Le confinement imposé par la lutte contre le coronavirus a des conséquences économiques pour les 160 horticulteurs de Bourgogne Franche-Comté. Considéré comme des commerces qui ne vendent pas des produits de première nécessité, ils ont l'obligation de fermer.
Un parking désert, des serres silencieuses, la jardinerie Chrysopolis n’a rien d’une ruche printanière et c’est une première. Une cliente ou plus exactement, la seule cliente du magasin, s’avance en caisse, elle est venue pour acheter des friandises pour chien et elle en profite pour flâner dans le rayon des plantes vertes. Elle aurait bien envie de craquer pour une jacinthe en promotion mais le directeur de la jardinerie lui demande de la reposer. Un comble pour un commerçant. Jean-François Gautheron veut respecter les règles du confinement. Les plantes ne font pas partie des produits de première nécessité. Sans cette interdiction, les clients seraient bien trop nombreux à vouloir acheter des touches printanières pour leur jardin.
Le mois de mars est crucial pour cette profession sensible aux humeurs du temps. C’est le lancement de la saison. Des centaines de pensées, primevères, renoncules, pâquerettes sont prêtes pour être plantées en terre ou en jardinière jusqu’à ce que les vedettes de l’été prennent leur place. Rôle ingrat que d’être éphémère ! Jean-François Gautheron doit se faire une raison, les plantes printanières n’auront pas, cette année, une belle destinée. La plupart d’entre elle finiront au compost. Pas de sentiment, les rares salariés encore sur place ( deux tiers d’entre eux reste à la maison) se concentrent sur l’essentiel, ils veillent à la bonne santé des animaux et des plantes qui feront le chiffre d’affaires de l’automne.
La situation pour les horticulteurs est encore pire. « Si le confinement est prolongé au delà de 15 jours, tout sera jeté ! » déplore Simon Courbet. Tout, c’est une immense serre aux touches multicolore, gage de trésorerie à la sortie de l’hiver. L’horticulteur a mis son activité en veille. Les toiles sont tendues sur les plafonds des serres pour ralentir la croissance des plantes. Les effectifs ont été diminué de moitié. Simon Courbet estime ses pertes à 50 000 euros.
Tous ses espoirs repose sur la saison suivante. Dans une autre serre, géraniums et autres plantes estivales sont encore à l’état de promesse. Courgettes, Pieds de tomates n’en sont qu’à leurs balbutiements.. Les horticulteurs se mobilisent pour obtenir une dérogation. Si jamais le confinement se prolonge, la profession voudrait avoir l’autorisation de vendre ses productions pour les potagers quand le moment sera venu de les planter en terre.
« Les gens ont besoin de faire un jardin potager pour se divertir, c’est à titre éducatif mais aussi pour manger, pour faire des économies » rappelle Simon Courbet qui préside le syndicat des horticulteurs de Bourgogne Franche-Comté.
Cette épidémie bouleverse en profondeur notre quotidien. Et c’est encore plus difficile d’être confiné alors que l’appel de l’extérieur est particulièrement séduisant cette année ! Le printemps 2020 avait tout pour être parfait, ni trop sec, ni trop humide, ni trop froid, ni trop chaud.
Même la ville de Besançon a du interrompre ses plantations de printemps. Au parc Micaud, des parterres sont restés couleur terre. Le coronavirus fait vivre l’homme au jour le jour mais les jardiniers aimeraient bien avoir une longueur d’avance.
Avec
Jean-François Gautheron
Directeur général jardinerie Chrysopolis
Itw Simon Courbet
Horticulteur
Président du syndicat des horticulteurs de Bourgogne Franche-Comté
Reportage I.Brunnarius E.Debief et S.Chevallier.