Besançon : un étudiant transgenre est agressé pour la troisième fois en un an

Etudiant à l’université de Franche-Comté et trans, le 23 octobre, Maël a été agressé sur le campus pour la troisième fois depuis la rentrée 2018. Il raconte les conséquences de ces attaques sur sa scolarité.

"Ils sont arrivés à quatre, par derrière" se souvient Maël, "deux m’ont pris par les bras, pendant que le troisième me frappait". Il y a une semaine, le mercredi 23 octobre, ce jeune étudiant de l’université de Franche-Comté a été agressé physiquement, et insulté. "Il me disait que j’étais une erreur de la nature, un malade mental" raconte-t-il "et puis je ne me souviens plus de la formulation, mais qu’il y avait une sorte de leçon que je n’avais pas comprise la dernière fois".
 

Je refuse que cela arrive encore
- Maël, étudiant transgenre


Car ce n’est pas la première fois que Maël vivait une telle agression sur le campus. L’année dernière, sur le même grand parking non-surveillé, il a déjà été attaqué à deux reprises, dans des conditions similaires. Le 26 septembre 2018, vers 7h30, alors qu’il se rend en cours, plusieurs personnes l’assomment, et continuent de le frapper au sol. Deux côtes déplacées, le visage tuméfié et l’œil au beurre noir, l’étudiant en licence de biologie et physiologie est profondément affecté. "Je ne suis pas allé à la fac pendant une semaine" confie-t-il. Le lendemain de son retour en cours, il est de nouveau attaqué.
   - Sur Twitter, Maël avait partagé ses blessures -


Coming-out forcé devant tout un amphithéâtre


L’élément déclencheur de ces agressions, selon l’étudiant, un coming-out "forcé", et humiliant, par un professeur, devant un amphithéâtre rempli d’étudiants, quelques jours avant la première attaque. "C’est le genre de prof qui interpelle au hasard un élève et va forcément l’appeler monsieur ou mademoiselle" se rappelle Maël "et là, il n’arrêtait pas d’interpeller une « mademoiselle », qui ne lui répondait pas". Concentré sur son ordinateur, il ne réalise pas tout de suite ce qui se passe "au bout d’un moment, je lève la tête et je vois que c’est moi qu’il regarde". L’étudiant cherche alors à le corriger, expliquant que dans son cas, c’est plutôt « monsieur ».
 

Il a passé 5 minutes à me dire « ça n’est pas possible ». Ça faisait un mois que j’étais hormoné, donc j’avais encore ma voix d’avant, et il disait « ah non, même si vous avez les cheveux courts, ça ne passe pas. Ça ne peut pas être madame »
- Maël, étudiant transgenre


"Ça a duré une éternité" souffle-t-il. Après cette scène, les humiliations commencent "des étudiants me harcelaient, à vouloir vérifier si j’avais un pénis entre les jambes, ou si j’avais une poitrine… Jusqu’à l’agression".
  - Maël n'en tient pas rigueur à ce professeur. Sur Twitter, il a expliqué pourquoi - 
 

Une année d’études perdue

 

Après, je ne voulais plus mettre les pieds à la fac, mon anxiété avait un atteint un paroxysme
- Maël, étudiant transgenre


Si tous ces faits se sont produits sur le sol de la faculté, il n’en tient pas rigueur à l’administration "Ils m’ont soutenu et ont essayé de trouver des solutions pour me protéger". Une escorte lui a d’ailleurs été proposée. "Moi, je ne voulais pas de ça, je savais que ça n’allait servir à rien" ajoute-t-il. Dans les jours suivants, Maël retrouve des menaces sur le pare-brise de sa voiture.
  - Quelques jours après sa première agression, Maël confiait ses difficultés sur Twitter -

"J’ai arrêté d’aller en cours au premier semestre" avoue-t-il, "et même si j’ai rattrapé les cours magistraux, sans aller aux TD, on ne peut pas comprendre de quoi on parle". Aux partiels, perdu, il se noie, et ne parvient pas à redresser la barre au deuxième semestre. A la fin de l’année, il redouble, et espère que ses agresseurs, qu’il n’a pas pu identifier, ne croiseront plus son chemin.

Maël a porté plainte pour la dernière agression "même si ça va finir sur un classement sans suite", faute d’indices sur l’identité de ceux qui l’ont attaqué. Une première plainte, déposée l'année dernière pour ses deux premières agressions n'avait d'ailleurs pas aboutie. "Mais je veux juste que ça rentre dans les statistiques, que ça soit dénombré" explique-t-il. Avec une volonté : que les agressions contre les personnes LGBT ne restent pas invisibles. 
 

 
Réponse de L'université de Franche-Comté
Sollicitée, l'université de Franche-Comté nous fait parvenir la réponse suivante :

"L'université a réagit dès qu'elle a eu connaissance des faits et notamment des agressions dont l'étudiant a été victime. Suite à ces agressions, elle lui a proposé un accompagnement psychologique et l'a incité à porter plainte. Aujourd'hui, elle réitère son soutien et reste à son écoute. 

Engagée depuis plusieurs années dans la lutte contre toutes les discriminations (violences sexistes, égalité de genre, homophobie, transphobie...), l'université sensibilise régulièrement ses étudiants et son personnel à travers plusieurs actions (campagne d'affichage, débats, formations...). En outre, elle propose depuis la rentrée universitaire 2019-2020, la possibilité d'utiliser un prénom d'usage pour tout étudiant dont le prénom figurant à l'état civil ne correspond pas à son genre."
 
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