"Ils sont dans l’abandon le plus complet. Ce n’est pas digne" : un campement de 27 jeunes migrants évacué par la police municipale à Besançon

Une trentaine de migrants en errance administrative ont été évacués de leur campement rue d'Arènes à Besançon (Doubs) ce mercredi 4 octobre. Considérés ni mineurs par le département, ni majeurs par l'État, ils sont à la rue depuis fin septembre.

C’est vers 11h, ce mercredi 4 octobre, que les policiers municipaux sont intervenus sur le parking de la rue d’Arènes, à Besançon. Sur cette vidéo amateur, on voit les forces de l’ordre charger tentes et effets personnels dans des camions. Le campement est vide, ses occupants sont partis prendre leur repas de la journée. "Ça a duré dix minutes, maximum", affirme un témoin oculaire. L’association Solidarité Migrants Réfugiés (Solmiré) fustige "un acte d’une extrême violence, seule réponse des institutions".

27 jeunes migrants avaient établi ici un camp de fortune depuis le 30 septembre. Une quinzaine de tentes, agglutinées sous le pont du parking. "Ils sont en errance depuis plusieurs semaines, dans une détresse extrême, détaille Noëlle Ledeur de la Solmiré. Ils ne prennent qu’un seul repas par jour, dorment dehors, sont dans l’abandon le plus complet. Ce n’est pas digne."

"No man's land administratif"

Car ces migrants, qui seraient 80 en tout à Besançon, sont dans une impasse administrative. Tous se disent mineurs. À leur arrivée, le département – qui a la responsabilité des mineurs - ne les a pas reconnus comme tels. L’État, lui, ne les considère pas majeurs. "C’est une situation kafkaïenne. Ni l’un ni l’autre ne prend ses responsabilités", condamne Noëlle Ledeur. Avec l’appui de la Cimade, ces jeunes ont demandé un recours face au juge administratif. Le temps qu’il se prononce, ils dorment donc à la rue, contraints de rester à Besançon.

Le préfet du Doubs Jean-François Colombet se dit conscient de la situation douloureuse de ces migrants. Il espère que le juge statuera rapidement. “Si le juge dit que ces gens sont majeurs, nous les mettrons à l’abri dans le dispositif financé par l'État, qui est déjà saturé. Si le juge dit qu’ils sont mineurs, la commission nationale qui est placée auprès du garde des sceaux, les affectera dans un autre département, c’est la procédure, pour qu’ils puissent bénéficier de la protection de l’enfance.”

« Depuis que le camp a été installé, il m’a été demandé par la préfecture de donner un avis d’autorisation d’expulsion. On me demandait d'installer des toilettes et tout un campement. On ne peut pas envisager d'installer un campement à Besançon, on a besoin de mettre à l’abri ces personnes. »

Anne Vignot, maire (EELV) de Besançon

La plupart de ces jeunes non accompagnés viennent de Guinée ou de Côte d'Ivoire. Passés par Lampedusa, ils ont choisi la France pour la langue. Arrivés à Besançon, il y a quelques mois, c’est la désillusion : "C’est très difficile, avoue Salif, qui dit avoir 16 ans. Bientôt l’hiver va arriver et on ne sait pas comment on va se débrouiller avec". Ahmed abonde : "Il y a beaucoup de gens qui sont malades, on ne peut pas se soigner".

Désormais, plus de campement, mais pas de toit non plus. Pour l’heure, les migrants ne savent pas s'ils pourront récupérer leurs affaires. La maire de Besançon, Anne Vignot, a reçu les jeunes ainsi que l'association Solmiré ce mercredi soir. Elle a promis de trouver une solution d'hébergement. 

Avec Emmanuel Deshayes 

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