De ses débuts au volley à l’âge de 12 ans jusqu’à sa consécration avec l’équipe de France espoir le 14 juillet 2024, le jeune Franc-Comtois, Nathan Féral, attaquant au Spacer's de Toulouse est en chemin vers une carrière plus que prometteuse.
À seulement 21 ans, Nathan Féral est déjà champion d’Europe… Ce jeune volleyeur au physique impressionnant (1m97 pour 93 kg) n’était pourtant pas prédestiné à un tel début de carrière.
Alors qu’il est encore très jeune, ses deux parents le mettent au sport. Tous deux sont professeurs d’EPS, la pratique d’une activité physique était donc une évidence. Son père, Stéphane, a fait du volley en troisième division, en National 1, mais Nathan est d’abord catégorique : il ne fera pas de volley.
Alors il s’essaye à plusieurs disciplines, football, handball, athlétisme… Mais un jour, il a le déclic : “Je ne l’ai jamais forcé à faire du volley. Je voulais juste qu’il fasse du sport, mais un week-end alors qu’il était avec ma femme, ils sont allés à un tournoi au club de Besançon, et il a aimé tout de suite, en rentrant il a dit : l’année prochaine je veux commencer le volley. Il avait 12 ou 13 ans” raconte Stéphane Féral, son papa.
Un physique particulier
Très vite, Nathan montre des aptitudes intéressantes dans ce nouveau sport. Déjà grand et puissant pour son âge, le jeune garçon joue au poste de "pointu", c'est à dire d’attaquant, son rôle est de marquer les points. Très vite la machine se met en marche. Alors qu’il est au collège à Marnay en Haute-Saône, il joue plusieurs fois par semaine au Besançon Volley-Ball. Sélection régionale, puis détection nationale, le jeune garçon suit un “parcours parfait” comme témoigne son entraîneur de l’époque Cédric Ambs. Pour lui Nathan est “un pur produit de ce qu’un club et la fédération peuvent faire de mieux pour former un joueur”.
Au lycée, Nathan intègre le pôle espoir à Lyon, à ce moment-là son arrivée tardive au volley lui fait quelque peu défaut. “Dès ma première année au pôle espoir, j’ai fait des sélections pour l’équipe de France jeune, mais j’avais un gros retard technique sur les autres donc je n’ai pas été sélectionné”.
Alors le jeune joueur continue de progresser, pendant toutes ses années lycées, il alterne entre le pôle espoir et le club de Besançon le week-end, il passe près de 20h à l’entraînement par semaine. Son ancien entraîneur se souvient de cette période.
Nathan est quelqu’un qui est très agréable à coacher, il cherche toujours à plus performer pendant les séances, il est perfectionniste. J’ai vu des jeunes de tout âge, mais Nathan est un peu à part, il cherche toujours à mieux faire
Cédric AmbsAncien entraîneur de Nathan à Besançon
Il finit par intégrer le pôle France au Centre national de volley-ball (CNVB) à Montpellier à la fin de son année de terminale, il commence alors à jouer avec l’équipe de France espoir, équipe avec laquelle il finira par remporter ce fameux championnat d’Europe. En parallèle depuis le début de la saison il évolue aux côtés des Spacer’s à Toulouse, un club de première division Française.
“Un garçon qui a la tête sur les épaules”
Que ce soit par son père ou par son ancien entraîneur, Nathan est décrit comme un jeune homme volontaire et soucieux de réussir. “C’est quelqu’un qui a la tête sur les épaules, il pense déjà à l'après et surtout il a l’intelligence d’écouter ce que disent ses parents et ses entraîneurs, il n’a pas du tout pris la grosse tête”. Penser à l’après, ne pas se focaliser que sur sa carrière sportive, autant de valeurs que ses parents ont absolument voulu lui inculquer depuis l’enfance : “Quand il est parti en sport étude, réussir à l’école était avant tout la priorité. Je ne voulais pas du tout que mon fils réussisse dans le volley parce que moi je ne l’avais pas fait, j’ai vu trop de parents agir ainsi avec leurs enfants” témoigne Stéphane.
