Une tribune vient d’être signée par plusieurs élus de Bourgogne-Franche-Comté dont les maires de Besançon et Dijon. Elle interpelle Jean-Pierre Farandou le président-directeur général de SNCF.
Ils ont pris leur plus belle plume, et les formes pour pousser un coup de gueule. François Rebsamen, Maire de Dijon, Président de Dijon métropole, Anne Vignot, Maire de Besançon, Présidente de Grand Besançon métropole, François Sauvadet, Président du Département de Côte-d'Or, Christine Bouquin, Présidente du Département du Doubs sont les signataires de ce texte.
Objet de leur colère, la suspension durant la crise sanitaire du covid de la desserte TGV Mulhouse-Lille via Belfort-Montbéliard, Besançon, Dijon, Montbard, Marne-la-Vallée et Roissy.
“On n’annule pas, on suspend, le temps de la crise sanitaire », promettait en 2020 la porte-parole de la SNCF. La compréhension était naturelle : la France était à l’arrêt et la situation tragique. Trois ans plus tard, cette desserte n’est toujours pas rétablie. Pourtant, la SNCF annonce un été record avec 24 millions de voyages et +10% de billets vendus sur les grandes lignes ; plus encore, le tourisme en atteste : « la façade Atlantique et la Méditerranée ont été particulièrement plébiscitées cet été, tandis que la croissance est tirée par des destinations vertes, notamment les Alpes, la Bourgogne et l’Alsace “ écrivent les élus.
Un enjeu économique pour la Bourgogne-Franche-Comté
La ligne Mulhouse-Lille permet de rejoindre la capitale des Hauts-de-France. Elle relie également l’aéroport de Roissy-Charles-de-Gaulle et offre un accès facile à Disneyland et la région parisienne.
“Cette suspension commence à durer : elle est profondément néfaste à l'attractivité européenne et internationale, économique, universitaire, sociale et culturelle de nos territoires. Côté SNCF, on jure que l’affaire n’est pas rentable. Rien ne le prouve et les interrogations sont nombreuses. Certes, la SNCF a des impératifs financiers. Mais l'argument est-il pour autant le seul à prendre en compte ? La SNCF entend-elle bientôt « suspendre » d’autres lignes pourtant plébiscitées par les voyageurs, mais considérées comme déficitaires alors-même que les trains seraient pleins ? Les enjeux stratégiques liés à l’écologie, à l’attractivité, au tourisme, à l'aménagement d’un territoire et aux besoins de la population ont-ils si peu de poids ?” ajoutent-ils.
Pour les élus, il y a eu “tromperie” sur le dos du covid. Au nom de l’écologie, de l’économie, du développement universitaire et des habitants, les élus ferraillent donc pour tenter d’obtenir le rétablissement de la desserte quotidienne TGV Mulhouse-Lille.
“Rétablir cette desserte, c’est investir pour l’avenir, c’est créer des opportunités pour nos citoyens et préserver notre environnement. Bien plus qu’une voie ferrée, la ligne Mulhouse-Lille incarne la promesse d'un avenir pour notre région. S’en passer n’est pas une option. Tous les jours, de fidèles usagers de la SNCF pestent contre les retards, les trains annulés, le manque d’information des voyageurs. Oui, nous préférons le train ; Monsieur Farandou, faites-nous aimer la SNCF” concluent les élus.
“La SNCF est sur une logique commerciale”
La Fnaut, fédération nationale des usagers en Bourgogne-Franche-Comté estime que cette tribune des élus est une bonne chose. “C’est une démarche que l’on soutient à 100%. Depuis quatre ans, le covid a été une bonne occasion pour la SNCF de suspendre cette ligne. La SNCF nous avait indiqué qu’elle perdait 2 à 3 millions d’euros par an. C’est un argument qu’on a du mal à comprendre car elle ne s’est pas vraiment donné les moyens pour développer le trafic” confie Cédric Journeau, président de la FNAUT BFC. “La rame TGV faisait un aller-retour quotidien, elle passait la journée stationnée à Lille. On avait proposé de faire un voyage supplémentaire dans la journée entre Lille et Dijon” ajoute--t-il.
Le représentant des usagers estime qu’en ces temps de transition écologique, avoir un TGV qui permet de rejoindre Roissy serait judicieux. Il estime que la SNCF est aujourd’hui une machine de guerre qui peine à avancer, et qui reste sur une logique purement commerciale.