Alors que les membres de la famille kosovare Feraj sont éclatés depuis lundi avec le père et quatre enfants au Kosovo tandis que la maman est toujours sur Besançon, c'est ce mercredi matin une famille géorgienne qui doit quitter le territoire, alors que son enfant de douze ans est malade.
Ce mercredi matin à Planoise, dans les chambres de l'hôtel Amarante qui héberge huit familles de demandeurs d'asile en attente d'autorisation de séjour, la police est venue procéder à l'expulsion de la famille Chkheidze. Le père, la mère et Ketevani, une jeune fille de 12 ans sont géorgiens et ont obtenu leur visa via l'ambassade de République Tchèque, dans leur pays, en Géorgie.
Leurs recours étant épuisés, selon les accords de Dublin, ils devraient être expulsés vers la République Tchèque. Mais il y a un terrible problème : la jeune fille est atteinte d'une maladie génétique, la phénylcétonurie. Une maladie dépistée à la maternité chez les bébés pour les traiter le plus tôt possible. Une maladie qui entraîne un retard mental et qui s'était stabilisée depuis leur arrivée en France en décembre dernier.
Le papa, Valeri, a fait une demande d'asile pour raison politique. Elle a été refusée. Ils ont également fait une demande de maintien sur le territoire à titre humanitaire, en tant qu'étranger malade, pour soigner la petite Ketevani. D'après le collectif RESF qui les suit, cette demande aurait été refusée, l'Etat le justifiant en expliquant que la République Tchèque pourrait, elle, les prendre en charge à ce sujet. RESF qui espère savoir dans quel centre de rétention la famille Chkheidze va être placée avant un renvoi, certainement vers Prague, dans un pays qu'ils ne connaissent pas.
La famille Feraj éclatée entre France et Kosovo
Depuis lundi qu'ils ont été séparés, le père avec une des filles, les trois autres enfants ailleurs dans la famille, au Kosovo, le collectif de soutien bisontin de la famille Feraj manque d'informations sur leur état. Les Feraj avaient fui le Kosovo en 2012 pour échapper à des représailles.
La famille Feraj était très bien intégrée à Besançon, les enfants de 6, 9, 13 et 15 ans étant très appréciés dans les différentes écoles où ils étaient scolarisés. Enseignants, militants ou simples voisins se mobilisent pour tenter de s'opposer à l'expulsion de cette famille du Kosovo arrivée à Besançon en 2013.
Lundi, la police a procédé à leur expulsion. Alors que la maman, qui avait fait un malaise, était hospitalisée à l'hôpital Minjoz, le reste de la famille était envoyé dans un centre de rétention à Rouen en fin de journée avant d'être renvoyé au Kosovo mardi matin. Menacés de mort au Kosovo, le père et les enfants seraient cachés chez des membres de leur famille d'après nos informations.
Un renvoi "musclé" ?
D'après des parents d'élèves amis de la famille, le transfert entre Rouen et le Kosovo aurait été "musclé". Selon leurs informations, le papa était ligoté, les enfants accrochés à leurs sièges. Sortie de l'hôpital mardi après-midi, la maman n'a aucune nouvelle concernant son avenir immédiat. Il devrait néanmoins lui être proposé un renvoi auprès de sa famille. Le collectif de soutien appelle à une manifestation ce vendredi à 17h30 devant la préfecture de Besançon.Il n'y a juridiquement rien qui s'oppose à l'expulsion de ces deux familles qui ont été suivies par le CADA, le centre d'accueil des demandeurs d'asile, mais dont les dossiers de demande de papiers n'ont pas été acceptés. Le préfet du Doubs a confirmé la nécessité de "libérer" des places d'accueil pour pouvoir recevoir des réfugiés irakiens et syriens.