Samuel Laurent, le directeur général du FC Sochaux-Montbéliard réagit aux annonces d'Edouard Philippe. Il félicite le gouvernement pour l'arrêt des saisons 2019-2020, et reproche à la Ligue de Football Professionnel de privilégier les "questions d'argent", plutôt que la santé des joueurs.
Après quelques semaines d’incertitudes, et les soupçons d’une éventuelle reprise de la Ligue 1 et de la Ligue 2, les dés sont désormais jetés. « La saison de sports professionnels, notamment de football, ne pourra pas reprendre », annonce le Premier ministre Edouard Philippe, lors de son discours du 28 avril 2020. Samuel Laurent fait part de son soulagement, quant à la décision du gouvernement, qu’il considère « courageuse » et « exemplaire » dans la gestion des événements sportifs pendant la pandémie.
Les compétitions sportives ont été interrompues au mois de mars, en raison de la pandémie de coronavirus. Certains matchs de la Ligue 1 et de la Ligue 2 se sont poursuivis en huis-clos, mais la Ligue de Football Professionnel (LFP) s’est vite ravisée. Samuel Laurent, irrité, réplique : « Jouer à huis clos tous les trois jours, c’est une mascarade ». Pour le directeur général du club, si les championnats de football se sont poursuivis pendant un temps, c’est à cause de « questions d’argent », sans réelle prise en compte de la santé des joueurs. Samuel Laurent ajoute : « Le courage l’a emporté sur la machine complétement folle, la LFP, qui voulait reprendre envers et contre tout. »
Reprendre la compétition cet été ? « Ridicule »
Difficile de respecter les gestes barrières, tout en pratiquant un sport de contact. Pendant les matchs à huis-clos, les joueurs devaient porter un masque dans les vestiaires puis les retirer sur le terrain. Après le match, pas de douche, ou il aurait fallu les désinfecter à chaque passage. Après les annonces du Premier ministre, la possibilité d’une reprise des championnats en juillet est ainsi avortée. Samuel Laurent insiste : « Il fallait décider d’arrêter les matchs, car tout cela devenait ridicule ». D’autant plus que des problèmes logistiques se posaient. Les cars, et les avions, qui transportaient les joueurs ont-ils bien été désinfectés ? Les restaurants ne comportaient-ils pas de risque de contraction du coronavirus ? Le directeur général du FCSM résume ces inquiétudes par cette formule : « Le diable se loge dans les détails ».
La fin prématurée de la saison n’est pas sans conséquence sur les finances des clubs. Car les diffuseurs des championnats, Canal+ et beIN sports, ne verseront pas tous les droits TV aux clubs, ce qui représentent plusieurs millions d’euros de perte sèche. « Quand c’est une question de vie ou de mort, l’argent n’a plus de sens : l’humain doit être mis au cœur du débat », reprend le directeur général du club, regrettant les atermoiements de la LFP.
La santé des joueurs, un investissement
Cette décision de mettre fin à la saison 2019-2020 va dans le sens du syndicat des footballeurs UNFP (Union nationale des Footballeurs professionnels) et de l’Association des médecins des clubs de football professionnel (AMCFP). Car d’après Samuel Laurent, les médecins ont déjà averti les clubs contre le risque de fatigue, la perte de puissance et le risque de blessure à partir du deuxième match. Et mettre la santé des joueurs en avant, c’est aussi un investissement : les finances du club reposent également sur les transferts de joueurs.
La possibilité d’un report de la compétition en septembre n’a pas de sens pour le directeur général du FCSM. Les contrats des joueurs se terminant en août, les rallonger pour terminer la saison serait « un imbroglio sans nom ». Jeudi 20 avril 2020, la LFP se réunit pour évaluer les impacts sportifs et économiques de l’annulation de la Ligue 1 et la Ligue 2.