans le quartier de Planoise à Besançon, un quadragénaire en proie à des névroses psychotiques a sauvagement poignardé Moussa Dieng qui a succombé à ses blessures malgré la réactivité de son collègue.
“Aujourd’hui, nous aimerions tous un pouvoir celui de remonter le temps” a rappelé une de ses collègues, émue, les larmes dans la voix.”Nous sommes réunis pour dire au revoir à notre ami, notre collègue Moussa, ambulancier bisontin de cœur, amoureux fou de notre région, gourmand de la vie, au sourire irrésistible, à la générosité sans limite”. La salariée de la société d’ambulance évoque ce cauchemar, “cette nuit qui a envahi” ses collègues. L’ambulancier de 56 ans allait partir prochainement en vacances au Sénégal, retrouver sa femme et ses deux jeunes enfants. Il voulait suivre une formation d'infirmier.
“Moussa, tu es parti samedi en mission avec moi, je suis revenu seul, alors il est temps que tu retrouves la base.. Moussa est enfin avec nous”
Le matin du drame, Moussa Dieng faisait équipe avec Armoulaye Diomande. “Notre cœur est triste, notre âme pleure” lance dans la dignité son coéquipier. “Moussa, tu es parti samedi en mission avec moi, je suis revenu seul, alors il est temps que tu retrouves la base.. Moussa est enfin avec nous” dit-il touchant au coeur l’ensemble des salariés qui ont connu l’ambulancier.
À la tribune, une Bisontine très proche de Moussa Dieng s’exprime au nom de la famille. “Moussa était mon frère de coeur. Nos deux familles ne font qu’une, liées par une amitié indéfectible depuis 1950… J’ai fait mes premiers pas au Sénégal, Monsieur Dieng, m’appelle ma fille” raconte-t-elle. Touchée par ce drame, elle se questionne sur la prise en charge de ce patient : “Pourquoi attendre un tel drame pour un internement d’office ?”.
L’ambulancier décoré de la Légion d'honneur à titre posthume
Brigitte Bourguignon, Ministre déléguée auprès du ministre des Solidarités et de la Santé, chargée de l'Autonomie a rendu hommage à l’ambulancier. “C’est un métier à risque, de plus en plus à risque, et c’est insupportable de devoir exercer cette profession, la peur au ventre” affirme-t-elle. “Moussa est décédé en faisant le métier qu’il a toujours aimé… Nous n’oublierons pas Moussa Dieng et le sacrifice… Moussa était un des héros du quotidien au sens le plus fort”.
Au-delà de l’hommage rendu par la Nation, les ambulanciers attendent une vraie reconnaissance de leur métier. Ils sont attachés au ministère des transports, et pas celui de la santé. Ils n’ont pas touché la prime covid. “Ambulancier, c’est un très beau métier, on va prendre les gens en charge dans leur intimité… Le métier devient difficile, car il y a de plus en plus de détresse sociale et psychologique. Le covid l’a accentué. C’est cela qui rend les missions compliquées” confie une jeune ambulancière. “Plus jamais de Moussa » interpelle une autre salariée.
Après le temps du recueillement devra venir le temps du changement. Pour que les collègues de Moussa se sentent moins seuls dans leurs missions, ils espèrent des actes, une reconnaissance de leur profession, une fois passé le temps de l’hommage officiel rendu à Moussa Dieng.
Un meurtre évitable ?
La mort de l'ambulancier, blessé mortellement et décédé dès son arrivée à l'hôpital, met en lumière les difficultés de la prise en charge des patients en forte détresse psychologique et parfois très dangereux. Ce drame aurait-il pu être évité ? L'enquête en cours doit permettre de définir les responsabilités mais s'annonce complexe. "L’échange entre l'opérateur du SAMU et la police est très intéressant. À ce stade, je ne parlerai pas de dysfonctionnement majeur. Les échanges sont extrêmement éclairants sur la complexité de ce qui doit être fait dans ce genre de situation" a détaillé lundi 31 août Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon. Les bandes du SAMU sont en cours de saisie et devraient permettre d'apporter de nouveaux éléments.