Mort de Seïf Boulazreg près d'une boîte de nuit à Besançon : une marche blanche rassemble environ 250 personnes

Une marche blanche en mémoire de Seïf Boulazreg a eu lieu ce vendredi, à partir de 17h à Besançon. Environ 250 personnes, dont la famille du jeune homme décédé, se sont rassemblées pour demander "la justice et la vérité". Détails.

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"Je veux la justice ! Ce n'est pas une chute de 4 mètres 50 qui a mis mon fils dans cet état. Ce n'est pas possible. Il a été battu à mort mon fils". Les mots de Karim Boulazreg, le père de Seïf Eddine, 25 ans, décédé dans la nuit du 23 au 24 juillet, sont forts tant les incompréhensions demeurent. La photo de son fils, sur son lit d'hôpital, est imprimée sur son t-shirt. Seïf Eddine Boulazreg a été retrouvé inconscient et grièvement blessé, en contrebas d'un mur situé dans le quartier Tarragnoz. Il a succombé quelques heures plus tard de ses blessures au CHU de Besançon.

Environ 250 personnes se sont données rendez-vous, place Pasteur à 17h ce vendredi, vêtues de t-shirts blancs marqués de l'inscription "Justice pour Seïf" et brandissant des banderoles réclamant la vérité. Le cortège silencieux, escorté par la police, a déambulé dans le calme dans les rues du centre-ville, jusqu'à la boîte de nuit le QG. "C'est là que l'histoire de mon fils commence" dit le papa, montrant du doigt l'établissement de nuit. Il est accompagné par sa cousine et des membres de la famille mais aussi par des amis du jeune homme et des soutiens de la famille, notamment des personnalités impliquées dans la vie associative à Besançon.

C'est le cas de Rémy Vienot, travailleur social. Il est l'un des organisateurs de cette marche. "Ca me semble si injuste pour ce jeune plein de vie... Ca fait vraiment mal au coeur. Cette marche blanche est pour sa mémoire. Il sera enterré en Algérie et on voulait lui dire adieu. Moi, ce qui me met en colère, c'est que c'est un gamin. C'est juste pour la justice. On veut connaître la vérité" explique-t-il.

"Rien ne pouvait justifier autant de violences"

"Seïf n'a rien détérioré, il n'était pas agressif. Rien ne pouvait justifier autant de violences. Il y a plusieurs fractures, son visage était tuméfié, tous les organes ont été touchés... Cette chute ne peut pas expliquer tout ça. Il y a eu un acharnement sur son corps aux vues des éléments de l'autopsie. On veut avoir confiance en la justice. On veut que l'enquête soit menée dans le respect de la loi" précise Nadjma Boudchicha, la cousine du père de la victime. 

Selon les propos du gérant de la boîte de nuit le QG, qui a couru après le jeune homme en fuite dans la rue, ce dernier était "nerveux" et aurait "détérioré du matériel" après avoir été refoulé de l'établissement. 

Le cortège prend ensuite la direction du lieu où a été retrouvé le jeune homme inanimé. "C'est impossible, tu meurs pas en tombant de ce mur" entend-on dans le cortège. Les questions sont alors sur toutes les lèvres. "Pourquoi la boîte de nuit n'a pas été fermée administrativement ? Pourquoi ils lui ont couru après ? Pourquoi le gérant n'a pas été inquiété et placé en garde à vue ?" interrogent les participants à la marche.

Lisa, une Bisontine, ne connaît pas Seïf Eddine Boulazreg, ni même sa famille, mais a souhaité participer à la manifestation. "J'ai été bouleversée quand j'ai lu cette actualité. Ça m'a touchée alors j'ai voulu venir, ce n'est pas grand chose mais c'est important" confie-t-elle.

Une pétition en ligne réclamant "Vérité et justice pour Seïf" rassemble plus de 6000 signatures au moment où nous écrivons cet article.

Des expertises plus précises attendues

L'avocat Arié Alimi, pénaliste spécialisé dans les violences policières, représente désormais la famille de Seïf Boulazreg. Tout comme la famille du jeune homme retrouvé en arrêt cardio respiratoire au pied d'un mur en contrebas de la citadelle dans la nuit du 23 au 24 juillet, il doute de la version des faits donnée par le gérant de la boîte de nuit le QG, ancien policier (lire notre article).

Joint par nos soins ce jour, le procureur de la République Etienne Manteaux confirme que l'enquête se poursuit. "L'objectif est d'avoir des données médicolégales", explique-t-il, tout en précisant que la justice attend les analyses anatomopathologiques "qui permettraient de voir la compatibilité entre les lésions et la chute" du jeune homme de 25 ans.

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