Les trois rappeurs bisontins Zo, Miqi O et Boucherie Chevaline passent aux Trans Musicales de Rennes, en Bretagne le 5 décembre. Dans leurs morceaux, boom bap, hip-hop, rap indé se mêlent aux sonorités rythmées des paroles. Un rap made in Franche-Comté.
Une estrade vide. Dans la pénombre, des masques colorés contrastent. Drapés de leurs longues toges, trois hommes clament leurs paroles. Des sonorités qui claquent, des jeux sur les homonymes et des beats incandescents. Grand Singe, c’est l’histoire de Zo, Miqi O et Boucherie Chevaline. Des copains bisontins aux noms improbables qui se sont lancés dans le rap.
Les trois musiciens se rencontrent dans les années 1990. Miqi O et Boucherie Chevaline rappent déjà tandis que Zo tague parfois. Chacun se fait un nom dans le hip-hop, construit sa carrière. Ils se croisent, parfois s’éloignent. Vingt ans plus tard, le trio se retrouve pour le titre Eazzcoazz. Un morceau qui sonne comme une évidence et qui signe le début de l’histoire de Grand Singe.
Découvrez « Eazzcoazz », la première collaboration qui marque le départ de Grand Singe.
La folie du Grand Singe
Masqué, presque mystique, c’est le côté « totem » du Grand Singe qui anime les trois quarantenaires. Pour justifier le nom du groupe, Miqi O évoque « le plaisir de jouer, l'instinct grégaire et l'agilité des primates ». Les bisontins s’inspirent en outre de MF Doom (rappeur américain lui-même masqué). Ils précisent : « le masque signant son anonymat est le symbole de la pureté de sa quête artistique ». Faut dire que c'est aussi très graphique.
Et pourtant, les masques cachent « l’expressivité du visage ». « Il fallait compenser au niveau gestuel », ajoute Miqi O. Côté scénographie, la chorégraphie et le jeu sur les lumières s’imposent alors. Un univers travaillé qui s’explique aussi par leurs expériences esthétiques, comme le graffiti, et surtout leur goût pour l’art.
L'art, c'est d'ailleurs la folie du Grand Singe. Les trois potes ne se refusent rien, pas même le plus vieux musée de France. Dans leur clip Kepler 186f, Zo, Miqi O et Boucherie Chevaline déambulent dans le Musée des Beaux-Arts et d’Archéologie de Besançon. Des vers contemporains résonnent dans les salles d’exposition vides, comme un rap iconoclaste.
Grand Singe dans le grand bain
Grand Singe entrera donc en « Trans’ » en décembre. Chacun des rappeurs avait côtoyé de grandes scènes comme les Solidays à Paris pour Zo ou les Eurockéennes de Belfort pour Miqi O et Boucherie Chevaline. Cependant, les Rencontres Trans Musicales de Rennes constituent une date marquante pour le trio. Miqi O insiste : « Les Trans Musicales, c’est un festival particulier, le plus important de notre carrière de groupe. »
Lenny Kravitz, les Daft Punk ou encore London Grammar … Le festival de l’hiver transforme les terres bretonnes en espace de découvertes musicales. Et c’est au tour des amis rappeurs d’affronter la scène avant-gardiste des Trans’, non sans fierté. « On a hâte de faire honneur au festival en leur prouvant qu'ils ont bien fait de croire en nous », rapporte Miqi O. Les comtois ont-ils le trac ? Pas vraiment. « C’est l'envie de jouer qui domine ». La sagesse du Grand Singe, sans doute. Pour écouter Grand Singe, rendez-vous aux Trans Musicales de Rennes le 5 décembre.