VIDÉO. Des détenus de la maison d’arrêt de Besançon réalisent un film sur la citoyenneté

Le collectif “Le terrain des images” achève un projet d’éducation à l’image avec des détenus de la maison d’arrêt de Besançon. Pendant un mois, dix prisonniers ont réalisé une vidéo sur la citoyenneté. Ce partenariat s'inscrit dans une politique de lutte contre la récidive.

Pendant quinze minutes, on les voit s’agiter, gesticuler, fumer, marcher. On les entend débattre, argumenter, rire. Mais jamais, on ne verra leur visage. Ces hommes font partie du cercle des “citoyens anonymes”. Emprisonnés à la maison d'arrêt de Besançon, ils sont identifiables uniquement par un matricule ou un pseudonyme. 

Dans la vidéo “Sur les traces de la citoyenneté”, diffusée sur YouTube depuis le 4 octobre, tous les protagonistes sont incarcérés. Des semaines durant, du 17 mars au 12 avril 2023, les détenus bisontins se sont retrouvé dans la salle d’activité de la maison d’arrêt de Besançon. 

En l'espace de quelques ateliers, ils sont devenus cadreurs, monteurs, scénaristes. Ils ont tour à tour mené des interviews et animé des débats autour de thématiques de société : la laïcité, le réchauffement climatique ou encore la liberté d’expression. 

Évoquer des sujets de société

Face caméra, certains admettent avoir pu commettre des incivilités par le passé. “Si je suis à côté d’une poubelle, je jette dans une poubelle, mais si je suis loin, je jette par terre”, confie l’un d’eux.

La laïcité, la liberté de culte et de religion suscitent aussi des échanges nourris. “Non, on ne peut pas se moquer des religions”, assure un détenu, rapidement contredit par plusieurs autres. “Ici en France, si on a le droit d’avoir une religion et de la pratiquer, on a aussi le droit de ne pas en avoir ou de s’en moquer” ; “il faut respecter la religion de l’autre, vivre sa religion en toute discrétion, respecter les choix des autres, c’est ça la laïcité”. “Et puis la loi, elle autorise le blasphème", achève un autre.

Devant et derrière la caméra

En plus de leur participation aux groupes de parole au sein de la maison d’arrêt de Besançon, certains détenus ont pu aller à la rencontre de passants et leur poser des questions à l’occasion de micro-trottoirs.

À l’initiative de ce projet, un jeune collectif bisontin "Le Terrain des images", lancé en 2022. Selon son directeur artistique Mathieu Brassier, il s’agissait avant tout “permettre à des publics dits empêchés de participer à des projets d'éducation à l'image”. Ainsi, avant de permettre aux détenus de tourner, ils ont pu découvrir le genre documentaire et se familiariser avec le monde de l'audiovisuel.

Et pour y parvenir, tous les détenus participant au projet ont fait partie de l’équipe de tournage. “Il était important d’impliquer les détenus dans ce projet. Qu’ils soient confrontés à ce milieu. Même si parfois, on n’avait pas le groupe au complet, on a pu aller au bout du projet”, indique-t-il. 

Favoriser la réinsertion 

Le projet “Sur les traces de la citoyenneté” a été mené en partenariat avec les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) du Doubs à Besançon. Rattaché au ministère de la Justice, le SPIP multiplie notamment les programmes pour prévenir la récidive des détenus après la fin de leur peine de prison. 

"Nous avions souhaité que les participants donnent leur avis sur cette thématique sans être contraints de montrer leur visage s’ils ne le souhaitaient pas", précise Dan Nicolle, le coordinateur culturel des services pénitentiaires d'insertion et de probation du Doubs et du Jura. Selon lui, "pour le moment, les retombées sont difficiles à mesurer" auprès des détenus, mais "chacun était fier de sa participation".

Chaque année, environ 70.000 personnes emprisonnées sont suivies et accompagnées par les services du SPIP partout en France. 

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