De la petite à la grande Histoire : d'une pratique bourgeoise aux élans populaires, une exposition sur les traces du sport à Besançon

Jusqu'au 19 octobre, la Bibliothèque d'étude et de conservation abrite l'exposition Go !, une rétrospective de l'histoire du sport à Besançon de 1865 à 2020. Née d'un partenariat entre le service patrimoine de la ville et l'université de Besançon, cette exposition s'inscrit dans la thématique de l'année, en lien avec les Jeux Olympiques de Paris 2024.

La salle des archives de la Bibliothèque de Besançon s'est parée de fanions des clubs sportifs de la ville pour l'occasion. L'exposition Go ! retrace l'histoire du sport à Besançon depuis 1865. Une date clé qui marque la naissance du tout premier club de sport dans la capitale comtoise : la très célèbre Société nautique de Besançon ou SNB pour les Bisontins.

D'abord réservé aux hommes, le club propose à l'époque une vraie diversité culturelle. "Les adhérents pratiquaient le sport, mais aussi la musique. Ils passaient une partie substantielle de leur temps à festoyer ensemble. On voit donc émerger des pratiques sportives, mais aussi sociales qui dépassent le cadre du sport", explique Nicolas Boffy, commissaire de l'exposition, qui a participé à son élaboration avec le patrimoine historique de Besançon.  

Pour rendre l'exposition vivante, les clubs sportifs ont été sollicités afin de sortir de leurs archives des documents, des photos, mais aussi des objets. C'est ainsi que le SNB dévoile des photos anciennes de ses membres à l'époque de la création du club, et permet aussi aux visiteurs de l'exposition d'admirer un vieux kayak d'époque, trônant au fond de la salle d'archives.

L'ESBF (Entente sportive Besançon féminin), le club de handball de Besançon, a quant à lui ressorti un véritable trésor de son histoire. La coupe d'Europe, gagnée en 2003 contre le Spartak Kiev, n'a pas pris une rayure et reste la plus belle prouesse du club.

D'autres clubs comme l'Olympique de Besançon ont participé à l'exposition pour rappeler des souvenirs aux visiteurs.

Un travail scientifique sur le sport

Loin d'être un simple étalage d'objets et d'archives, l'exposition se veut scientifique grâce à un travail mené pendant un an sur une période d'un siècle et demi. "L'intérêt était de parler du sport, mais aussi de la sociabilité autour, de la façon dont il s'installe dans la ville, dans quels équipements culturels", raconte Nicolas Boffy. 

Et pour retracer et comprendre cette évolution, les chercheurs se sont penchés sur l'avant 1865, en remontant jusqu'au Moyen Âge. L'occasion d'apprendre qu'au début de l'histoire du sport, la pratique était réservée aux élites et aux militaires. Ce n'est qu'au milieu du 19ème siècle que le sport devient cette pratique populaire, fédératrice de nos jours. À cette période, la gymnastique fait son apparition et devient le sport national, y compris à Besançon, avec une idée politique en premier plan : former les corps pour prendre la revanche contre les Allemands, après la défaite de la France face à la Prusse en 1871.

L'exposition retrace également l'histoire du sport à l'école. Certains visiteurs reconnaitront alors les images des "lendits", ces grandes manifestations sportives du 20ᵉ siècle destinées aux enfants, en dehors du temps scolaire. "L'ancêtre des flashmobs d'aujourd'hui", remarque une visiteuse qui se souvient des lendits auxquels elle a participé dans sa jeunesse.

Un partenariat inédit

L'exposition est née du thème choisi chaque année par la Ville de Besançon. Aucun hasard dans la thématique "Sport et culture" en cette année olympique à domicile avec les Jeux de Paris 2024. "Nous sommes en phase avec le contexte national, mais cela permet aussi d'apporter d'autres types de connaissances sur le sport. On voit des choses intéressantes se construire avec par exemple les gens qui ont un temps de loisir grâce aux congés payés de 1936, raconte Aline Chassagne, adjointe à la culture à la mairie de Besançon, on voit comment le sport fait partie intégrante de nos vies et encore plus aujourd'hui, en lien avec les questions de santé."

Pour proposer un travail complet d'études et de recherches, la Direction du patrimoine historique de Besançon a créé un partenariat inédit avec l'université de Besançon, et notamment l'UFR de STAPS (sciences et techniques des activités physiques et sportives). Le laboratoire C3S (culture, sport, santé et société) de l'université et sa vingtaine de chercheurs ont travaillé pendant un an pour cette exposition. "Pour réussir à rendre scientifique une approche, il était important de questionner les différents évènements qui se succèdent et comprendre comment le sport se construit petit à petit avec des ruptures, des continuités et une évolution complexe", explique Christian Vivier, directeur du laboratoire C3S.

L'histoire du sport bisontin se raconte encore jusqu'au 19 octobre. D'ici là, les athlètes bisontins auront peut-être l'occasion de ramener de nouvelles médailles des Jeux Olympiques, prêtes à faire partie de l'histoire du sport de ville.