Depuis plusieurs jours, des anonymes collent de nombreux messages dans les rues de Besançon, comme dans de nombreuses villes françaises, pour dénoncer la persistance des féminicides en France.
"Papa il a tué maman". Les grosses lettres noires sur fond blanc s'affichent sur la devanture d'un local commercial en travaux dans le centre-ville de Besançon. Depuis quelques jours, ces messages anti-féminicides collés de manière illégale se multiplient dans les rues de la Boucle. Les anonymes qui collent ces affiches entendent dénoncer la persistance du nombre de victimes de violences conjugales en France. Plusieurs villes de France, de Paris à Brest en passant par Toulouse ou Angers, voient fleurir les mêmes messages.
Un collectif nommé "Collage féminicides", né à Paris avant de s'étendre partout sur le territoire, revendique ces actions en postant les photos des affiches sur le réseau social Instagram. Le 30 août 2019, au début de leur action, 99 femmes avaient été tuées par leur conjoint ou ancien conjoint depuis le début de l’année. Deux semaines plus tard, elles étaient 104.
Nous avons pu joindre l'une des militantes du mouvement "Collage féminicides" à Besançon, qui a préféré rester anonyme. "Nous ne sommes pas vraiment un collectif. Il s'agit plutôt de gens qui agissent en prenant pour exemple cette initiative qui est née à Paris. Nous la relayons pour qu'elle ait une portée globale", dit cette militante.
Elle ajoute que ce mode d'action a pour but de faire bouger les autorités locales et nationales, que les membres de "Collage féminicides" jugent apathiques sur le dossier des violences conjugales. "Il y a quelques mois à Besançon, une femme ( NDLR : il s'agit de Razia) a été égorgée par son "ex" après avoir porté plainte six fois contre lui sans résultat. Après le meurtre, le procureur avait dit qu'on ne pouvait pas arrêter un homme déterminé", poursuit-elle.
"Il y a une dégradation de l'espace public"
À Besançon, les services de la ville sont débordés par cette campagne sauvage d'affichage. Marie Zehaf, adjointe à la voirie et aux infrastructures, comprend la colère qui emplit le coeur des militantes auteures de ces slogans, tout en appelant à coller ces messages sur des espaces réservés à l'affichage libre."Vu l'importance du sujet, je comprends que les auteurs de ces messages peuvent avoir envie d'interpeller les gens de manières récurrente. On ne peut pas condamner ces personnes qui dénoncent les féminicides, mais en même temps il y a une dégradation de l'espace public. Quand les agents de la voirie sont occupés à enlever des collages sauvages, ils ne peuvent pas faire autre chose", explique Marie Zehaf.
Pourquoi les militantes (il n'y a pas d'homme dans le mouvement) de "Collage féminicides" ne collent-elles pas leurs affiches sur des espaces réservés à cet effet ? "Le problème est général et public. Nous voulons pousser les autorités à réagir. Quand il y a un collage, il y a beaucoup de relais. Nous avons des retours, il y a des photos sur les réseaux sociaux et je suis à l'heure actuelle au téléphone avec vous, preuve que notre action à une portée", conclut la militante du collectif. Les collages devraient donc continuer à fleurir dans les rues de la ville les prochains jours.