La justice s’attelle depuis 36 heures à comprendre ce qu'il s’est passé mardi 9 novembre dans un immeuble du quartier de la Mouillère à Besançon (Doubs) où un habitant a été tué sauvagement à son domicile. L’enquête pour homicide est allée très vite.
L’enquête de la police judiciaire a permis d’avancer très vite dans le scénario du drame. Cinq heures seulement après la mort d’un jeune homme de 30 ans, un suspect a été interpellé à l’hôtel Mercure où il avait pris une chambre avec sa compagne. Un hôtel situé dans le quartier de la Mouillère. Les enquêteurs ont retrouvé sur place dans la chambre du suspect des vêtements maculés de sang et une paire de ciseaux qui pourrait être l’arme du crime. Et dans un sac, la carte de visite de la victime, un jeune homme originaire de Loire-Atlantique et qui avait travaillé dans l’horlogerie en Suisse. ll avait un projet de création d’entreprise dans les montres de luxe, a précisé le parquet.
Une rixe et du sang dans la cage d'escaliers
Mardi 8 novembre, peu avant midi, des voisins ont donné l’alerte, alertés par une bagarre dans la cage d’escalier. Les secours interviennent rapidement dans cet immeuble du 23 rue de la Mouillère à proximité du centre-ville.
Le résident de l’immeuble, un jeune ingénieur en horlogerie, est en sang dans la cage d’escalier, touché par des plaies aux jambes, bras, thorax, et à la tête, il est encore en vie, mais les pompiers n’auront pas le temps d’intervenir. L’homme meurt sur place.
Une mort préméditée ou un coup de folie ?
Etienne Manteaux, procureur de la République de Besançon a détaillé lors d’une conférence de presse, les rouages des premières heures d’enquête. L’appartement de la victime n’a pas été fouillé, aucun objet dérobé. Plusieurs voisins ont indiqué avoir vu entre 7h30 et 11h, un individu avec capuche et lunettes de soleil, sonner aux portes de l’immeuble en tenant des propos difficilement saisissables.
Un autre fait intrigue les policiers bisontins. Mardi vers 7h50 dans ce même quartier, une voiture avait percuté un véhicule de la police municipale.
Puis, l’hôtel Mercure fait état dans ses murs d’un individu au comportement suspect. La vidéosurveillance permet d’identifier l’homme à la capuche. La filature des policiers va durer une bonne partie de l’après-midi. Le suspect se fait couper les cheveux, se rend aux Galeries Lafayette puis se confie à une commerçante, en expliquant qu’il vient de tuer, et qu’il peut encore le faire. Au parc Micaud, sur un banc, il tient les mêmes propos à deux jeunes. L’homme est interpellé vers 16h50. Sa compagne âgée de 19 ans est placée elle aussi en garde à vue.
Une garde à vue prolongée pour mieux cerner la personnalité du suspect
Placé en garde à vue, l’homme a reconnu être l’auteur des coups a indiqué le Procureur. Il a d’abord expliqué qu’il avait tué une personne qu’il avait connue en détention et avec laquelle il avait un conflit. La victime n’ayant jamais séjourné en prison, l’homme a alors expliqué qu’il avait “senti que cette personne était une mauvaise personne”. Aux enquêteurs, il a confié qu’”il était la réincarnation de Jésus”.
Le suspect est un Bisontin qui vivait à Valdahon près de Besançon. L’homme était connu des services de police et de justice. Il avait déjà été condamné pour vol aggravé, violences, trafics de stupéfiants et infractions au code de la route. En 2015, il avait été condamné à 5 ans de prison pour vols avec violences en Saône-et-Loire. L’homme a fait l’objet d’un suivi à la sortie de détention en 2020. Il avait retrouvé un emploi, son suivi avait pris fin en avril 2021. L’homme était consommateur de cannabis et de cocaïne, mais n’était pas sous emprise au moment de son arrestation.
Pas d'antécédents psychiatriques du suspect
L’enquête se poursuit sur les emplois du temps du suspect et de sa compagne. Une autopsie de la victime devait être réalisée au lendemain des faits. Pour l’instant, le suspect et la victime ne semblent avoir aucun lien. L’homme a-t-il agi sur un coup de folie tuant un inconnu sous le coup d’une macabre pulsion ? Sa garde à vue doit être prolongée de 24 heures pour mieux cerner l’état psychique de l’individu au moment des faits. “Il est trop tôt pour établir si cet homicide fait l’objet d’une préméditation, d’un motif crapuleux, est-ce que c’est lié à des soucis antérieurs, ou le hasard, le mauvais moment” s’interroge le Procureur. La justice pourrait prononcer une mise en examen pour meurtre ou assassinat selon les éléments à venir de l’enquête.