À l’occasion de la Toussaint, nous avons voulu savoir combien coûtent aujourd’hui des obsèques en France. À l’heure de la mort, un enterrement nécessite un budget de plusieurs milliers d’euros.
Nous avons eu beau prendre notre téléphone en main. Pas évident d’obtenir, même quand on est journaliste, des données sur le prix d’une crémation ou inhumation. Plusieurs sociétés de pompes funèbres n’ont pas donné suite à notre demande.
Selon une étude de l’UFC Que Choisir, le prix moyen d’une inhumation était en 2019 de 3815 euros, 3986 euros pour une crémation. Le covid, l’inflation ont fait gonfler la note depuis.
"C’est moins tabou aujourd’hui de faire plusieurs devis"
Alexandra Clouzot dirige une société indépendante de pompes funèbres à Ecole-Valentin près de Besançon (Doubs). Elle accepte en toute transparence de nous livrer ses tarifs. Pour une prestation classique comprenant le cercueil, l’urne, la présentation en salon funéraire, il faut compter 3638 euros pour une inhumation, 3120 euros pour une crémation. Ces prix ne comprennent pas les soins de conservation.
Les tarifs des obsèques peuvent varier d’une société de pompes funèbres à l’autre. Presque du simple au double, selon l’enquête réalisée en 2019 par Que Choisir.
Le secteur des pompes funèbres n’a pas échappé aux hausses de prix. “Il y a eu des hausses depuis le covid sur les cercueils, notamment en pin. Et sur la crémation du fait du prix de l’énergie. On a dû répercuter aussi le prix du carburant sur les transports” explique Alexandra Clouzot.
La professionnelle des pompes funèbres constate que les gens attendent de moins en moins le dernier moment pour préparer leurs obsèques. “Certains ont été confrontés à des obsèques non préparées, ils veulent éviter cela à leurs familles. Et puis sur la fin de vie, les personnes sont de plus en plus incitées à établir plusieurs devis. Ça devient moins tabou de faire des devis” estime-t-elle.
La crémation gagne du terrain
Aux pompes funèbres Clouzot, 60% des obsèques se font sous la forme d'inhumation, bien souvent car un caveau familial existe pour accueillir le défunt. 40% des obsèques se font par crémation. “Les personnes savent que les gens ne vont plus dans les cimetières, ils préfèrent la dispersion des cendres ou le colombarium”.
Une tendance qui est observée également par Funecap, groupe qui possède notamment le magasin Roc Eclerc de Besançon. La crémation progresse d'un point chaque année en France, elle séduit pour des raisons économiques, philosophiques, parfois écologiques. "Une crémation coûte 40% moins cher chez nous qu’une inhumation. Il n’y a pas de travaux de caveau à faire. Souvent l’urne est dispersée” précise Damien Garon, directeur adjoint du groupe de pompes funèbres. “Et les familles ont tendance à investir moins d’argent dans un cercueil lors d’une crémation, car il est brûlé”.
Le cercueil est une ligne importante du budget lors d'obsèques. Il y a aussi les salaires des personnels qui représentent la moitié de la note, les prestations des tiers, les taxes… Tout ne rentre pas dans les caisses des pompes funèbres, précise le responsable.
Une crémation revient aujourd’hui, selon le grand groupe, à 3500-4000 euros environ. Compter 4500-5000 euros pour une inhumation classique. Le monument funéraire sera en plus.
Chaque famille a une vision bien à elle des obsèques. Certains ne se limiteront pas pour le dernier voyage du défunt. Pour d’autres, les obsèques sont un poids financier. À tel point que certains transfèrent les personnes décédées en milieu hospitalier, directement de la morgue au crématorium, sans passer par un temps de recueillement en salon funéraire.
“On a nous, les pompes funèbres, une vraie valeur sociétale. C’est un marché effectivement très complexe, avec une dimension philosophique, sociétale, religieuse, économique. C’est un beau métier fascinant. Plus les années passent, plus on a une volonté de mieux faire. On sait que la moitié du travail de deuil repose sur des obsèques parfaitement orchestrées” estime le professionnel. Il concède que le secteur peine à recruter.
Les conseils de l’UFC Que Choisir pour bien préparer des obsèques
Monique Bisson est vice-présidente de l’association de consommateurs Que Choisir dans le Doubs. Selon elle, des obsèques en Franche-Comté, c’est actuellement un budget d’environ 4.000 euros, sans le caveau. Elle insiste sur la nécessité d’obtenir plusieurs devis quand cela est possible. “22% des entrepreneurs de pompes funèbres ne fournissaient pas de devis, lors de notre enquête menée en 2019”, explique-t-elle. Dans 65% des cas, il n’était pas conforme. “Le devis doit être clair et mentionner les prestations obligatoires, comme le cercueil, et les prestations annexes non obligatoires comme les soins de thanatopraxie… Ce n’est pas tout à fait évident pour une famille endeuillée de dire non. Il y a une pression psychologique sur des personnes souvent démunies par une mort, surtout quand elle a été brutale”.
Privilégier le bouche-à-oreille
Pour l’association de consommateurs, même si la profession de pompes funèbres est réglementée et ouverte à la concurrence, il ne faut pas hésiter à se renseigner, vers des proches, des voisins qui ont eu à organiser des obsèques récemment. “Le bouche-à-oreille est très important dans ce domaine, car il est difficile de faire des comparatifs” note Monique Bisson. Les sociétés ont pour obligation d'afficher les prix en boutique.
Selon l'étude réalisée par l’UFC Que Choisir en 2019, les pourcentages de clients satisfaits sont les suivants :
- Pompes funèbres en régie municipale 92%
- Pompes funèbres indépendantes 88,1%
- Roc Eclerc 83,2%
- Autres sociétés 82%
- Groupe OGF sans les Pompes Funèbres Générales 81,2%
- Pompes Funèbres Générales 74,7%
Attention aux contrats obsèques
L’association de consommateurs invite à la plus grande prudence si vous souhaitez souscrire un contrat obsèques. “Il y a des arnaques possibles, des conditions bien précises certaines, on ne conseille pas ces contrats obsèques… Il vaut mieux placer de l’argent et le faire fructifier en vue de préparer ses obsèques” estime Monique Bisson.
Pour Damien Garon, du groupe Funecap, la vision se veut tout autre. Il conseille d'anticiper, pour être le plus serein. Et surtout, de savoir si l'on optera pour la crémation ou l'inhumation. "10 à 20% des familles qui viennent nous voir lors d'un décès, ne connaissait pas le voeu du défunt".
► Devis, délais, loi, urne funéraire.... tout savoir sur les obsèques en France