Au CHU de Besançon, il y aura 37 postes d’internes en moins pour la rentrée en novembre, soit plus de 16% de personnel soignant en moins. Une diminution liée à une réforme du concours d’internat qui devient plus sélectif cette année.
C’est une rentrée universitaire qui s’annonce déjà sous tension pour les internes en médecine. D’après des chiffres issus d’une publication du Journal officiel datant du 9 juillet 2024, la nouvelle promotion d’interne comptera 1510 étudiants en moins. Une situation qui se répercute inévitablement localement : à Besançon par exemple, c’est 37 postes en moins pour le Centre Hospitalier Universitaire. Une situation critique qui risque de fortement impacter les patients.
“Des délais plus longs, un accueil dégradé”
La Franche-Comté est déjà marquée par une forte pénurie de médecin, la perte d’un quart d’interne aura forcément des conséquences, sur les professionnels d’abord : “Déjà qu’ils ont des conditions de travail très fatigantes, on peut imaginer une augmentation du stress chez les internes, et a fortiori des burn out” témoigne Colette Rueff, présidente du collectif de défense de la santé du Doubs, auprès de nos journalistes Noémie Gobron et Julien Boscq.
Mais les conséquences seront aussi importantes sur les patients. “C’est problématique aussi pour les usagers qui viennent se faire soigner, ce seront des délais d’attente beaucoup plus longs, un accueil dégradé…”, ajoute-t-elle. Une situation qui inquiète particulièrement ce collectif : “Moi, je crains que l’on ne puisse plus soigner les patients correctement, l’offre de soin se limite d’années en années” déplore Colette Rueff. “Alors que l’on sait que les réductions de budget ont des conséquences désastreuses à l’hôpital, on continue comme si l’on ne voulait rien voir” renchérit, Denis Viennet, trésorier de ce même collectif.
Une pétition récolte 15 000 signatures
Cette diminution du nombre d’internes s’explique par une réforme du concours de l’internat. Pour la première fois, en cette rentrée 2024, l’écrit aura une note plancher. Pour passer à l’étape suivante, les étudiants en sixième année de médecine devront avoir au minimum 14/20 pour envisager la suite. Et quelle suite ! Cette année, une épreuve orale est aussi mise en place pour la première fois, de quoi décourager des étudiants déjà engagés dans un parcours long et difficile.
Pour tenter d’alerter sur cette situation complexe, des étudiants en sixième année de médecine ont lancé une pétition sur internet. Ils alertent sur “la profonde injustice dont nous sommes victimes : l’inaccessibilité à de nombreux postes de spécialité”. Une pétition qui ce 19 août 2024 à d’ores et déjà récolter plus de 15 000 signatures.