Il n'avait plus exposé à Bâle depuis plusieurs années. Vianney Halter y fait son grand retour cette semaine, 20 ans après y avoir présenté la première de ses incroyables créations et 2 ans après avoir été récompensé du prix Gaïa, l'équivalent d'un prix Nobel d'horlogerie.
Il est l'un des pionniers de la "nouvelle horlogerie". Celle des montres qui ne se contentent pas de donner l'heure. Des pièces sorties tout droit de l'imagination sans limites d'artisans-créateurs de haut vol. Dans le microcosme de ces créations incroyables, Vianney Halter est une référence depuis 20 ans. En 1998, il a 35 ans lorsqu'il présente à Bâle la première montre signée de son nom : l'Antiqua. Dotée d'un quantième perpétuel et d'un mouvement automatique, entièrement manufacturée par le maître horloger, elle s'inspire de l'univers de Jules Verne et des chronomètres de marine. Elle déroute, dérange les puristes mais assied Vianney Halter dans un univers qu'il ne quittera plus : celui d'une création qui allie haute technologie et respect des anciens savoirs-faire.
Ne vous fiez pas pour autant aux airs de savant fou de cet hyperactif et volubile créateur. L'homme n'a rien d'un autodidacte, il a reçu une formation horlogère très classique. Entre lui et l'horlogerie, c'est une histoire d'amour qui a démarré lorsqu'il n'avait que 11 ans et qu'il a acheté son premier mouvement d'édifice pour l'étudier de près... A 14 ans, il intègre l'école d'horlogerie de Paris, dont il sortira second trois ans plus tard. Les premières années de sa carrière, il les passe à compléter sa formation en réparant des pendules, puis des montres anciennes, avant d'ouvrir son propre atelier parisien. A la fin des années 80, il quitte Paris pour Sainte-Croix où il s'associe avec deux autres maîtres-horlogers. Ensemble, il développent des mouvements à grandes complications et des créations pour des marques prestigieuses : Bréguet, Audemars-Piguet, Cartier, Harry Winston...
Depuis 1998 et la création de l'Antiqua, Vianney Halter sort un modèle d'exception tous les 4 ou 5 ans, en s'inspirant des deux passions de sa vie : les grandes expéditions du 18ème siècle et les croisières intergalactiques des séries de science fiction... Chacune de ses pièces est unique et fabriquée dans ses ateliers : aiguilles, cadrans, boîtes, engrenages, vis, pont, calibres... Seuls les verres, les joints de boîtes, les spirales et les ressorts de barillets sont commandés à l'extérieur. La fabrication d'une montre dure des mois, parfois des années. Pour son modèle le plus abouti, la Classic Janvier, il faut ainsi compter 3500 heures de travail, dont 2000 heures de finitions. La montre n'existe qu'à quelques exemplaires et se vend au prix de l'excellence, un prix à six chiffres.
Avec le temps, Vianney Halter s'est fait un nom qui l'a hissé dans les hautes sphères de l'horlogerie artisanale. Il a aujourd'hui trois ateliers, à Sainte-Croix et La Chaux-de-Fonds, en Suisse, et à Dubaï, aux Emirats, où il réside depuis 10 ans en alternance avec Pontarlier. La réussite de ses créations lui donne les moyens de se faire plaisir. Dans son bureau de Sainte-Croix, des planches originales de la série Star Trek voisinent avec un hublot de fusée Soyouz... Autant de sources d'inspirations pour de futurs modèles... Pour l'ensemble de sa carrière, Vianney Halter a reçu le prix Gaïa de la création artisanale en 2016. L'équivalent d'un Nobel d'horlogerie.