Depuis juin 2023, les catholiques du quartier Planoise à Besançon (Doubs) n’ont plus d’église pour venir à la messe. Le bâtiment est devenu dangereux à la suite de malfaçons. Une nouvelle église doit être reconstruite dans ce quartier où le catholicisme est devenu une religion parmi d’autres.
Le bâtiment est à peine visible du boulevard qui sépare le vaste espace de Micropolis du quartier populaire de Planoise. La petite église est en lisière de quartier, bordée par des barres d’immeuble et entourée de verdure. En ce jour d’affluence pour la Foire de Besançon, le bruit des voitures en contrebas se mêle au chant des oiseaux.
Une église qui porte bien son nom : Saint-François d’Assise, un moine italien du XIIe siècle, fondateur de l’ordre des franciscains et considéré comme précurseur du dialogue islamo-chrétien.
Depuis juin 2023, la porte principale de la petite église est condamnée. C’est devenu trop dangereux de rentrer dans le bâtiment. Dans le vaste espace vidé de ses chaises, tableaux et objets religieux, des seaux sont disposés par-ci, par là pour récupérer l’eau qui infiltre le toit.
Déjà en 2008, d’importants travaux ont été réalisés sur le toit de l’église. Le bâtiment date seulement du début des années 1970, mais il a été construit à l’économie. Aujourd’hui, les malfaçons sont nombreuses et il serait plus cher de réparer que de raser pour reconstruire.
C’est une église que l’on appréciait parce qu’elle était lumineuse, d’un seul bloc, pas de pilier, on était tous en communauté ensemble. On avait un bel espace.
Bernadette Isabey, déléguée pastorale de la paroisse Saint-François d’Assise
Même s’il est encore possible de se retrouver une fois par semaine à l’oratoire, la petite communauté catholique de Planoise s’est éparpillée pour la messe du dimanche dans d’autres églises de Besançon. Pour combien de temps ? Cela pourrait se compter en années, car paroissiens et évêché ont pris la décision ensemble de détruire l’église pour en reconstruire une nouvelle, plus adaptée aux besoins actuels des paroissiens.
Il n’était pas question de partir de Planoise avec la communauté qui était encore bien existante. On est donc arrivé à un consensus : on reconstruit une église.
Jean Henry, responsable du parc immobilier du diocèse de Besançon
Sur le parvis de Saint-Ferjeux, une des églises non loin de Planoise, nous retrouvons quelques habitants de Planoise qui s’apprêtent à participer à la messe de l’Ascension.
Ils regrettent leurs célébrations animées par une joyeuse chorale tout en admettant que ce ne sont pas les murs qui fondent leur foi.
Une église pratique et accueillante
Certains d’entre eux font partie de petits groupes de travail pour réfléchir aux bases à transmettre au futur cabinet d’architectes. Quelle sera cette église du XIXe siècle en plein quartier multiculturel ? Les questions sont nombreuses : Quel style architectural ? Comment intégrer le nouveau bâtiment dans le quartier lui-même en pleine rénovation ? Que garder de l’ancienne église ? Comment tourner l’église vers de nouvelles communautés ?
Les paroissiens imaginent déjà un espace de prière plus réduit et des “espaces de convivialités” pour partager le quotidien avec d’autres habitants, qu’ils soient catholiques ou non.
C’est essentiel d’être artisan de paix, facteur d’unité dans ce quartier où il n’y a pas que de la violence. Il y a une réelle recherche de contacts les uns avec les autres. Donc, on veut être une religion parmi les autres dans ce quartier très vivant.
Père François Boiteux, curé de la paroisse Saint-François d’Assise
Ce projet de démolition puis de reconstruction n’en est qu’au tout début. Une certitude, le curé de la paroisse souhaite que la future église de Planoise soit un “témoignage du vivre ensemble”.
C’est un peu exceptionnel. On a plus l’habitude de voir des églises se fermer plutôt que d’en reconstruire. Il y a un attrait autour de ce projet.
Jean Henry, responsable du parc immobilier du diocèse de Besançon
Pour financer ce projet, le diocèse compte sur les recettes procurées par la vente de biens immobiliers et aussi une vaste souscription lancée prochainement.
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La ville de Besançon est attentive à ce projet religieux. En pleine réflexion sur le réaménagement de Planoise, la municipalité imagine, elle aussi, le Planoise de demain.
Des barres entières d’immeubles de cet endroit de Planoise doivent disparaître. Une passerelle pourrait être construite, non loin de la future église, pour relier Micropolis à Planoise avec la part belle aux déplacements doux.