"Combien de violences restent encore inconnues ?" : à Besançon, l'inquiétude grandit après deux agressions homophobes au parc Micaud

Dimanche 30 juillet, deux hommes homosexuels se sont fait agresser en au parc Micaud, à Besançon. Des violences nocturnes qui rappellent les événements de 2018, lorsqu'une série d'agressions homophobes avaient déjà frappé la capitale bisontine.

"Alerte agression homophobe". Trois mots, publiés lundi 31 juillet sur un post Facebook de l'association Aides Besançon, organisme engagé dans la lutte contre le VIH et les hépatites. Trois mots qui font écho à de tristes événements survenus le week-end des 29 et 30 juillet dernier, au Parc Micaud, à Besançon.

Là-bas, deux nuits de suite, des hommes homosexuels se sont fait agresser par plusieurs individus, précise le parquet de Besançon. "Un homme de 51 ans est d'abord venu porter plainte pour des violences survenues dimanche 30 juillet, autour de 23h50", précise Alexia Marquis, substitut du procureur de la République de Besançon. "Très vite, les forces de l'ordre ont interpellé trois mineurs. Deux garçons de 17 ans ont ensuite été placés sous contrôle judiciaire".

Une enquête est en cours. Selon le parquet, les jeunes hommes "se seraient sentis provoqués par la victime, qui aurait exhibé son sexe avant de lancer des propos scabreux. Ils l'auraient ensuite mis au sol avant de le gazer avec une bombe lacrymogène". En saisissant les téléphones des deux suspects, la justice découvre "une vidéo dans laquelle on peut voir une autre agression, également au Parc Micaud, dans la nuit de samedi à dimanche" complète Alexia Marquis.

C'est moi qui l'ai conduit aux urgences dimanche 30 juillet, au matin. Il avait reçu des coups de pieds, des coups de poings, par un groupe de six personnes

Xavier,

ami de l'homme homosexuel passé à tabac dans la nuit de samedi 29 à dimanche 30 juillet

Il est ici question de l'agression homophobe relayée par l'association Aides. Celle-ci se serait déroulée dimanche 30 juillet, vers minuit 20. "Pour ces premières violences, la victime n'a pas porté plainte, et les agresseurs n'ont pas été identifiés" conclut le parquet de Besançon.

Mercredi 2 août, France 3 Franche-Comté a néanmoins pris contact avec l'entourage de la première victime. Encore trop choqué par l'agression, "il n'est pas en mesure de témoigner et, pour l'instant, ne souhaite pas porter plainte" assure Xavier, un de ses amis. "C'est moi qui l'ai conduit aux urgences dimanche 30 juillet, au matin. Il avait reçu des coups de pieds, des coups de poings, par un groupe de six personnes".

Une montée des violences homophobes ?

Et si la victime ne s'en sort "qu'avec de grosses contusions", le moral est atteint, explique Xavier. "Il ne veut plus sortir, s'est mis en arrêt de travail et a constamment peur. Les séquelles psychologiques sont lourdes". Xavier, lui-même agressé en 2018 à Besançon, craint une nouvelle montée des violences homophobes. "On fait tout pour que mon ami porte plainte, et pour médiatiser ces agressions. Ma peur, c'est que d'autres personnes homosexuelles, ou de la communauté LGBTQIA+, taisent des violences qu'elles auraient pu subir, par peur".

Jugement en octobre pour violences aggravées

Une crainte partagée par le parquet de Besançon. "En 2018, nous avons fait face à une série d'agressions homophobes, sur le même mode opératoire, déjà au parc Micaud", reprend le substitut du procureur de la République de Besançon. "Pour éviter que ce phénomène ne réapparaisse, nous avons voulu frapper fort, tout de suite". Ainsi, les deux agresseurs déjà identifiés seront jugés en octobre pour violences aggravées en réunion, avec arme et en raison de l'orientation sexuelle de la victime.

Une décision jugée juste par Xavier, mais qui n'efface pas le sentiment de montée d'insécurité ressentie par la communauté homosexuelle bisontine. "Depuis 2018, je me sens de moins en moins à l'aise. Quand je me balade avec mon compagnon, je reçois de plus en plus de regards mauvais. Les insultes fusent. J'ai 49 ans et même étant jeune, à une époque où la société était "moins évoluée" sur le sujet, je me sentais plus en sécurité".

"Nous pensons que ces dernières semaines, il y a eu en réalité d'autres agressions à caractère homophobe" conclut le parquet de Besançon. "Nous devons absolument convaincre les potentielles victimes de parler, de porter plainte. C'est la seule solution pour sévir et combattre les violences homophobes".

Pour rappel, selon le dernier rapport annuel de l'association SOS Homophobie, publié en mai 2023, une personne LGBT+ a été agressée tous les deux jours en France en 2022. Une hausse de 28 % par rapport à l'année 2021.

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