Les corps des trois victimes, une femme de 51 ans et ses deux filles de presque 7 ans, ont été découverts le lundi 27 novembre 2023 au domicile familial de Grand'Combe Chateleu, près de Morteau dans le Haut-Doubs.
Elles ne fêteront jamais leur 7e anniversaire. Quelques jours avant de souffler leurs bougies, le 30 novembre, les sœurs jumelles ont été tuées "volontairement" par leur mère, qui s'est ensuite donné la mort.
Un double homicide suivi d'un suicide : c'est l'hypothèse privilégiée par les enquêteurs, a indiqué ce mardi 28 novembre Etienne Manteaux, procureur de la République du tribunal judiciaire de Besançon, accompagné du lieutenant colonel Jean-Paul Lebeau, commandant en second de section de recherches de Besançon.
Une photo de ses filles sur la poitrine
L'alerte a été donnée lundi matin, quand la maîtresse a constaté l'absence des deux filles à l'école. Parallèlement, les parents des enfants gardés par la quinquagénaire, assistante maternelle, se sont aussi étonnés de trouver porte close.
Prévenu, le père, qui n'habite plus dans la maison, arrive sur place. Le couple est en instance de divorce. Il appelle alors les pompiers et gendarmes qui cassent un carreau pour pénétrer à l'intérieur du domicile.
À l'étage, les secours découvrent le corps sans vie de la mère de famille, "au sol, à l'aplomb d'une poutre", décrit Etienne Manteaux. La femme porte autour du cou un câble électrique sectionné. Ses voies respiratoires sont obstruées, la bouche et le nez complètement recouverts de scotch. "Après une tentative de pendaison ratée, c'est probablement ce qui a entraîné le décès, par une asphyxie lente", poursuit le procureur.
"Sur son cœur", les gendarmes retrouveront deux photos, l'une d'elle lorsqu'elle était enceinte, l'autre de ses deux filles.
Le faire-part de mariage dans la baignoire
Les jumelles ont été retrouvées côte à côte dans le lit parental, "joliment habillées", recouvertes d'une couverture. L'autopsie a déterminé qu'elles avaient été asphyxiées. Des analyses complémentaires permettront de préciser les circonstances de la mort des fillettes et de vérifier l'hypothèse d'une "soumission chimique".
Dans la baignoire, remplie d'eau de javel, les enquêteurs ont découvert un téléphone, un ordinateur et le faire-part de mariage du couple.
Un rappel à la loi en septembre 2022
Le couple était séparé depuis 2021, une procédure de divorce était en cours. "Madame a vécu douloureusement cette séparation", indique Etienne Manteaux. Le procureur rapporte notamment ses craintes sur son niveau de vie, alors même que son mari, cadre dans l'horlogerie, a cessé de travailler en Suisse fin 2022, avec une baisse importante de ses revenus.
En mars 2023, considérant la nouvelle situation professionnelle du père, un juge aux affaires familiales avait entériné la garde alternée des enfants, qui auparavant restaient principalement chez leur mère.
Suite à des appels téléphoniques et des messages "malveillants" à l'égard de son mari, la mère avait reçu un rappel à la loi en septembre 2022.
Hospitalisé suite à la découverte des corps, le mari n'a pas été entendu par les enquêteurs. "On lui laisse le temps de se remettre de ce traumatisme majeur", justifie Etienne Manteaux.
Depuis lundi, une vingtaine d'enquêteurs ont été engagés sur cette affaire "particulièrement sordide", et "absolument dramatique" d'après les mots mêmes d'Etienne Manteaux et Jean-Paul Lebeau.
