Une agression a eu lieu dans la nuit de vendredi 4 à samedi 5 août dans le centre-ville de Besançon. Deux personnes transgenres ont été victimes d'insultes et de coups rue Bersot. L'une des victimes a accepté de témoigner.
C'est une nouvelle agression visant la communauté LGBT + qui a eu lieu le 5 août, une semaine après celle qui s'est déroulée au parc Micaud à Besançon. Une information révélée par le journaliste Toufik de Planoise sur son compte Twitter le 7 août. Contacté par la rédaction, une des victimes a accepté de revenir sur les évènements. Il est entre 2 h et 3 h du matin, dans la nuit de vendredi 4 à samedi 5 août, quand Charles* reçoit un appel d'un ami.
"J’ai reçu un message et un appel de mon camarade qui me disait qu’il était suivi et qu'il avait peur. Je lui ai proposé qu’on se rejoigne rue Bersot. J'étais avec ma chienne. On s'est rejoint au niveau de la salle de boxe en s’enfonçant dans la cour pour se cacher", explique le jeune homme de 22 ans.
Une agression violente et rapide
Alors que les deux amis pensent avoir échappé aux deux individus, ces derniers les retrouvent. "Je suis sorti de la cour pour voir s'ils étaient partis, ils m'ont vu et se sont dirigés vers moi en lâchant des insultes homophobes". Charles tente d'alerter le voisinage, en vain. Son ami le rejoint et les menaces de passage à tabac commencent. "Il y en a un qui s'est approché de moi, le torse bombé. Mon ami a essayé de s'interposer et c'est là qu'on s'est pris les coups", raconte le jeune homme.
"Plusieurs coups au visage m’ont fait tomber. J'ai eu aussi des coups au thorax. J’avais les yeux fermés, au sol. Quand je les ai rouverts, je les ai vus donner un coup de pied à ma chienne", se souvient Charles. Son ami se prend également plusieurs coups dont un violent au visage. Le calvaire prend fin lorsque des passants et des voisins s'approchent.
Ils sont partis en courant quand des gens sont arrivés. Les personnes de l'immeuble en face sont descendues, d’autres sont venus nous aider. C’est là qu’on a vu tout le sang. On a appelé la police immédiatement
Charles,victime de l'agression
La police intervient rapidement et prend la déposition des deux victimes, encore choqués par ce qui vient de leur arriver. Charles souffre de douleurs aux genoux et au thorax, son ami quant à lui a le nez cassé et déplacé.
"Je ne sais pas ce que va devenir mon futur"
En témoignant, Charles raconte son histoire. "Depuis mes 15 ans, je me fais appeler par un prénom masculin et pronom masculin. J’ai commencé les hormones il y a deux ans et demi. La vie est plus facile quand on est soi-même", confie-t-il. Mais face à la multiplication des agressions homophobes et transphobes, le jeune homme ne se sent pas en sécurité. "Les agressions, c’était déjà arrivé, mais ça restait au stade des insultes. C'est la première fois que c'est aussi violent", explique-t-il.
Avant de rajouter "je ne sais pas ce que va devenir mon futur". Passé le choc et l'émotion, Charles a porté plainte. "J’espère que ça aboutira à quelque chose. Ça montrera à quel point c’est en train de devenir dangereux ce climat actuel". Quand on lui demande s'il a un soutien psychologique, il répond "je vais en avoir besoin dans pas longtemps". Mais le jeune homme ne compte pas se cacher. "On a commencé à ressortir le plus vite possible, pour ne pas s'enfermer. Mais des amis nous ont accompagnés", précise-t-il.
Une enquête est en cours
Contacté par la rédaction, le parquet de Besançon a confirmé qu'une enquête était en cours pour déterminer les circonstances et retrouver les mis en cause. Les deux victimes disent avoir reconnu au moins l'un des agresseurs, comme appartenant à un mouvement d'extrême droite local.
"Il y en a un qui nous avait déjà insultés. Il est assez connu dans Besançon pour être fasciste". Charles reconnaît une montée en puissance des discours et actes haineux envers la communauté LGBT +, commis par l'extrême droite. "Ça n'aurait jamais dû commencer, ça reprend très fort, même par des mouvements plus soft. Les discours d’extrême droite sont relayés par des personnes pas forcément d’extrême droite. C’est incroyable !"
*Le prénom a été modifié