Créé en 1948, le festival international de musique de Besançon est l'un des plus anciens de France. Sa renommée est mondiale grâce à son concours de jeunes chefs d'orchestre. A l'occasion de sa 75ème édition, le feuilleton de cette semaine revisite cette longue partition avec la complicité de quelques passionné(e)s
Episode 1 : l'âge d'or d'un festival précurseur
C'est parce que la capitale comtoise lui évoquait Salzbourg (la ville natale de Mozart possédait déjà son festival) que le chef d'orchestre et violoniste Gaston Poulet a eu l'idée avec quelques amis bisontins de lancer une "semaine musicale' en 1948. Le succès est immédiat et Besançon devient rapidement une étape incontournable pour des artistes qui allaient devenir des mythes du classique. Aujourd'hui encore, relire les premiers programmes du festival de Besançon donne le tournis à tous les mélomanes. Pour évoquer cette longue partition heureusement inachevée nous avons réuni cinq témoins : Myriam GRANDMOTTET, présidente actuelle du festival de musique, Yves-Marie LEHMANN, ancien président et fils d'André LEHMANN l'un des fondateurs du festival, Dominique MITON, musicienne de l'Orchestre Victor Hugo Franche-Comté, Joël MAMET, ancien journaliste de l'Est Républicain et Jean PERRIER, bénévole du festival.
EPISODE 2 : Un concours de Chefs devenu une référence
Comme Gaston Poulet, Emile Vuillermoz n'était pas originaire de Besançon mais c'est bien cet éminent critique musical qui souffle l'idée d'organiser un concours de jeunes chefs d'orchestre dans le cadre du festival. Créé en 1951, ce concours étonnant où aucun diplôme n'est demandé pour y participer va rapidement connaître un succès mondial et contribuer (c'est encore le cas aujourd'hui) à la notoriété de Besançon. Seiji Ozawa, Michel Plasson, Yutaka Sado, Lionel Bringuier ou plus récemment Ben Glassberg font partie des lauréats les plus connus d'un concours qui reste une référence dans le milieu de la musique.
On ne juge pas le candidat sur ce qu'il est en ce moment, on le juge sur ce qu'il va devenir dans 10 ans et là on peut sentir ceux qui ont le tempérament, la santé et un moral d'acier. On voit ceux qui feront carrière et ceux qui disparaîtront...
Marius Constant, président du Jury du Concours de jeunes chefs d'orchestre en 1985
EPISODE 3 : Devenir populaire tout en restant classique
C'est un aspect méconnu du festival de musique : son lien très fort (dès 1948, on programme Arthur Honegger) avec les compositeurs et la musique de notre temps. Une passion parfois incomprise. "Un compositeur ce n'est pas forcément quelqu'un qui a une perruque et qui est mort depuis 200 ans, cela peut être quelqu'un de vivant , de jeune, qui vit sur la même planète que son public" précisait avec humour Guillaume Connesson lors d'une résidence au festival en 2014. Taxé d'élitisme comme la plupart des festivals de musique classique, l'événement bisontin s'est pourtant ouvert depuis longtemps aux musiques du monde et au jazz. Depuis les années 2000 de grands concerts gratuits en plein air permettent au Bisontins de (re)découvrir les oeuvres célèbres du répertoire.
EPISODE 4: des sièges d'orchestre mais toujours pas d'auditorium
Besançon et Aix en Provence accueillent sans doute les deux plus anciens festivals de musique classique en France. Aix, créé également en 1948, est devenu une référence internationale en matière d'art lyrique. Besançon avec son concours de jeunes chefs aurait du avoir les mêmes prétentions dans le domaine symphonique. Mais la cité comtoise, contrairement à Dijon, ne possède toujours pas d' auditorium, de salle adaptée aux grandes symphonies du répertoire par exemple. "On a l'obligation maintenant, pour le public comme pour les musiciens d'avoir des salles qui "sonnent". Est-ce que les orchestres accepteront encore dans dix ou vingt ans de venir jouer dans des salles où l'acoustique n'est pas extraordinaire je me le demande" s'interroge Myriam Grandmottet, la présidente actuelle du festival. Malgré ce rendez-vous manqué, le festival semble prêt à relever tous les défis dans un secteur culturel où la concurrence ne manque pas.
Un feuilleton signé : Laurent Ducrozet, Laurent Brocard, Philippe Héritier, Karl Monnin et Azouz Chaa, avec la participation du service documentation de France 3 Franche-Comté. Montage : Xavier Brand. Mixage : Vincent Grandemange.