Le procès d'une partie du clan de “La Tour de Fribourg”, l’une des bandes rivales engagées dans le trafic de drogue à Besançon s'est poursuivi ce mardi 14 juin. Deux victimes collatérales des affrontements entre bandes ont été entendues.
Le deuxième jour du procès de sept prévenus soupçonnés d'être membres du clan "de la Tour", l'une des deux bandes rivales impliquées dans le trafic de cannabis, cocaïne et héroïne à Besançon, a permis à deux victimes de prendre la parole face au président Guillaume De-Lauriston. Seuls deux jeunes sur cinq ont accepté de venir témoigner ce jour. Ils sont totalement étrangers au juteux trafic illégal mis en place par le clan "de la Tour", dont les chefs présumés sont les frères Omar et Youssouf A.
Les deux victimes étaient ensemble le 10 janvier 2020 lorsqu'un scooter de type T-max, avec deux hommes à bord, a foncé sur eux dans le quartier de Planoise. Le passager a ouvert le feu à de multiples reprises.
Le premier a pris plusieurs éclats de balles dans le corps, dont l'un d'eux se trouve toujours à l'arrière de son genou gauche. Ancien membre de l'équipe de France de karaté au palmarès impressionnant, le jeune homme a dû faire un trait sur sa passion. Il pratiquait le karaté depuis l'âge de 4 ans.
"C'est un miracle qu'on ait si peu de victimes dans cette affaire"
Deux ans après, il garde des douleurs physiques ainsi que des traumatismes psychologiques, sur lesquels il ne souhaite pas s'étendre devant la cour. "On a un énorme préjudice concernant la carrière sportive de mon client" insiste durant sa plaidoirie Me Bonnetain, son avocate. Elle raconte également comment, dans un premier temps, son client a été traité comme un dealer par la police. Sa mère avait notamment été interdite de le voir alors qu'il était à l'hôpital après avoir été visé par plusieurs tirs d'arme lourde.
La deuxième victime présente a été touchée à l'épaule droite juste après son ami. Il a eu le temps et surtout le reflex de se retourner au moment de la détonation. "Si je ne m'étais pas retourné, je l'aurais prise dans le thorax" dit-il, visiblement intimidé à la barre. "C'est un miracle qu'on ait si peu de victimes dans cette affaire, lorsqu'on voit le nombre de douilles ramassées à l'occasion des 18 faits extrêmement graves" tient à rappeler son avocat Me Hakkar. Il dresse le portrait de son client, un garçon particulièrement inséré, et rappelle toute la pression émotionnelle qui pèse sur les victimes qui acceptent de se présenter à cette audience.
On a emmené des techniques de guérilla à Besançon. Rafaler des gens sans s'assurer qu'ils ont un lien avec le trafic... C'est de la rage d'en découdre. Lorsqu'on entreprend de telles manoeuvres, il faut payer.
Me Hakkar, avocat d'une des victimes
"Est-ce que le tireur est parmi ces prévenus ?" interroge Me Hakkar. Il demande 15 000 euros de dommages et intérêts pour son client.
Pour rappel, une personne, elle aussi totalement étrangère au trafic de drogue, a été sauvagement tuée par balles le 8 mars 2020 par l'une des bandes rivales se partageant les points de deal. Il s'agit d'Houcine Hakkar, dont le véhicule a été visé par 28 tirs. Trois lui ont été fatals. Sa mort avait profondément choqué à Besançon, mettant en lumière le sentiment d'impunité et la détermination des dealers.
Mercredi, les réquisitions du procureur Étienne Manteaux doivent avoir lieu. Les prévenus risquent jusqu'à 10 ans de prison. La décision de la cour est attendue jeudi dans la journée.