Douceur de l'hiver en Franche-Comté : une météo inquiétante pour la végétation

En ce début janvier, le persil et les primevères sont épanouis, les bourgeons ont gonflé pour les forsythias et les lilas dans nos jardins ou les serres horticoles. Les températures douces de cet hiver dérèglent la végétation. Ces nouvelles manifestations du réchauffement climatique ont de multiples conséquences, en particulier sur la biodiversité.

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« Dans mon jardin, remarque Ardavan Soleymani, directeur pour l’est de la France de l’Astredhor, l'Institut des professionnels du végétal, le persil et la menthe sont en pleine forme ! Normalement, début janvier, ces herbes ont disparu… »

Les températures de ce début d'année effraient plus qu'elles ne soulagent de la rudesse hivernale.

A Pontarlier dans le Haut-Doubs, ce matin du 2 janvier, il faisait 13,5°. «Il y a des pâquerettes dans mon jardin ! Je n’en reviens pas ! » s’exclame un Pontissalien. Cette photo de pâquerette a été prise le 31 décembre à Bouverans.

Si il y a encore quelques années, on pouvait se réjouir de passer Noël au balcon, ce n’est plus le cas. La répétition de ces exceptions est le signe du réchauffement climatique, menace pour la biodiversité et la survie des espèces.

Des serres aux couleurs printanières en plein hiver

La sève monte dans les forsythias et les lilas. « Les végétaux ne sont pas au repos » remarque l’horticulteur franc-comtois Simon Courbet. Dans ces serres de la périphérie de Besançon à Amagney, une multitude de primevères sont prêtes à être vendues.

« Les primevères ont deux mois d’avance ! » précise Simon Courbet.  Elles ont poussé en seulement quatre mois au lieu de six. Cela pourrait être tentant de donner de la couleur dès janvier à nos jardins mais les fortes gelées ne sont pas exclure.

« Ces pics de températures ne sont pas bon du tout, explique Ardavan Soleymani. Il faudrait plutôt une durée de gel importante pour être efficace et tuer les insectes ».

Apparition d’insectes émergents

Le seul avantage pour les horticulteurs est la diminution du coût de chauffage des serres. Mais, les inconvénients sont légions : apparition de ravageurs « émergents » venus du sud de la France, risque de gelée pour les plantes qui ne sont pas sous serre…

« On compte sur le froid pour assainir les serres. En hiver, on fait comme un vide sanitaire,  les insectes parasites comme les thrips ne survivent pas » explique Ardavan Soleymani.

Chez les pépiniéristes, les plannings de travail sont bouleversés. Normalement, ces spécialistes attendent que les arbres soient au repos, sans activité interne, pour faire leur plantation. Le dicton « A la sainte-Catherine, tout prend racine » risque de n’avoir plus trop de sens dans les années à venir. « Avant, les pépiniéristes devaient s’adapter à l’évolution du goût de la clientèle, remarque Ardavan Soleymani. Maintenant, c’est au changement climatique qu’il va falloir s’adapter. »

Menace pour la biodiversité

Les naturalistes observent également ces dérèglements. Le jour de Noël, l’un d’entre eux a repéré des potentilles à petites fleurs sur la colline de Chaudanne à Besançon. Une vivace rare et menacée de l’est de la France qui refleurit chaque année à partir du mois de février.

Cette floraison précoce peut « mettre en danger la plante » explique le naturaliste franc-comtois François Dehondt. « Elle ne peut pas être pollinisée car l’insecte n’a pas, lui, anticipé son développement au même rythme que la fleur ». C’est tout la chaîne alimentaire qui peut ainsi être perturbée par cet hiver aux températures trop douces.

C’est la répétition qui est dramatique,  La première fois, la plante encaisse, l’année suivante, elle souffre, au 3e épisode, c’est catastrophique. 

François Dehondt, naturaliste.

Le 21 décembre 2022, le naturaliste François Dehondt, publiait une tribune remarquée et remarquable dans Le Monde.

Il y raconte l’histoire d’une libellule rarissime vivant autour de l’Arctique et observée entre 2009 et 2018 dans une tourbière du massif du Jura n’a finalement plus été observée en Franche-Comté à la suite des sécheresses répétées.

« On est dans une phase où la rigueur scientifique ne permet pas de dire qu’elle a disparu même si il y a peu d’espoir de la retrouver » précise François Dehondt.

Ne nous habituons pas à ces réveillons au balcon. Les inconvénients sont bien plus conséquents que les quelques avantages de ces températures anormalement douces.  

 

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