"Il y aura de la casse" : les boulangeries inquiètes pour leur futur, malgré les annonces du gouvernement

Étranglées par l’augmentation des coûts des matières premières et par la flambée du prix de l’énergie, de plus en plus de boulangeries sont au bord de la faillite. Au lendemain d’annonces de l'exécutif à destination de la profession, les artisans de Bourgogne-Franche-Comté restent inquiets quant à leur avenir.

Fin novembre, la baguette de pain a été inscrite au patrimoine immatériel de l’Unesco. De quoi réjouir un temps les boulangers, mais encore faut-il pouvoir produire ce met désormais reconnu à l'international, à l’heure où les prix des matières premières et de l’énergie augmentent. "On paie double sur le beurre, le lait, la crème mais la plus grosse inflation, c'est la farine, passée de 65 euros le quintal à 100 euros", énumère Nadège, 34 ans, qui tient avec son mari Nicolas une boulangerie-pâtisserie à Lons-le-Saunier (Jura). 

L’électricité n’est pas en reste non plus, comme le déplore David Tuaillon, installé depuis douze ans à Vesoul, en Haute-Saône : tandis qu’il payait en moyenne 2.500 euros tous les mois, sa facture a été multipliée par trois pour atteindre quasiment 7.000 euros, avec de nouveaux tarifs fixés et non négociables. Même constat chez ce boulanger de Besançon : 5.600 euros, contre 1.500 habituellement. Face à cette flambée des coûts, nombreuses sont les boulangeries à craindre pour leur avenir, quand elles n’ont pas déjà mis la clé sous la porte. 

Souplesse exigée des fournisseurs d'énergie

"Les fournisseurs n'aident pas suffisamment les boulangers et les PME. Je demande aux fournisseurs d'énergie de faire plus, de faire mieux, et de le faire tout de suite", a en ce sens déclaré le ministre de l’Économie et des Finances, mardi 3 janvier. Une des mesures, "exceptionnelle" et destinée uniquement aux boulangers, prévoit que si la survie de l’entreprise est menacée, les fournisseurs d’énergie acceptent de résilier des contrats lorsque les prix ont explosé de manière "prohibitive et insupportable, au cas par cas, sans frais pour le boulanger, pour renégocier des contrats plus avantageux", a précisé  Bruno Le Maire. 

Jusqu’à 40% de remise sur la facture d’électricité.

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances

Il s’est également adressé aux 33.000 boulangers français en assurant que l’exécutif allait écrire un "courrier personnalisé" pour "leur préciser les aides auxquelles ils ont droit", soit "jusqu’à 40% de remise sur la facture d’électricité" grâce au cumul des aides annoncées par le gouvernement. Mais pour l’instant, "c’est le flou le plus complet", regrette Nadège, qui n’arrive toujours pas à connaître le tarif auquel sa boulangerie de Lons-le-Saunier pourra prétendre.

Un accompagnement jugé trop partiel

Des annonces qui laissent à ces artisans un sentiment d’inachevé, d'après les témoignages receuillis. "Ça ne sert pas à grand-chose car ça reste une petite partie", indique David Tuaillon, responsable de 13 salariés interrogé dans le cadre d'un reportage télévisé par Frédéric Buridant. "C’est déjà bien mais ce n'est pas assez", abonde Alexandre Figard, gérant à Besançon, dans le Doubs. 

Eux auraient notamment apprécié une régulation globale des prix de l’énergie ou un accord avec les banques en cas de difficultés financières. "La première des mesures à prendre et la plus évidente aurait été de baisser la TVA sur les factures", estime quant à lui Bernard Zabée, président des boulangers de Haute-Saône : "Concernant les cotisations, on va devoir les payer et la trésorerie ne sera pas meilleure dans un ou deux mois", ironise-t-il en référence au report du paiement des impôts et des cotisations sociales, annoncé par la Première ministre Elisabeth Borne. Il prévient : "Il y aura de la casse, c’est indéniable."

"On va devoir payer les cotisations et la trésorerie ne sera pas meilleure dans un ou deux mois"

Bernard Zabée, président des boulangers de Haute-Saône

"Au pied du mur"

Les différents artisans interrogés déplorent tous un manque d’anticipation, avec le sentiment d’être "au pied du mur", sans avoir été écoutés : "Si on nous avait prévenu un peu plus tôt, on aurait pu trouver des solutions, mais on a été coincés par les contrats d’énergie", explique le gérant d’une boulangerie de Besançon. Alors, si les boulangers espèrent encore un nouvel effort de l’exécutif pour garder leur commerce hors de l’eau, ils tentent néanmoins de prendre les choses en main : nouveau compteur, cuisson lors des heures creuses, moins de watt sur le four, qui tourne à plein régime, voire achat d’un matériel moins énergivore…

Le tout en restant solidaire. Comme il en est coutume, vendredi se tiendra la traditionnelle galette des rois à l’Elysée. Mais invité par Emmanuel Macron, le président des boulangers de Haute-Saône, Bernard Zabée, a précisé qu’il ne s’y rendrait pas : "C’était indécent, j’entends rester aux côtés des boulangers."

 

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