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Survivante des camps et du nazisme : découvrez l'histoire de Denise Lorach, qui s'est battue pour la mémoire de ceux qui n'ont pas pu revenir

Denise Lorach au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon dans le Doubs, l'un des accomplissements de sa vie pour porter la mémoire de ceux qui n'ont pas pu rentrer des camps de concentration.

Denise Lorach a survécu à l'horreur des camps de concentration, aux côtés de son fils de quatre ans. Elle pèse 30 kilos lorsqu'elle revient en France, accompagnée de son enfant. L'autre grand combat de sa vie, ce sera la création du Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon pour porter la mémoire de ceux qui n'en sont pas revenu.

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France 3 Franche-Comté et dans la Boucle productions mettent en lumière les femmes illustres de Besançon et de ses environs dans la série Besançon la Féminine. Certains noms sont plus évocateurs que d'autres, mais toutes ces femmes ont une histoire, que nous conte Dan Nicolle. Un voyage sur les traces de dix femmes exemplaires qui ont marqué la capitale du Doubs.

Texte d’Alexandre Perret-Gentil (Dans la Boucle productions)

Denise Lorach, rempart contre l'oubli de l'horreur de la Seconde Guerre mondiale

Confronté à son plus tragique défi quand l'Armée allemande s'installe dans ses murs, Besançon peut compter sur le courage de ses habitantes pour sauver son honneur et poursuivre la lutte. Parmi celles-ci, il en est une, qui, rechapée de l'horreur, vouera le reste de son existence à la mémoire et à l'impératif moral du "plus jamais ça".

Denise Lorach au Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon dans le Doubs, l'un des accomplissements de sa vie pour porter la mémoire de ceux qui n'ont pas pu rentrer des camps de concentration. © Denis Maraux

Lorsque François Mitterrand, alors président de la République, rencontre Denise Lorach en 1987 dans les salons de la Préfecture de Région à Besançon où il est en visite. Toutes les notabilités de la province sont rassemblées, et seules trois femmes sont des convives. Aux côtés d'une championne d'équitation, il doit reconnaître Huguette Bouchardeau, députée du Doubs. Mais qui est cette élégante invitée, à la mine un peu sévère, au regard déterminé ? C'est que Denise Lévy, épouse Lorach, n'est pas n'importe qui : pour le meilleur désormais, jadis pour le pire, son destin est frappé du sceau de la combativité.

De Drancy à Bergen-Belsen, la monstruosité des camps de concentration

Oh, sans doute la petite Denise Lévy, née à Besançon en 1916, aurait-elle vécu une existence heureuse et prospère, sans drames, si les vents mauvais de l'histoire n'avaient balayé l'Europe de 1939 à 1945. Denise Lévy est juive, une condition mortelle après la défaite de 1940. Avec son père et son fils, elle tente d'échapper au monstrueux danger qui s'abat sur les Juifs d'Europe. Hélas, l'ennemi est obsédé par sa haine et la famille capturée. Son père envoyé à Auschwitz est exécuté. Denise et son petit Jean-Serge, à peine âgé de quatre ans, sont transférés à Drancy, en France même, puis à Bergen-Belsen en Allemagne. Là-bas, les conditions de vie sont indescriptibles, mais Denise et son petit vont survivre.

Après avoir résisté au froid, à la fin et à la maladie, le calvaire de Denise Lorach et de son petit Jean-Serge continu au camp de Bergen-Belsen. Devant l'avancée des alliés, les nazis paniquent et entassent dans un wagon qui ère sur les rails de l'Europe les êtres humains enfermés dans ce camp de concentration. Ce n'est qu'en avril 1945 que vient la délivrance de ce train. © France Télévisions / Dans la boucle productions / ville de Besançon

Et ce qui n'est pas descriptible, il faudra un jour le raconter. Denise et son enfant, transbahutés en wagon à bestiau, comme des colis encombrants à mesure que l'Allemagne nazie perd pied, sont interceptés par des cosaques. Ces derniers ont pour ordre de continuer le combat. Staline entend damer le pion aux anglo-américains, alors on abandonne ces victimes exsangues, à peine libérées de l'Enfer, au seuil d'une mort probable.

Mais pas pour Denise, ni pour son garçon. En camion, cette mère qui pèse alors tout juste trente kilos rallie la France puis Paris, où elle retrouve enfin son époux. Dès lors, la vie, peu à peu, reprend. Vient un second enfant, et doucement les horreurs de la veille deviennent des souvenirs qui jaunissent dans la mémoire de ceux qui ne les ont pas vécues. Chaque année, certes, on célèbre la France combattante, la Résistance, la grande épopée gaullienne. Mais quid de celles et ceux qui sont morts ? De celles et ceux qui n'ont pu combattre, durant ces années sombres, sinon pour leur propre survie au sein des camps de concentration ou d’extermination ?

La création du Musée de la Résistance et de la Déportation, le combat de sa vie pour la visibilité de ceux qui ne peuvent plus parler

Lorsqu'en 1964, Denise Lorach découvre l'exposition consacrée aux vingts-ans de la Libération de Besançon, son sang ne fait qu'un tour : si peu est dit à propos de ceux qui n'ont plus de voix, si peu est consacré à la mémoire des déportés. Elle se plaint alors sans ambages auprès du Maire de Besançon, Jean Minjoz : il faut consacrer une salle à cette partie de l'histoire de la Seconde Guerre mondiale qui n'a rien d'un détail. Le vieil édile réfléchit et répond : plus qu'une salle, il faut un musée.

Libération de Besançon à Battant. © Domaine public

Débute alors l'autre grand combat de la vie de Madame Lorach : la création du Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon. François Mitterrand visitera ce musée, le Président Chirac également : parmi les grands musées de France consacrés à cet aspect de notre histoire, le musée bisontin est plus qu'un outil pédagogique ou un espace de mémoire. Il est une mise en garde : l'Histoire est faite de nos vies, et elle peut être tragique.

En apprendre plus sur Besançon

Les 10 épisodes de la série Besançon la Féminine sont disponibles en intégralité sur France.tv.
Et si vous souhaitez en apprendre plus sur la capitale du Doubs, nous vous conseillons les séries Besançon la Mystérieuse et Besançon la Romanesque.

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