Excédés par le trafic de stupéfiants qui se tenait quotidiennement dans le hall de leur immeuble, à Besançon, des copropriétaires du "Molière" dans le quartier Planoise, s'étaient mobilisés. Sept mois plus tard, les dealers ont quitté le bâtiment.
Dans sa voix, le soulagement résonne, avec une point de fatigue : "ça fait plusieurs semaines qu'ils ne sont plus là" sourit l'une des copropriétaires du Molière, immeuble situé au 5 square de l'Europe à Besançon. Pendant un an et demi, le hall d'entrée du bâtiment a été l'un des principaux points de deal du quartier Planoise. Mais après sept mois de mobilisation d'un petit groupe de propriétaires, les dealers ont, semble-t-il, levé le camp.
Depuis quelques semaines, nous avons pu observer qu’il n’y a plus de trafic de stupéfiants dans les communs
Message du "Conseil syndical du Molière"
Des tours de veille dans le hall de l'immeuble
Après une première journée de mobilisation le 18 janvier, "journée sans dealers", quelques-uns des 30 copropriétaires de l'immeuble avaient, mi-février, lancé une campagne d'occupation du hall d'entrée, destinée à déranger le trafic de drogue. "On était peu nombreux, alors on y allait de temps en temps" rapporte cette copropriétaire. "Mais jamais aux mêmes heures, pour qu'il n'y ait pas d'habitudes de prises".
"Plusieurs fois, on a demandé aux dealers de partir parce qu'ils n'étaient pas à leur place" raconte-t-elle. "Moi, je n'ai jamais osé" confie la copropriétaire."Moi, je m'installais, je disais que je redescendais dans 10 minutes, et alors, ils partaient, toujours cordialement" note-t-elle.
Si au début, la poignée de volontaire s'est relayé en duo, et avec une certaine appréhension, "peu à peu, on a pris un peu confiance". "On n'a jamais été menaçants ou agressifs" ajoute-t-elle.
Des travaux de sécurisation
Parallèlement, le collectif a réussi à trouver de l'écho auprès de son syndic, et d'un nouveau salarié, pour faire avancer des travaux de "sécurisation" : "Les portes du local technique ont été remplacées, on a remis en route les caméras, et puis un copropriétaire a condamné le couloir". C'est en effet dans le local poubelle que se déroulait le trafic.
Elle avoue ne pas être tout à fait certaine du rôle qu'a pu jouer cette campagne dans le départ des trafiquants de drogue. "Peut-être qu'ils sont partis d'eux-même ?", s'interroge la copropriétaire, avant de remarquer qu'ils avaient tout de même été présents pendant plus d'un an et demi.
"Les copropriétaires doivent continuer de se mobiliser, de s'impliquant en finançant les derniers travaux, et ils doivent trouver des locataires sérieux dans l'intérêt et pour le bien-être collectif" a appelé de ses vœux un communiqué du "Conseil Syndical du Molière", composé des copropriétaires mobilisés.
"Et si notre action se propageait aux alentours du Molière et dans l’ensemble du quartier ?" poursuit le message. "Il ferait bon vivre à Planoise, quartier vivant, bien desservi par le tram, bien doté en commerces, médecins, pharmacies, écoles, lycées, enseignement supérieur, associations diverses et variées."