Besançon : un reporter de Radio Bip convoqué au commissariat de police après son interpellation

Un journaliste de Radio Bip a été interpellé samedi 16 novembre 2019 par un policier. Il couvrait le rassemblement des gilets jaunes organisé à Besançon. Il est convoqué ce mardi 19 novembre au commissariat de police de Besançon.  
 

"Allez toi, tu dégages avec ta merde, là", ordonne Michel Klein, directeur de la police départementale. "Je fais partie de la presse, Monsieur. C’est une entrave à la presse que vous faites, là ", lui rétorque Amaury Salles.

Ce sont les premiers mots d’une vidéo tournée samedi et relayée sur les réseaux sociaux.
 

Elle a été filmée par un journaliste de radio Bip qui se trouvait sur le rond-point de la piscine Mallarmé, à Besançon, pour couvrir le rassemblement des gilets jaunes.

"J’étais juste présent pour filmer ce qu’il se passait, pour reporter l’information, dans le cadre de ma mission de reporter pour Média 25 radio Bip", explique Amaury Salles. "Une personne en civil qui s’est présentée comme le commissaire en charge du dispositif a commencé à venir me gêner, à m’empêcher de filmer avec son parapluie. Il a fini par me prendre par le bras et a demandé aux gendarmes de m’interpeller, parce que je portais mes EPI, mes équipements de protection individuelle".

Ces EPI :  un masque pour se protéger des gaz lacrymogènes ainsi qu'une paire de lunettes. Un attirail confisqué par le policier, à l'origine de la convocation du journaliste au commissariat de police de Besançon. 

 

Il se protégeait le visage "pour travailler, et non pour manifester" 

Le chef d’accusation, "dissimulation de visage dans une manifestation", est un délit passible d’un an d’emprisonnement et de 15 000 d’amende.  Radio Bip dénonce une "interprétation complètement disproportionnée de la loi dite 'anti-casseurs' sur un reporter qui ne faisait que filmer", et qui se protégeait le visage "pour pouvoir informer, travailler et non manifester". 
 


Pour Emma Audrey, salariée de radio Bip, "la liberté de la presse se dégrade. La ligne rouge a été dépassée depuis longtemps". C’est la cinquième fois qu’un journaliste de la radio associative est interpellé lors d’un rassemblement des gilets jaunes. Les médias indépendants seraient-ils particulièrement ciblés ?
 

" Parfois on nous embarque, on nous amène au commissariat, on nous fait poireauter pendant deux, trois heures pour contrôler notre identité", témoigne la journaliste.


Dans un communiqué, la France Insoumise demande l’abandon des poursuites et la fin de "ces procédés d’intimidation".  " Outre les manifestant.e.s, ce sont aussi les journalistes qui subissent les violences et ce harcèlement policier et judiciaire". 

 

"Répression contre les journalistes" 


De son côté, le Syndicat National des Journalistes CGT pointe du doigt la "répression contre les journalistes", pour la plupart "reporters bénévoles qui collaborent avec des médias associatifs ou de citoyens". 
 
" Journaliste, journaliste....Journaliste d'un média alternatif qui véhicule une propagande, une idéologie anti-Etat"  critique Sylvand Thierry, secrétaire départemental du syndicat Alternative Police CFDT. "Ces journalistes cherchent en permanence à montrer une faille dans les interventions des forces de l'ordre".

Le syndicaliste a apporté son soutien à Michel Klein. Il estime qu’Amaury Salles "gênait le travail des forces de l’ordre" et que l’intervention du directeur de la police départementale était donc "justifiée". 





 
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