Yoann est un Franc-Comtois passionné de chiens de traineau. Musher en Laponie finlandaise depuis près de 4 ans, il subit la crise sanitaire liée au coronavirus de plein fouet. Cela le contraint à demander de l'aide pour continuer à nourrir ses 45 chiens du Groenland. Détails.
"Dans ma meute, il y a cinq familles. Ce sont des clans qui sont composés. J’ai créé ma lignée de chiens. Je connais ma généalogie sur huit générations. J’ai choisi ces chiens-là" nous a expliqué Yoann, musher professionnel installé en Laponie finlandaise depuis près de 4 ans, après avoir arpenté les pistes enneigées du Haut-Doubs pendant dix ans. Lui et ses 45 chiens ne font qu'un. C'est d'ailleurs l'une des raisons qui l'ont poussé à prendre la route du Grand Nord.
"J’ai longtemps pratiqué sur le Russey mais les hivers n’étaient pas suffisamment longs en Franche-Comté. Ici, les températures sont plus adaptées à mes chiens du Groenland qui sont des chiens polaires encore plus rustiques que les huskies (alaskans ou sibériens), vraiment authentiques !" précise-t-il.
Une tonne de viande par mois
Désormais installé à Autti, loin des "usines à chiens de traîneau" dans un endroit authentique et quelque peu reculé, le musher désespère de voir les frontières fermées aux touristes. De plus, les Finlandais ne peuvent pas non plus se déplacer d'une région à l'autre, en raison de la pandémie liée au Covid-19.
Il faut dire que son activité était en pleine construction et nécessite, en plus d'un travail quotidien, des frais importants notamment pour nourrir ses bêtes. "Environ 40€ sont nécessaires chaque jour pour les nourrir. Ils ont besoin d'une tonne de viande par mois, ce qui équivaut à environ 900€/mois en été. En hiver, cela peut monter jusqu'à 1200 euros..." détaille Yoann, visiblement touché. Il ne reçoit pas d'aide financière de la part de l'Etat finlandais.
Certaines associations lui ont fait quelques dons de nourriture pour ses chiens, mais cela n'est malheureusement pas suffisant. Habitué à se serrer la ceinture et à faire attention à ses dépenses, le Franc-Comtois angoisse à l'idée de ne pas pouvoir subvenir aux besoins de "sa famille". Il sollicite l'aide des internautes via une cagnotte en ligne, qu'il a longtemps hésité à lancer. "Au début, je ne voulais pas faire de cagnotte. Je trouvais que les gens font des cagnottes pour tout et n'importe quoi. Mais on me l'a conseillé plusieurs fois... Et à un moment donné, j'ai 45 chiens à nourrir..." s'est résigné Yoann.
Une association s’est créée en Finlande pour aider toutes les structures de chiens de traîneau, en proposant des aides via des appels aux dons. Tout le secteur est en péril, sauf qu’en démarrage d’activité c’est encore plus dur. Il me fallait quelques années pour me lancer correctement.
Ce dernier espère que les frontières pourront rouvrir le plus vite possible. Il refuse de se projeter au-delà du mois de décembre 2021, tout comme il ne peut se résoudre à vendre des animaux, après s'être séparé d'une partie de son matériel. "J'ai vendu pas mal de matériel, mais si je veux retrouver mon activité après la crise je ne peux pas tout vendre. Et me séparer d'un chien, c'est impossible. Ce sont mes enfants et ils vivent en meute. On ne peut pas les séparer comme ça" poursuit-il. Et de conclure : "Chaque don est important même les plus petits car c’est aussi le nombre de participants qui compte. Je suis présent sur les réseaux sociaux pour relayer notre détresse car j’ai très peur pour l’avenir des chiens…"