Elle relie aussi bien des états civils pour les mairies que des livres pour les particuliers. Elvina Fonquernie, relieuse doreuse, fait ce métier depuis plus d'une dizaine d'années à Besançon (Doubs). Elle travaille parfois pendant des dizaines d'heures sur un même livre, sans se lasser.
Elle a découvert la reliure avec son grand-père quand elle avait 16 ans. "Il prenait des cours de reliure et la première fois que je suis allée le voir, il y avait une ambiance, je me suis dit waouh, un jour, je pourrai faire ça dans ma vie", s'émerveille encore Elvina Fonquernie, relieuse-doreuse à Elvi La Reliure, au micro de notre journaliste Kevin Helies.
Après avoir passé son bac et fait un BTS sur les conseils de ses parents, elle décide de s'orienter vers un métier manuel et réalise un CAP en 2010 dans la reliure en un an. "Je suis tombée dedans. Je me suis rendu compte que c'était vraiment ce que j'aimais parce que je n'ai jamais été bonne à l'école. Et là, en reliure, d'un coup, je me suis dit, j'y arrive, je suis bonne, je suis rapide, tout ce qu'il fallait, donc c'est à ce moment-là que je me suis dit que je voulais faire ça", raconte cette habitante de Besançon (Doubs).
Un métier utile
Cette passionnée aime tout dans son métier. Sa préférence reste les reliures artistiques. "Si je ne voulais faire que ce que je voulais, je ne ferais que des reliures artistiques", livre cette artisane installée depuis quatre ans dans son atelier au sein du diocèse de Besançon. Mais elle aime aussi faire des reliures de documents administratifs : "Quand je fais des reliures d’état civil ou des choses un peu plus courantes, ça a son importance aussi parce que ça se garde dans le temps. C’est quelque chose qui est concret et surtout, c'est utile".
Quand je fais des états civils anciens, c'est absolument génial. Vous avez des fois dans un état civil la seule preuve qu’une personne est passée sur cette terre : on a sa naissance, son mariage et son décès et donc conserver cela ça n’a pas de prix.
Elvina Fonquernie, relieuse-doreuse - Elvi La Reliure à Besançon
Elvina compare la reliure à un écrin pour un bijou, pour elle relier un livre lui donne de l'importance. "S'il n'est pas relié, il va pouvoir s'abîmer dans le temps, mais si on fait une belle reliure, on le protège. Un livre qui est relié, on en prendra toujours plus soin qu’un livre qui n’est pas relié".
"On tient quelque chose de solide"
Elle trouve aussi que la lecture d'un livre relié est beaucoup plus plaisante. " C’est incomparable". Elvina se souvient d'une lecture qu'elle avait faite un jour : "J’avais Les travailleurs de la mer de Victor Hugo en belle reliure et je lisais ça dans le train. C’est un réel plaisir parce que déjà la typographie est belle et puis quand on tient le livre, on tient quelque chose de solide dans les mains et j’engage tout le monde à faire cette expérience".
Je suis hyper sensible à la beauté des livres.
Elvina Fonquernie, relieuse-doreuse - Elvi La Reliure à Besançon
Cette passionnée invite les gens à relier leurs livres de famille : "Les thèses, les histoires qu'on a écrites sur le grand-père, faites-les relier, c'est important. Vous leur donnez une longévité et surtout, vous leur donnez une beauté incomparable".
Un travail méticuleux
L'artisane effectue avant tout un travail de restauration. "Là, ce sont des états civils qui datent de 1783", présente-t-elle, documents en mains. Elle réalise d'abord un état des lieux : "Je commence par regarder les dommages. Je nettoie le papier si besoin et après, on déplie tout et on vient doubler avec du papier Japon, un papier très fin qui ne va pas nuire à ma lecture du document. S’il y a des manques, on va combler les manques avec un autre papier".
Méticuleusement, elle traite et regarde ce qu'il faut faire pour chaque feuille. Elle évite au maximum d'intervenir pour que le document soit le plus authentique. "On laisse les documents dans leur jus le plus possible", précise-t-elle. La relieuse fait aussi de la dorure soit à la feuille d'or, soit avec un film or.
Même si ce métier est essentiel, il se fait de plus en plus rare. D’après la chambre syndicale de la profession, ils ne sont qu’un peu plus d’un millier en France, dont moins d’une dizaine en Franche-Comté