Besançon : fin de la de piste cyclable provisoire ou chronique d'un échec annoncé

L'expérimentation de la ville de Besançon n'aura même pas duré un mois. A la sortie du confinement, la mairie de Besançon avait aménagé une portion du boulevard, au profit exclusif des vélos et des bus pour faciliter les déplacements à vélo. Une décision prise sur fond de campagne électorale.

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Effet indirect de la distinciation sociale, prendre un vélo pour se déplacer en ville est dans l'air du temps. A la fin du confinement, les citadins ont été nombreux à faire réparer leur vélo ou carrément à acheter un vélo.  Selon l'association "Vélo et territoires",l'usage du vélo a poursuivi sa progression en France après le confinement, avec 87% de fréquentation cyclable en plus par rapport au début de l'année, en ville comme à la campagne. 

De nombreuses villes ont mis en place des pistes cyclables provisoires, surnommées les "Coronapistes", pour éviter que les usagers des transports en commun ne se reportent en masse sur la voiture par peur du coronavirus, créant des embouteillages et augmentant la pollution de l'air.  A Paris, Anne Hidalgo a promis 50 km de nouvelles lignes cyclables d'ici à l'été. A Marseille, en revanche, ville peu fournie en aménagements cyclables, une piste sur le Prado a été effacée.


C'est dans cette perspective d'un "monde d'après" plus soucieux de l'environnement que l'Association Vélo Besançon lance, le 10 avril, le débat sur son blog en demandant la prise en compte d'"un urbanisme tactique". A Besançon aussi, le confinement est l'occasion ou jamais de tester des solutions qui permettraient aux cyclistes de se déplacer plus en sécurité dans la ville. 
 

Si « nous sommes en guerre », il semble approprié que toute l’organisation sociale s’adapte à la crise, et se donne les moyens de lutter efficacement contre la menace sanitaire. La rue ne doit pas faire exception! Aussi, nous vous enjoignons à faire usage de vos compétences en urbanisme pour agir en tacticien !


Cette injonction ne laisse pas indifférents des candidats à la mairie de Besançon sur la liste "Besançon par nature" issue de la majorité sortante. D'après Jean-Louis Fousseret, trois adjoints (Marie Zehaf, Anne Vignot et Nicolas Bodin) lui ont demandé de profiter de la sortie du confinement pour expérimenter une nouvelle forme de cohabitation entre les voitures et les vélos. Nicolas Bodin, adjoint PS en charge de l'urbanisme, conteste être directement à l'origine de la demande, et considère que "cette expérimentation aurait du présenter un intérêt encore plus grand dans d’autres conditions".

Marie Zehaf, actuellement adjointe à la voirie et infrastructure, circulation et déplacement, éclairage public, confirme la proposition faite au maire de choisir entre trois secteurs de Besançon :

-La rue de la Cassotte avec une voie pour les vélos et une autre pour les voitures. Un travail de concertation avait déjà commencé avec les riverains. 

-L'arrêt de l'accès au pont de la République aux voitures avec mise en place d'une déviation pour réserver la voie aux vélos dans les deux sens. 

-Le passage à une voie pour les voitures sur un tronçon de deux fois 3,5 km des boulevard Churchill et Kennedy au profit exclusif des vélos et des bus. 

 

 

C'est finalement cette troisième proposition qui a été retenue par Jean-Louis Fousseret. Un choix qui déçoit un des représentants de l'Association Vélo Besançon. Dans un reportage, nos confrères avaient suivi deux des membres de l'association qui leur avait montré les secteurs où il serait opportun de tester un nouveau partage entre piétons, vélos, bus et voitures. 

Il aurait été plus opportun de tester le dispositif en bas de la rue de Belfort. Un secteur où il y a plus de passages de cyclistes. Pour une expérimentation qui se présentait comme une amélioration du partage de la rue, il fallait la faire dans un secteur plus dense et plus contraint. Et sur le boulevard, peu emprunté par les vélos, on n'allait pas créer de nouvelles habitudes chez les cyclistes en si peu de temps. 

réagit Sébastien Paris, coordinateur de Vélo-Ecole et membre de l'Association Vélo Besançon. Sur le site de l'association, différentes simulations visuelles sont même proposées. Le bas de la rue de Belfort, rappelle l'association est un "tronçon qui fait l’objet de demandes récurrentes de la part de nos adhérent-e-s, et qui ressort comme une priorité signalée dans la récente enquête Parlons Vélo" . 

 

Une décision en pleine campagne électorale

 

Pourquoi alors ne pas avoir choisi ce secteur pour l'expérimentation ? Jean-Louis Fousseret explique avoir préfèré laisser la prochaine équipe municipale s' occuper du secteur de la rue de Belfort en organisant une concertation avec les riverains et les commerçants.  

Résultat, les cônes orange et blanc sont installés sur une portion de deux fois 3,5 km des boulevards Churchill et Kennedy, initialement pour une durée de quinze jours. Les automobilistes se retrouvent sur une seule voie ce qui engendre des bouchons alors que la voie libérée est peu utilisée par les vélos.

Depuis le 14 mai, il y a eu en moyenne chaque jour sur ce tronçon 25 vélos dans le sens rue de Vesoul-Tours de l'Amitié et 31 dans l'autre sens. De quoi hérisser le poil des automobilistes. 

Le maire de Besançon, Jean-Louis Fousseret, met en avant cette faible fréquentation des deux roues pour expliquer l'arrêt de cette expérimentation qui n'aura même pas duré un mois. 

En soulignant l'aspect unilatérale de cette décision, Anne Vignot, actuelle adjointe au maire (EELV) et tête de liste de "Besançon par nature", rappelle qu'actuellement toute décision doit se lire sous le prisme de la campagne électorale pour le second tour des municipales prévu dans moins d'un mois.

Pour le maire sortant Jean-Louis Fousseret (LREM),

Il y a tout de même un côté positif à cette expérience, elle aura montré l'intérêt de créer des parcours en site propre sécurisé, de créer en parallèle un vrai parcours pour les vélos. 

C'est aussi ce que met en avant Christophe Mignot, candidat sur la liste aux élections municipales "Besançon Maintenant" de Ludovic Fagaut (LR) .

Quant à Eric Alauzet (LREM), tête de liste de "Besançon 2020", il estime que cette expérimentation est de "l'improvisation" :

On ne peut pas faire de l'écologie comme cela. Les conditions de départ n'étaient pas normales. Cela a été fait dans la précipitation.

En choisissant un secteur non prioritaire pour les cyclistes bisontins et en arrêtant cette initiative trois semaines après son lancement, Jean-Louis Fousseret a condamné cette expérimentation à l'échec. Le maire aurait voulu saborder cette expérience qu'il ne s'y serait pas pris autrement. 

 

 

 

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