Un camp de migrants a été évacué mercredi 4 octobre par la police municipale de Besançon dans le Doubs. 27 personnes ont été prises en charge par la municipalité. La maire écologiste Anne Vignot appelle l’État à donner un statut à ces hommes et femmes qui à un moment de leur parcours ne sont considérés, ni majeurs, ni mineurs.
Ni majeurs, ni mineurs. Ils sont 27 migrants à s’être installés sous l’ancien parking d’Arènes. La plupart de ces jeunes non accompagnés viennent de Guinée ou de Côte d'Ivoire. Arrivés par l'île de Lampedusa en Italie, ils ont choisi la France pour la langue. Mais personne ne veut les héberger. Le conseil départemental du Doubs qui a la responsabilité des mineurs, ne les a pas reconnus comme tels. L’État, lui, ne les considère pas majeurs. Le 115 refuse de les héberger.
« Depuis que le camp a été installé, il m’a été demandé par la préfecture de donner un avis d’autorisation d’expulsion. On me demandait d'installer des toilettes et tout un campement. On ne peut pas envisager d'installer un campement à Besançon, on a besoin de mettre à l’abri ces personnes. »
Anne Vignot, maire (EELV) de Besançon
Jeudi 4 octobre, la ville de Besançon a pris la décision d’évacuer ce camp de tentes. “Je ne pouvais pas considérer qu’installer un camp à Besançon puisse être une solution” s’est justifiée Anne Vignot, maire de la ville après avoir rencontré les migrants et les associations. Elle se retrouve, un peu seule à gérer la situation, alors que ces migrants sont du ressort ou du département du Doubs, ou de l’État. Les 27 jeunes ont passé une première nuit au "sas d’accueil temporaire régional" destiné à accueillir à partir de mi-octobre des migrants venus de Paris. Une solution provisoire pour l'instant. Il faudra retrouver d'autres places ces prochains jours. Pas évident, les dispositifs sont saturés.
Donner un statut à ces migrants
La maire de Besançon, explique avoir déjà écrit au ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin pour dénoncer l’impasse administrative dans laquelle se trouvent les migrants considérés ni majeurs, ni mineurs.
Désormais, le sort des 27 migrants expulsés de leur campement bisontin est entre les mains du tribunal administratif. Il devra dire s’ils sont mineurs ou majeurs. En fonction, la prise en charge sera alors enclenchée par les services de l’État.
“On voit bien que je suis au bout de ce qu’une commune peut faire” note Anne Vignot au micro de notre journaliste Emmanuel Deshayes.
La maire écologiste de Besançon espère une réactivité des services de l’État face à cette situation d’urgence. 80 migrants seraient arrivés ces derniers mois sur Besançon. “Le préfet sollicite un avis de la part du tribunal administratif qui va sans doute faire appel au niveau national pour qu’ils actent le fait qu’il y a un vide juridique, et qu’on ne peut pas laisser sur notre territoire des gens qui soient sans statut” a confié Anne Vignot à France 3 Franche-Comté.
La violence d'une expulsion après des mois, des années d'errance
Les associations comme Solmiré ont dénoncé la violence de cette expulsion menée à Besançon. “Ce campement qui était une réponse bien sûr insatisfaisante à la détresse de ces jeunes, leur a permis de dormir à l'abri après des mois d'errance, jour et nuit, dans les rues de la ville. L'association Solmiré dénonce cet acte d'une violence extrême, seule réponse des institutions. Plutôt que de tenter d'apporter des réponses à cette situation insupportable, les autorités préfèrent l'invisibiliser en faisant disparaître ces jeunes” écrit l’association.
Solmiré souhaite que les institutions prennent leurs responsabilités et qu'elles prennent en charge ces jeunes pendant toute la période de leur recours juridique.