Ils ne sont ni élus ni supporters. Mais par passion pour le FCSM, ils sont devenus bénévole ou salarié et sont les premiers impactés de la décision du CNOSF.
C’est un coup d’arrêt à son passe-temps favori. Depuis 15 ans, il consacrait ses semaines au club ou au centre de formation. Les soirs de matches, ses journées étaient davantage chargées. Tout le monde le connaît au stade, sa bonhomie et sa grande gentillesse font de lui un personnage attachant et familier. Pour nous parler, il privilégie l’anonymat, mais cela n’enlève rien à ce qu’il ressent : du dégoût. Comme lui, ils sont une vingtaine à être bénévole pour Sochaux.
J’en ai vu passer des joueurs et des arbitres. La semaine, j’ai souvent apporté mon aide à l’équipe 17 et pour l’équipe première, je donnais un coup de main pour le transport des joueurs aux gares, aux aéroports, dans les hôpitaux
Bénévole au FC Sochaux-Montbéliard
Tristesse et amertume
Comme tous, il avait l’espoir de voir le FCSM sauvé. Parce qu’il est impossible de voir ce club historique disparaître de la liste des clubs de Ligue 2. Hélas, "quand j’ai vu les joueurs partir, je me suis dit que ça ne sentait vraiment pas bon. Avec quelle équipe voulez-vous jouer à présent ?", s’interroge ce bénévole. "Depuis que c’est les Chinois, on ne savait rien de ce qui se passait. Ce n’était plus l’esprit du temps de Peugeot, il n’y avait plus de paternalisme. Ça marchait sur une jambe depuis que Peugeot a lâché le club, ensuite les Chinois ont mal géré. On a eu des directeurs généraux véreux et des directeurs financiers aveugles". Si le FC Sochaux-Montbéliard est en dépôt de bilan ou relégué en National, ce bénévole continuera de donner de son temps, ailleurs et autrement.
Lui aussi préfère qu’on ne divulgue pas son prénom. Il travaille depuis près de 30 ans au centre de formation à Seloncourt. "Depuis le début, j’apprends tout par voie de presse". Il n’aurait jamais imaginé qu’un jour le FC Sochaux-Montbéliard, l'un des clubs pionniers du football professionnel français, touche autant le fonds. "Le monde du football est un monde de requins sans scrupules et nous, nous subissons de plein fouet vers ce qui semble être logique, le dépôt de bilan".
Au mieux, on se retrouvera en National 1, au pire en National 3, mais il faut savoir qu’en National 1, la gestion est aussi coûteuse qu’en ligue 1 ou 2 avec des rentrées d’argent moindre, puisqu’il n’y a pas d’aides financières, pas de droits TV, pas d’entrées aux matches
Salarié au centre de formation
Lui n’a plus grand-chose à perdre, mais il s’inquiète beaucoup pour ses collègues. "Il y a des salariés qui ont des enfants en bas-âge, qui viennent de faire bâtir. Cette histoire me fait penser à une citation de Rabelais "science sans conscience n'est que ruine de l'âme". C’est exactement ça, ils ont viré le club sans conscience. Je vais me recycler par la force des choses, je ne peux pas rester sans rien faire. Mais, mes gamins [Ndlr : surnom qu’il donne aux jeunes joueurs en formation], j’avais des projets pour eux".