Un “projet social inégalitaire et très inquiétant” : pourquoi les enseignants s'opposent toujours à l'instauration de groupes de niveau dans les collèges

Les enseignants sont appelés à faire grève et manifester à nouveau mardi 2 avril 2024 contre la réforme du “Choc des savoirs” annoncée par Gabriel Attal lorsqu’il était ministre de l’Éducation nationale et pour obtenir davantage de moyens. Un rassemblement a eu lieu à 12h devant le rectorat de Besançon (Doubs).

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“Pour nous, c’est la première étape d’une mobilisation et d’une grande campagne d’information”, indique Nathalie Faivre, co-secrétaire académique du SNES-FSU Besançon (Doubs). Mardi 2 avril 2024, un rassemblement s’est tenu devant le rectorat de Besançon. Une dizaine de personnes étaient présentes à midi. Objectif : s’opposer à la réforme du “Choc des savoirs”, en particulier à l’instauration de groupes de niveau et demander plus de moyens. 

La réforme du “Choc des savoirs” a été annoncée par Gabriel Attal en décembre dernier, à l’époque où il était ministre de l’Éducation nationale. Cette réforme prévoit notamment la mise en place de groupes de niveau en fonction des difficultés des élèves dans les collèges. Une mesure qui devrait entrer en vigueur à la rentrée scolaire 2024 pour les classes de sixième et de cinquième et à compter de la rentrée scolaire 2025 pour les classes de quatrième et de troisième. D’autres mesures sur la Prépa-Seconde et le redoublement sont prévues dans ce texte. 

L’instauration de groupes de niveau est dénoncée par une large partie de la communauté enseignante. Ces derniers parlent de “trier les élèves”, selon le communiqué intersyndical. “Ce qui nous inquiète, c’est le projet social derrière”, souffle Nathalie Faivre. Pour elle, cette mesure est non seulement “inefficace pédagogiquement” mais aucun moyen n’est donné pour la mettre en œuvre correctement. 

Le Brevet deviendra nécessaire pour passer en classe de seconde

Au collège, concernant le projet des groupes de niveau, la syndicaliste estime que “cette mesure n’est pas financée donc ils vont réduire les moyens des autres cours”. De plus, pour mettre en œuvre cette mesure, il faudrait davantage de professeurs (puisqu’il faut un professeur par groupe de niveau) et il en manque : “Des professeurs se retrouveront devant les élèves alors qu’ils n’auront eu que trois heures de formation”

La réforme prévoit aussi d’augmenter le taux d’échec de 20 % au brevet des collèges et de rendre le diplôme obligatoire pour entrer en seconde, générale comme professionnelle à partir de 2025. Des annonces qui ne font qu’augmenter la colère de Nathalie Faivre. Elle juge que l’ensemble de ces mesures font partie d’un “projet social inégalitaire et très inquiétant”.

Pour nous, c’est scandaleux de revenir sur la politique éducative datant de l’après-guerre et qui consistait à élever le niveau d’éducation des jeunes. Là, le gouvernement prévoit de produire une masse d’élèves non qualifiés pour faire des métiers dont personne ne veut.

Nathalie Faivre, co-secrétaire académique du SNES-FSU Besançon

Une protestation qui risque de durer

La FSU avait déjà demandé, lors de la journée de grève du 19 mars 2024, l’abandon du choc des savoirs. Les textes de cette réforme étaient parus quelques jours avant, dimanche 17 mars, au Journal officiel. La formulation “groupes de niveau” donnés par Gabriel Attal n’est pas reprise dans ces textes. Il est question de groupes “constitués en fonction des besoins des élèves” mais pour Nathalie Faivre, il s’agit de la même chose.  

Nathalie Faivre estime que cette protestation risque de durer. “On compte bien continuer jusqu’au mois de mai. Il s’agira de distribuer des tracts, faire des réunions publiques pour informer les parents”, précise-t-elle. 

Des manifestations sont prévues dans toute la France à l’appel des syndicats SNES-FSU, SNEP-FSU, FNEC FP FO, CGT Educ’action et Sud Education. 

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