Le CHU de Besançon dans le Doubs, comme dans plusieurs autres hôpitaux de France est confronté à un engorgement des services d’urgences. La direction du CHU de Besançon reconnait ces difficultés qui sont essentiellement liées à des problèmes de recrutement. Et de lits qui font défaut.
10 heures, parfois 11 heures d’attente aux urgences. C’est un délai que certains patients subissent en cette mi-janvier. Thierry Gamond-Rius, Directeur général du CHU Jean-Minjoz de Besançon ne cache pas la situation : “Nous connaissons des temps d’attente qui ne sont pas admissibles, qui ne sont pas acceptables, et qu’on n'accepterait pas pour nous-même. Évidement, ce n’est pas une situation satisfaisante, une situation que connait l’ensemble des établissements publics depuis plusieurs années”.
Trouver des lits pour les patients qui en ont besoin
Grippe, covid, chutes, urgences vitales, urgences psy... en ce début janvier, tous les ingrédients sont réunis pour atteindre un pic. Mardi 16 janvier, des dizaines de patients étaient alignés sur des brancards, dans l'attente d'une prise en charge. Cet après-midi-là, le service des urgences de l'hôpital de Besançon accueille une soixantaine de personnes, soit près du double de sa capacité.
L’afflux de patients se conjugue avec des difficultés de recrutements de personnels médicaux et paramédicaux. Et la boucle est bouclée. Sans personnels, il est impossible de rouvrir des lits pour accueillir les patients des urgences qui nécessitent, pour certains, une hospitalisation. “Il nous faudrait rouvrir des lits de médecine polyvalente en amont des urgences” précise le directeur du CHU. “C’est en cours de travail” reconnait ce dernier au micro de notre journaliste Jérémy Chevreuil. “On fera le maximum pour réduire les délais… On est dans le dur, oui. Les gens attendent beaucoup à l’hôpital public, et ça fait partie des sujets insupportables à voir pour n’importe quel responsables, qu’il soit administratif ou médical au sein du CHU”, concède Thierry Gamond-Rius.
Un risque de surmortalité
Les délais de passage aux urgences ne sont pas sans effet pour certains patients. Si les urgences vitales sont toutes prises en charge rapidement, séjourner de longues heures sur un brancard est difficile à vivre.
Le Dr Johan Cossus, chef du service d'accueil des urgences-Smur du CHU Jean-Minjoz en est parfaitement conscient. “Lorsqu’on passe une nuit aux urgences sur un brancard par rapport à un lit d’hospitalisation standard, on a un risque de surmortalité. Il ne faut pas être non plus dans la dramaturgie, mais effectivement, on sait qu’il y a une corrélation entre la durée de passage aux urgences et la survenue d’événements indésirables, notamment pour les personnes âgées.”
Selon lui, l'équipe des urgences de Besançon tient la barre malgré cet afflux de patients, grâce à une forte cohésion et un dynamisme de personnels très impliqués.
Résorber les délais aux urgences, un travail de longue haleine
Trouver des personnels, ouvrir des lits, travailler avec la médecine de ville pour éviter que certains patients n’arrivent aux urgences, moderniser, agrandir le service pour offrir une meilleure qualité d’accueil… les angles de travail sont multiples, et prendront du temps.
Romuald Gredler, Représentant du personnel CFDT - infirmier estime que le recrutement du CHU de Besançon en 2023 a été bon. Mais qu’il faut poursuivre et arriver à fidéliser les personnels. Il manque notamment des médecins urgentistes à Besançon, comme ailleurs en France. Le CHU, lors de sa cérémonie de vœux, a expliqué avoir recruté 300 personnels et rouvert 40 lits sur les 150 lits fermés faute de personnels.