Alors Nathan a allié le sport et ses études, même s’il a très vite rêvé de devenir sportif professionnel, s’assurer un avenir a toujours été une priorité. En parallèle de son activité en club, il réalise des études d’informatique. “J’ai choisi de faire des études parce que je ne savais pas si j’allais avoir une carrière. Il faut toujours avoir une solution de repli, notamment en cas de blessure. En plus le volley n’est pas un sport qui rémunère énormément et après notre carrière sportive il faut pouvoir reprendre un travail” commente le jeune sportif.
Nathan est aussi et surtout un passionné, qui se donne à fond en toutes circonstances. Son père raconte : “quand il était petit, il s’est pris de passion pour le rubik's cube, il passait des journées à apprendre les mouvements pour le faire le plus rapidement possible, il a même participé à des compétitions. C’est un garçon qui est capable d’être exigeant avec lui-même et de s’investir à fond dans chaque discipline où il performe”. Et puis le volley, et le sport en général sont devenus une sorte de religion dans la famille. “C’est moi qui l’ai entraîné quand il a commencé ce sport, alors ça nous a permis de développer une très grande complicité. Puis son petit frère s’y est mis aussi. À la maison tout tourne un peu autour du sport et du volley” analyse Stéphane.
Puis, enfin, la consécration
Après plusieurs saisons avec l’équipe espoir, Nathan a finalement participé au Championnat d’Europe, une première fois en 2022 avec l’équipe U20, mais l’équipe n’atteint pas les demi-finales. Alors cette année quand il est appelé pour jouer avec les U22, Nathan se dit que c’est sa dernière chance de réussir avec cette équipe de France espoir.
Malgré un début de compétition compliqué, avec notamment une défaite contre le Portugal dès le premier match, les jeunes joueurs se mobilisent et battent l’Italie, équipe favorite, en phase de poule. La compétition qui se joue alors aux Pays-Bas continue sur une bonne note et les Français arrivent en finale, où cette fois encore ils doivent affronter l’Italie. “C’était un match très compliqué, on a super bien commencé en gagnant les deux premiers sets, mais l’Italie revient dans le match et on se retrouve au coude à coude. La tension monte, au total on aura eu 8 balles de match, et eux 5, c’était vraiment terrible mais on a fini par gagner” raconte Nathan.
Ça a rendu la victoire encore plus belle, mais ce n’est vraiment pas passer loin, on a su être bon aux instants importants, dans ces moments-là c’est vraiment le mental qui permet de tenir le coup
Nathan FéralChampion d'Europe avec l'équipe de France espoir
Cette victoire est une délivrance pour le Bisontin et son équipe. “Il y avait tous nos parents, donc c’était génial de pouvoir fêter ça avec eux, c’était un accomplissement de gagner avec cette équipe, c’était ma dernière possibilité en équipe de France jeune, la dernière du coach aussi, c’était vraiment énorme” s’émeut Nathan.
Stéphane aussi se souviendra longtemps de ce 14 juillet 2024 : “C’était la première fois qu’on pouvait le suivre sur toute une compétition. La finale était vraiment très stressante, mais la victoire était un super moment. C’est génial de pouvoir vivre cette passion avec lui” commente-t-il.
Ce n’est que le début du parcours pour Nathan qui a encore beaucoup d’aventures qui l’attendent. Il y a quelques mois, il a participé à un stage de plusieurs jours aux côtés de l’équipe de France sénior (celle que vous retrouverez notamment aux JO). L’année prochaine il continue à performer avec les Spacer’s à Toulouse. L’objectif est bien sûr de rejoindre les internationaux, il espère être appelé pour jouer avec l'équipe réserve lors de la saison prochaine. En toute humilité, le jeune homme garde les pieds sur terre et sait que la concurrence sera rude. De son côté, Cédric, son ancien entraîneur, ne s'interdit pas de rêver et espère déjà voir Nathan aux prochains Jeux Olympiques à Los Angeles en 2028.