Écologie : 4 questions à Claire Arnoux, porte-parole de l’association Les jardins des Vaîtes, après la dissolution des Soulèvements de la Terre

La dissolution du mouvement écologiste Les Soulèvements de la Terre a été prononcée en Conseil des ministres autour d’Emmanuel Macron ce mercredi 21 juin à l’Élysée. La porte-parole de l'association Le Jardin des Vaîtes réagit.

La première manifestation soutenue en France par Les Soulèvements de la Terre a eu lieu à Besançon dans le Doubs en 2021, pour s’opposer au projet immobilier du quartier des Vaîtes. L'écoquartier fait à présent partie des 42 sites particulièrement surveillés par le gouvernement afin d'éviter la mise en place d'une ZAD. 

France 3 Franche-Comté s'y est rendu, dans le but de recueillir le témoignage de Claire Arnoux, porte-parole de l’association Les jardins des Vaîtes.

Quelle est votre première réaction après l’annonce de cette dissolution des Soulèvements de la Terre ?

On trouve ça aberrant. C’est une nouvelle preuve de la dérive autoritaire de ce régime, qui s’attaque à toutes les oppositions, qu'elles soient de gauche ou écologique, et qui ne tolère plus aucune vision différente de la leur. C’est inquiétant au-delà des milieux écologiques.

On rappelle que l’ONU [Organisation des Nations unies] porte des alertes sur la question du maintien de l’ordre. On est sur un régime qui n’a plus que la matraque pour survivre.

Qu’est-ce qui va se passer maintenant ? Est-ce que cela va stopper un véritable élan dans l’action écologique ?

On voit bien que l'on est sur une volonté de criminaliser. Quelque part, en nous présentant comme des radicaux extrémistes, de vouloir nous isoler d’un peuple qu'Emmanuel Macron rêverait inerte. Or, on a vu avec le mouvement contre la réforme des retraites que ce n’est pas le cas.

C’est ridicule, parce que de toute façon, l’opposition et l’urgence écologiste vont continuer à exister.

Claire Arnoux, présidente de l’association Les jardins des Vaîtes

Ce qu’ils essaient de faire, c’est de nous isoler sur la scène politique générale. Et c'est pour ça qu’il ne faut vraiment pas laisser passer cette dissolution, que l'on soit d’accord ou pas avec les Soulèvements de la Terre. Quelque part, ce n’est pas là le sujet. Le sujet, c'est que ce n’est pas possible de laisser ce gouvernement en roue libre dans cette dérive autoritaire.

Après, ce qu’il faut rappeler, c’est que les Soulèvements de la Terre, c’est une coalition, un assemblage, une mise en relation. Les gens que l'on connaît, on ne peut pas nous empêcher de les connaître. Les collectifs avec lesquels on est en lien, on ne peut pas nous empêcher d’être en lien avec. Notre mémoire ne va pas s’effacer, les amitiés créées ne vont pas s’annuler.

Est-ce que l’on peut s’opposer à cette dissolution ? Et, si oui, comment ?

En tant que structure [l’association du jardin des Vaîtes] s’est engagé à soutenir les Soulèvements de la Terre dans la procédure juridique qui aura lieu. On va faire le maximum pour s’opposer à cette dissolution, en plus de tout ce que l’on peut faire à titre individuel.

C’est vraiment une nouvelle borne franchie. Il y a déjà eu une répression sanglante à Sainte-Soline [dans les Deux-Sèvres], contre une manifestation écologiste massive, et là, on arrive sur la dissolution d’une organisation.

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On est dans un état d’urgence climatique, d’urgence écologique, on parle de sixième extinction de masse, et en parallèle, il y a une montée de l’extrême droite. On voit que ce gouvernement est très laxiste avec ces mouvements d’extrême droite et en même temps très autoritaire avec les mouvements écologistes ou sur sa gauche. C’est vraiment dangereux !

Je me rappelle de Darmanin [le ministre de l'Intérieur] qui parlait de Madame Le Pen qui était “un peu molle”. Le même Darmanin veut dissoudre les Soulèvements de la Terre. On est vraiment, en pesant mes mots, sur une dérive fascisante de ce régime politique.

Le combat continue ?

Le combat continue de toute manière, parce que la voie dans laquelle ce gouvernement nous entraîne, elle est dangereuse. Elle est signalée par plein d’organisations internationales qui s’inquiètent du climat qui existe en France actuellement.

Le 49.3, c’est hallucinant pour les démocraties autour de la France. L’usage de la répression telle qu’elle est faite est hallucinant. Elle est dénoncée par l’ONU. La France est en train de prendre une pente autoritaire et fascisante et il faut réagir à ça, oui.

Le mouvement écologiste était sous la menace de ce couperet depuis le 28 mars, au lendemain de la manifestation de Sainte-Soline [Deux-Sèvres] contre les méga-bassines. Une manifestation qui s'était démarquée par la violence des affrontements entre les manifestants et les forces de l'ordre.

Les Soulèvements de la Terre ont appelé les opposants à cette dissolution à se rassembler partout en France. Près de 90 rassemblements ont été annoncés dans l'hexagone, notamment en Franche-Comté, à Besançon, Montbéliard, Lons-le-Saunier et Saint-Claude. Les horaires et lieux de rendez-vous sont à retrouver ici.