Avril, mai, juin, des mois propices aux grandes fêtes printanières, et évidemment aux mariages. Pour les principaux concernés, c'est toute une organisation à revoir, parfois sans nouvelle date. Pour les prestataires, des conséquences en cascade. Témoignage d'une future mariée en plein marathon.
Au-delà de la date, c’est une minutieuse planification à revoir. « On y met du sien, c’est beaucoup d’investissement, quand on apprend du jour au lendemain que ce qu’on a préparé va tout changer, ça fait un peu mal au coeur », se remémore Pauline. L’optimisme en bandoulière, les futurs mariés essayent de décaler : « Ca n’a pas été simple, 2020 était déjà assez chargée. On a réussi à trouver une date en septembre, dans un domaine particulier. »
On ne trouve pas beaucoup d’infos sur internet, les gens ne savent pas quoi faire.
Pauline, future mariée
Sur son blog et son compte instagram, où elle témoigne de cette histoire, Pauline a de nombreux retours d’autres couples, désemparés, qui ne savent pas s’ils doivent annuler leur mariage prévu à l’été 2020 à cause du Coronavirus. « On ne trouve pas beaucoup d’infos sur internet, les gens ne savent pas quoi faire. » Quant à ceux qui ont décidé de décaler, reste à trouver un arrangement avec traiteur, DJ, photographe… « Sur Instagram, certains m’ont dit qu’ils avaient eu des difficultés, [leurs prestataires] voulaient être payés pour les dates annulées. » Ce qui, en raison de l’état d’urgence sanitaire, n’est en principe pas légal. De leur côté, Pauline et Antoine évoquent des prestataires « compréhensifs » mais néanmoins inquiets : « Le traiteur nous a donné quatre dates sur 2020, en nous disant : c’est mieux là car sinon on va couler. »
Mariages prévus à l'été 2020 : "le grand flou"
Du côté des salles, c’est tout un agenda à revoir. Le fort Saint-André, à Salins-les-Bains (Jura), est parfois réservé deux ans à l’avance. Juché sur une colline surplombant la capitale du sel jurassienne, l’emplacement est connu dans le petit milieu des salles de mariages franc-comtoises. Une vingtaine de mariages y ont lieu chaque année.
Alors en pleine saison des unions, Audrey Duthey et Bruno Corteel, les gérants, ont dû se réorganiser : « On a eu tous les mariés de la période au téléphone, on essaie de reporter aux maximum les mariages d’avril et de mai. » Quand aux mariages prévus à l’été 2020, ils sont suspendus à l’évolution de l’épidémie. Et les annonces du Premier ministre, ce 28 avril, ont corroboré leurs craintes. « Le téléphone a sonné direct, on a eu des confirmations de personnes avec qui on avait déjà convenu d’une nouvelle date. »
Pourtant, ce plan de déconfinement n’a pas beaucoup éclairé les tenanciers du fort. Avant le 2 juin, aucun mariage n’est célébré en mairie, les rassemblements limités à 10 personnes, et les déplacements de plus de 100km interdits. Mais ensuite ? Exemple avec le prochain mariage prévu, le 20 juin. « C’est déjà un report du mois d’avril », explique Bruno Corteel. Mais aucune certitude qu’il ne soit pas de nouveau décalé, lui aussi. « On ne nous interdit pas d’héberger. On est assimilés à un hôtel. Mais comme les rassemblements sont interdits… Ca nous a amené encore plus de flou. »
La saison 2021 déjà très chargée...
Pour l’heure, seules deux annulations sont à déplorer au fort Saint-André. Toutes les autres dates ont pu être décalées, non sans difficulté. « On avait encore des dates en octobre. Pour les mariés de fin août on pose des options sur 2021. Mais la saison 2021 est déjà très remplie », avertit Bruno Corteel. Et « pas question de décaler les mariages de 2021 sur 2022. » Alors pour se donner plus de latitude, les gérants ont décidé d’ouvrir de mars à novembre, au lieu d’avril à octobre d’accoutumée.
Faire un mariage à contre-coeur, il ne faut pas. Les gens auront la boule au ventre, ils auront peur de se contaminer.
Alexandre Chouffe, gérant du domaine des Bains de Guillon
Au domaine des Bains de Guillon, dans le Doubs, le gérant Alexandre Chouffe évoque de son côté une « saison blanche, jusqu’en septembre ». Pour lui, c’est trop risqué d’envisager des mariages avant : « La règle du jeu n’est toujours pas claire, les prestataires sont dans le flou et les mariés ne peuvent pas être dans l’à-peu-près. » Au téléphone avec ses clients, Alexandre Chouffe préfère avertir : « Faire un mariage à contre-coeur, il ne faut pas. Les gens auront la boule au ventre, ils auront peur de se contaminer. » Et à l’autre bout du fil, les futurs mariés, sans surprise, « ne veulent pas d’un mariage avec des masques. Ils ne veulent pas prendre de risque pour leur famille, donc on repousse. »
... et des visites déprogrammées
Quant à tous ceux qui, encore dans les temps, devaient visiter les lieux actuellement, le temps s’accélère brusquement. « Les visites sont à zéro, regrette Alexandre Chouffe. Je ne sais pas si je pourrai déjà contenter les clients de cette année. » Dans le meilleur des cas, le propriétaire espère reprendre en septembre, et proposer des solutions à ses clients un maximum cet automne, « s’il n’y a pas de 2eme vague. »
Pauline, elle, veut voir le bon côté des choses : « On est positifs pour septembre. Ca arrivera bien un jour ! » Sur son blog, elle ne manque pas de rassurer tous ceux qui sont en plein décalage, et de donner des pistes pour prévenir les proches : « une petite vidéo humoristique, un envoi de masques en tissu brodés avec la nouvelle date », bref, de quoi retrouver le sourire.
A Besançon, une autre future mariée est parvenue à décaler son mariage à l'automne. Nous l'avons suivie dans ce saut d'obstacles éprouvant !