Depuis plusieurs années, le Secours Catholique de Franche-Comté propose de faire parrainer des migrants par des bénévoles engagés. Fationa et Saadat nous racontent leur expérience.
Le Secours Catholique publie son rapport sur la pauvreté ce jeudi 7 novembre. Cette année, le dossier s’intéresse à la précarisation des migrants arrivés sur notre territoire. En Bourgogne-Franche-Comté, parmi les personnes qui sollicitent l’aide du Secours Catholique, quatre sur dix n’ont pas la nationalité française.
Accueil de jour, cours de français et parrainages … En Franche-Comté, les équipes de l’association se mobilisent depuis plusieurs années pour accueillir des migrants et les accompagner dans leurs démarches administratives. C’est le moyen pour ces nouveaux arrivés de rencontrer des Comtois, et de mieux s’intégrer dans une région qu’ils ne connaissent pas.
Pour remédier à leur isolement, l’antenne bisontine a lancé sa soirée « On est plus ‘tout seul les deux’ » le 14 octobre dernier. Autour d’un repas, les bénévoles ont pu dresser le bilan de ces accueils au sein de l’association. Cette soirée a aussi été l’occasion pour les filleuls et leurs « marraines et parrains de bienvenue » de partager leurs expériences. Ensemble, ils ont construit une fresque de selfies pour témoigner de la richesse de leurs échanges et faire connaître ce dispositif de parrainage. Une affiche sur laquelle Fationa et Saadat, et leurs parrain et marraine respectifs, apparaissent.
Fationa Joti : Albanaise d’origine, franc-comtoise d’adoption
Les mains chargées de pichets de vin blanc et de vin rouge, et de corbeilles de pain, Fationa commence la mise en place avant le déjeuner. Au service des autres, toujours en mouvement, la jeune femme travaille à la cafeteria du Centre diocésain de Besançon depuis un an. Un emploi qui lui plaît, elle qui aime aller à la rencontre de personnes.
Sept ans qu’elle est arrivée en Franche-Comté avec son mari et sa fille. Autant de temps passé à travailler. Fationa fait du bénévolat à la banque alimentaire, et apprend le français par la même occasion. Quelques mois après avoir commencé la langue, elle aide les migrants dans leurs démarches administratives via la Cimade, le Secours Catholique et Solidarité Femmes.
Et puis, il y a quatre ans, Fationa obtient ses papiers. Pour elle, c’est un ticket d’entrée pour être salariée. « Dès le premier jour, je me suis rendue de la Préfecture à une agence d’intérim », confie la jeune femme de 35 ans. Elle enchaîne les petits boulots jusqu’à décrocher à un CDI au Centre diocésain l’année dernière. Son intégration en France, elle l’associe donc au travail, mais aussi à la bonne ambiance avec son employeur et parrain Christian Bourgon. Fière, elle clame : « Je me sens comme dans mon pays en France ».
Saadat Ghambari : Histoire d’un train capital
« En 2017, j’arrive à la Gare de Besançon Viotte, et c’est la nuit », commence Saadat. Il ne lui reste qu’une correspondance avant d’atteindre Paris, et son train part à six heures du matin. Encore une heure d’attente. Le jeune afghan de 27 ans, épuisé par son périple, sort de la gare pour se balader, sans jamais y revenir. « Paris, c’est la même chose qu’ici à Besançon, c’est la France », raconte-t-il. Il a fallu un an avant que cet homme discret n’arrive sur sa terre d’adoption. Un an à parcourir l’Europe, non sans expériences douloureuses. C’est donc de Besançon que commence l’histoire de Saadat en Franche-Comté.
La scène se déroule dans une cuisine à Thise, à côté de la capitale comtoise. Des éclats de rire couvrent le bruit d’un four en fin de vie. C’est une salle que le jeune homme connaît bien, lui qui est souvent invité chez Maria. Car Maria Marsan, c’est la marraine de Saadat … Et bien plus encore, Maria, c’est la famille. Saadat précise : « Ma famille française ». C’est avec sa marraine, que le filleul pratique souvent la langue. Il raconte avoir voulu parler français, très vite, par tous les moyens. Il narre, souriant : « Je suis allé à la maison de quartier, à la Croix Rouge, au Secours Catholique pour apprendre le français ».
« Il y avait une barrière devant moi, c’étaient les papiers », évoque Saadat. Maria a connu le même parcours que son filleul, et s’est reconnue parfois dans la détresse du jeune afghan face aux méandres administratifs. Elle le soutient, l’encourage. Des liens se créent entre les deux, se renforcent au fil des soirées bowling, des fêtes, des vacances avec le mari de Maria et leurs enfants. Et il y a quelques mois, Saadat est naturalisé et décroche un emploi dans la restauration. Il trouve une routine ; en somme, un train-train quotidien.
Découvrez le reportage sur le Secours Catholique en Franche-Comté et son programme de parrainage :